Dans les Acta Lutherorum, il y a une feuille avec les armoiries annotée Sigismundi Imperatoris Augusti munus collatum anno 1413 [reçu en cadeau de l'empereur Sigismund en 1413] (Fig. 1). Ces Acta sont une collection unique de documents et de papiers, qui concernent la famille Luther, incluant ceux du réformateur Martin Luther (1483-1546) lui-même. Ce dernier connaissait ces armoiries, mais qu'il les ait utilisées ne peut être assuré. Ce sont les plus anciennes connues pour la famille. Fig. 1. Feuille dans Acta Lutherorum avec les armoiries de Luther datées de 1413 par l'empereur Sigismund von Luxemburg (1368-1437) - cliquez dessus pour agrandir Fig. 2. Armoiries Luther redessinées avec les couleurs selon le blasonnement décrit (dessin original).
Elles blasonnent : Parti - au premier de geules aux deux roses [d’argent ?] en pile, au second aussi de geules à une demi-arbalète d’or. Cimier : un Stechhelm (casque de la bourgeoisie) surmonté de deux cornes de gueules et d’or. Lambrequins de gueules et d’or (traduit de l'allemand, d'après Siebmacher, 1888).
Au début de 1530, le duc Johann der Beständige (1468-1532) [Jean Ier de Saxe dit le Constant ou l’Assuré *] avait demandé à Martin Luther de fixer la doctrine évangélique pour ses États et, en mars 1530, Luther, venu de la ville voisine de Wittemberg, avait rédigé avec ses collaborateurs Jonas, Melanchthon et Bugenhagen, la Confession de Torgau, la base de la Confession d’Augsbourg présenté trois mois plus tard au Reichtag. Le duc Johann fut un des principaux signataires. La Confessio Augustana ou Confession d'Augsbourg est un engagement fondamental des États impériaux luthériens envers leur foi, présentée à l'empereur Charles-Quint le 25 juin 1530 au Reichstag à Augsbourg. L’empereur convoque la diète d'Augsbourg de juin à novembre 1530, qui pose la question de la soumission des princes du Saint-Empire convertis à la réforme luthérienne. Armoiries de Martin Luther En 1519, Wolfgang Stöckel a publié à Leipzig un discours de Luther avec son sceau, une simple rose. Sur son anneau de doctorat était représenté un bouclier en forme de cœur, symbole du Saint-Esprit. Une chevalière en or représentant ce sceau a été réalisée pour Martin Luther au cours de l'été 1530 sur ordre du prince électeur, devenu l'électeur de Saxe, Johann Friedrich des Großmütigen (1503-1554) [Jean-Frédéric le Magnanime, fils de Jean Ier], dans une orfèvrerie d'Augsbourg. Elle lui fut offerte par le prince le 14 septembre 1530, au retour de la Diète d'Augsbourg, en reconnaissance des services exceptionnels rendus par Luther. Petit détail, la bague à porter sur un gant fut trop grande pour la main de Luther. Martin Luther en 1528, d'après un portrait de Lucas Cranach den Alte. Les armoiries du réformateur sont représentées par Siebmacher (1857) et décrites par Rietstap (1887) (Fig. 3, 4) ; elles blasonnent : d’azur un cercle d’or contenant une rose d’argent, en son centre un cœur de gueules couvert d’une croix de sable. Casque Stechhelm (de la bourgeoisie) et lambrequins d'azur et d’argent.
Les meubles de l’écu sont devenus le symbole des églises évangéliques luthériennes (dont celle d'Alsace) sous le nom de «Rose de Luther » (Fig. 5). En effet, dans sa lettre datant de 1530, Martin Luther décrit sa rose comme un symbole de sa théologie. C’est une modification des armoiries familiales pour avoir un blason à valeur symbolique plus chrétienne. La diffusion de ce symbole date d'après 1530, contrairement à ce qui est souvent décrit ; aucun document mentionnant une adoption officielle à l'époque, ni plus tard, n'a pu être trouvé. Fig. 5. Rose de Luther : symbole des églises évangéliques luthériennes - voir explication Tableau 1.
