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Heidenröslein (Petite rose de la lande)
C'est dans Dichtung und Wahrheit [Poésie et vérité] que Goethe (17491832) relate son principal amour de jeunesse pour Friederike Brion, la fille du pasteur de Sesenheim en Alsace, qui inspira le célèbre personnage de Gretchen dans Faust. Friederike n'était pas le premier amour du jeune Goethe qui avait rencontré auparavant à Francfort-sur-le-Main une « Gretchen » au sein d'une société de jeunes gens peu recommandables. C'est pour l’oublier que le jeune homme quitta une première fois sa ville natale pour se rendre à Leipzig. Son second voyage à Strasbourg fut suivi d’un long séjour en Alsace ; il devait terminer ses études de droit, au cours d'un curieux imbroglio, le jeune Goethe était tombé amoureux de la plus jeune fille du professeur de danse auprès duquel il prenait des leçons pour se produire dans la haute société, tandis que la seconde fille plus âgée du professeur de danse était tombée amoureuse de lui : celle-ci, en conflit avec sa sœur, maudit Goethe pour qui ce fut le second échec amoureux de sa jeunesse. Ensuite, il rencontra Friederike Brion… il écrivait en 1811… quelques extraits... « En effet, elle entra à ce moment précis et c'était là un astre charmant qui se levait sur ce ciel champêtre. Les sœurs s'habillaient encore à l'allemande, comme on disait, et ce costume national, presque abandonné, allait particulièrement bien à Frédérique. Une jupe à falbalas, courte, blanche, ronde, qui laissait voir jusqu'à la cheville les plus jolis petits pieds; un corselet blanc et ajusté et un tablier de taffetas noir. Elle était ainsi à mi-chemin entre la paysanne et la citadine. Svelte et légère, elle marchait comme si ses pieds n'avaient rien eu à porter, et le cou semblait presque trop délicat pour les larges tresses blondes de sa jolie tête. Ses charmants yeux bleus jetaient autour d'elle des regards pleins d'intelligence, et son joli nez retroussé se levait librement en l'air, comme s'il ne pouvait y avoir dans le monde aucun souci. Son chapeau de paille était suspendu à son bras, et j'eus ainsi le plaisir de la voir, dès le premier coup d'œil, dans tout son charme et sa grâce. » « Je composai pour Frédérique bien des chansons sur des airs connus; elles auraient formé un joli petit volume : il n'en est resté qu'un petit nombre. On les reconnaîtra aisément parmi les autres. » p. 404. « Frédérique m'était toujours présente. Je sentais constamment qu'elle me manquait, et, ce qui était le plus douloureux, je ne pouvais me pardonner mon propre malheur. » p. 448. C’est dans le livret Sesenheimer Lieder (1770-1771) qu’il publia Heidenröslein (petite rose de la lande) (Herder, 1779), un poème qui sera mis en musique par plusieurs compositeurs, notamment Franz Schubert ou Franz Lehar dans son opérette Friederike. Il est devenu un chant populaire, encore de nos jours.
RéférencesGoethe (1811). Aus meinem Leben: Dichtung und Wahrheit [Poésie et Vérité, souvenirs de ma vie]. Tübingen. Traduit en français par Porchat J. (1862), Mémoires - Poésie et vérité, Hachette, Paris, 668 p. - voir p. 368-448. Goldsmith M. L. (1917). Die Echtheit von Goethes sesenheimer Liedern. M. A. Thesis, Illinois Woman College, Univ. Illinois, 51 p. Herder J. G. von (1779). Volkslieder. Nebst untermischten andern Stücken. Weygand, Leipzig, Theil 2, 356 p. [Röschen auf der Heide, p. 151]. |