Généalogie Le nom de famille Lüder ou Luder remonte au chevalier Wigand von Lüder, qui vivait à Möhra depuis environ 1302 et venait de la famille von Lüder (de Großenlüder en Hesse orientale). Le nom de famille correspond à une forme du prénom franc (Mittelhochdeutsch et altsächsich) Lothar ou Chlothar (en français Lothaire, Clothaire). Par le mariage de Heine Luder (~1430-~1510) avec Margarethe Ziegeler (~1434-1521), deux des familles d'agriculteurs les plus riches de la région ont été unies. Un de leur enfants, Hans Luder (1459-1530), père du réformateur, était maître-fondeur, un entrepreneur, propriétaire d'une fonderie et d'une mine de cuivre, et plus tard conseiller et patricien. Fig. 6. Descendance Luther depuis l'ancêtre sur 8 générations. Les armoiries ancestrales ont probablement été données à Fabian Lüder (1360-1436). A droite en bas, l'arbre ascendant de Katharina von Bora, qui reste sous débat au-delà des parents, et avec des dates souvent approximatives en l'absence de sources fiables. Catharina von Bora, née le 29 janvier 1499 à Lippendorf (près de Leipzig) et † 20 décembre 1552 à Torgau, est une noble saxonne et none cistercienne, probablement la fille de Hans von Bora zu Lippendorf et Catharina von Haubitz (ou Haugwitz) qui décède en 1505. Rejetant le caractère contraignant des vœux monastiques, Martin Luther rédige, en 1521, un votis monasticis judicium, destiné à offrir une assistance aux religieux qui envisagent de quitter leur monastère. Catharina von Bora est une de celles qui prirent la fuite de leur couvent de Marienthron à Pâques de l’an 1523 et arriva à Wittenberg où elle rencontra Luther. Ils décidèrent de se marier et le mariage eu lieu le 13 juin 1525. Ce fut aussi l’occasion pour le marié de se réconcilier avec son père. Fig. 7. a.- Kartharina von Bora en 1526 par Lucas Cranach den Alte ; un peintre ami et témoin à leur mariage. b.- Pierre tombale de Katharina dans l'église Marienkirche de Torgau: à gauche, l'écu des armoiries de Martin Luther et à droite ses armoiries, celles des von Bora ; c.- Détail de ces armoiries. Le couple s'installe dans l’ancien monastère augustinien de Wittenberg, que l'électeur Jean l'Inébranlable de Saxe (1468--1532) avait mis à la disposition des réformateurs. Elle administre les domaines que le couple a achetés, ainsi qu’une brasserie. Elle dirige également un hospice et l’accueil d’étudiants pour leur éviter des difficultés économiques. Martin Luther décède en 1546. Dans des difficultés passagères elle a pu compter sur l’aide de l'électeur Johann Friedrich Ier de Saxe, dit le Magnanime (1503-1547), d’Albrecht de Brandebourg, duc héritier de Prusse (1490-1568) et du roi Christian III de Danemark et de Norvège (1503-1559). En 1552, elle s'enfuit à Torgau pour échapper à la peste et aux mauvaises récoltes. En y arrivant, sa calèche se retourne et elle ne remit pas de ses nombreuses blessures, dont une fracture au bassin. Elle y décède trois semaines plus tard, le 20 décembre 1552. Note sur la famille von Bora : Références Arnold M. (1999). La notion d'epieikeia chez Martin Luther (suite). Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 79, p. 315-325. D. Martin Luthers Briefwechsel. Weimarer Ausgabe, 5. Band, p. 444 Nr. 1628 (édition 1934) - & pdf Fessner M. (2008). Die Familie Luder in Möhra und Mansfeld. Theiss, Stuttgart, p. 77-85, http://www.wissenschaft-schulen.de/sixcms/media.php/370/Leseprobe.541714.pdf, consulté le 27 février 2021. Hesse O. (2016). Martin Luthers Familie im 16. Jahrhundert. Eine Unternehmerfamilie im Bergbau und in der Erzverhüttung sowie im Metallhandel im Mansfelder Land und in Goslar. Harz-Zeitschrift, 68, p. -. Hildebrandt Ad. M. (1876). Zu Luthers Wappen. Der deutsche Herold - Zeitschrift für Heraldik, Sphragistik und Genealogie, 7 (4), p. 43-44. Nobbe K. F. A. (1846). Stammbaum der Familie des Dr. Martin Luther zur dritten Secularfeier seines Todestages des 18. Februars 1846. Gebhardt, Leipzig, 144 p. Rietstap J. B. (1887). Armorial général. Van Goor Zonen, Gouda, 2e éd., Tome 2, 1316 p. [ Luther : p. 114]. Rolf-Torsten H. (2015). Erfurter Wappenbuch. Books on Demand (BoD), Norderstedt, Teil 2, 628 p. S i e b m a c h e r J . ( 1 7 7 2 ) . J . S i e b m a c h e r ' s g r o s s e s und allgemeines W a p p e nb u c h . R a s p i s c h e B u c h h a n d l u n g , N o r i m b e r k , |