Famille BOUISSON

Généalogies Thévenot d'Aunet et Biard

 

Marie Henriette Biard (1840-1897)

 

    Marie Henriette Biard, femme de lettres, comme sa mère, est la fille du peintre François-Auguste Biard et de Léonie Thévenot d'Aunet - voir ci-dessus -. Elle épouse, en 1863, le vicomte Jules-Louis-Antoine de Peyronny, employé au Crédit Foncier. Encore mariée, elle se marie en "secondes noces" à Londres, en 1885, avec l'avocat et richissime collectionneur "Baron" Lucien Double.  Divorcée de son premier mariage en 1887, elle ne parvient pas à faire reconnaître le second et est abandonnée par le "Baron". Sa fille Camille de Peyronny, née le 15 avril 1864 à Paris, épouse Alexandre Bouisson le 14 septembre 1889 à Paris.

    Elle collabore au Figaro (où elle signe sous le pseudonyme Etincelle) et publie des romans, des comédies et des essais sous les noms les plus divers : Henriette  d'Isle, Madame Jules de Peyronny, Vicomtesse de Peyronny, Vicomte Georges de Létorière, Biard d'Aunet et baronne Double. Elle a notamment publié : Histoire de deux âmes sous Mlle Henriette d'Isle. Ouvrage illustré de 53 vignettes par J. Duvaux - Paris : L. Hachette et Cie, (impr. Lahure et Cie), "Bibliothèque rose illustrée", 1862, in-16 de 296 p. - 2e Edition [avec une lettre du cardinal Ferdinand Donnet, du 25 octobre 1866]. Paris : L. Hachette, 1867, in-16 de 366 p., fig. Ce livre connaîtra de nombreuses rééditions.

    Charles Hugo, lors d'un dîner auquel elle participe avec Adèle Hugo, l'épouse de Victor Hugo, et sa mère Léonie d'Aunet, la trouve "charmante" '(9 mai 1868, elle a 28 ans). Maxime du Camp écrivit "qu'il ne savait si elle était sa fille ou celle de Victor-Hugo" [Institut de France: papiers de M. Du Camp, 1892]. Léonie Thévenot d'Aunet était amante des deux hommes - in Marmier X., 1968. Journal (1848-1890). Tome 1, Droz, Genève.

  • Quelques-uns de ses titres :
    • Henriette d'Isle, 1875. Deux coeurs dévoués, 304 p. Hachette (Editeur).
    • Vicomte Georges de Létorière, 1877. Une provinciale, comédie en 4 actes, 104 p. C. Lévy (Editeur).
    • Georges de Létorière, 1879. Voyage autour des Parisiennes, 292 p. P. Ollendorff (Editeur).
    • Georges de Létorière, 1880. La Part de butin, comédie en 1 acte, 35 p. P. Ollendorff (Editeur).


   Parmi les ascendants de Camille de Peyronny, l'épouse d'Alexandre Bouisson, on rencontre plusieurs personnalités : d'abord, sa mère Marie Henriette Biard [voir ci-contre], et ses grands-parents, notamment sa grand'mère Léonie Thévénot d'Aunet [voir ci-dessous], deux femmes à la vie tumultueuse.

Léonie Thévenot d'Aunet (1820-1879)

 

    Après de bonnes études, entre autres à la réputée Institution Fauvel, c’est en 1835 que Léonie Thévenot d'Aunet (1820-1879) rencontre François-Auguste Biard (1799-1882), peintre guère apprécié en dehors de Louis-Philippe qui l’honore de nombreuses commandes. Il a 20 ans de plus qu’elle et devient son amant en 1838. Ellen’a pas encore vingt quand elle réussit à embarquer pour une expédition géographique et scientifique au Spitzberg, partie en 1839 vers le pays des Lapons dans lequel François-Auguste Biard fait office de peintre-reporter. Au retour de l’expédition, un an plus tard, Léonie qui a épousé François-Auguste Biard en juillet 1840, peut aisément fréquenter les salons, auréolée de gloire car elle est la seule femme à être allée aussi loin dans ces contrées arctiques réputées hostiles. Son récit du voyage va la rendre célèbre.

François-Auguste Briard

    Elle fréquente les salons de Fortunée Hamelin, à partir de 1841, et c’est probablement là que Victor Hugo (1802-1885) lui est présenté en 1843. Hugo vient de perdre sa fille Léopoldine, et sa relation dès l’automne 1843 avec cette ravissante jeune femme blonde qu’est Léonie le distrait de sa tristesse et lui redonne une joie de vivre. Hugo, très épris de cet " ange " écrit pour elle un premier poème daté du 29 décembre 1843. Il lui envoie le 3 mai 1845 un exemplaire de la nouvelle édition du Rhin, avec cette dédicace en vers :

    A madame Léonie :
    On voit en vous, pur rayon,
    La grâce à la force unie,
    Votre nom, traduction
    De votre double génie,
    Commence comme lion,
    Et finit comme harmonie.

Victor Hugo

    Le scandale de sa liaison avec Victor Hugo éclate dès l’automne 1843. Léonie demande à cette époque la séparation de corps d’avec son mari, et souhaitait un double divorce, les laissant libres de s’épouser Hugo et elle. Le 5 juillet 1845, ils sont surpris par le peintre en délit d’adultère dans un hôtel du passage Saint-Roch. Hugo, en qualité de pair de France ne peut être inquiété ; il parvient même à cacher ce scandale à Juliette Drouet, mais il cesse ses activités officielles jusqu’en février 1846. En revanche, Léonie subit un emprisonnement de deux mois à Saint-Lazare, institution parisenne misérable dans laquelle sont envoyées prostituées et femmes adultères, ne l’empêchent pas de poursuivre sa route.

    Après s’être séparée de son mari, elle doit élever seule ses deux enfants avec l'aide de Victor Hugo. Divorcée, elle prend Léonie d’Aunet comme nom de plume. Sous le pseudonyme de Thérèse Blaru, par allusion avec le village normand où meurt le père de Marius des Misérables, elle tient aussi des rubriques au journal L’Evénement fondé en 1848 par les deux fils Hugo, Auguste Vacquerie et Paul Meurice qui en était alors le rédacteur en chef. Elle rédige des chroniques de mode, devient propriétaire d’un journal et prend le temps d’écrire des romans et une pièce de théâtre.

    La liaison entre Léonie et Hugo reprend, plus ou moins fidèle car Victor Hugo aura aussi une relation avec l’actrice Alice Ozy en 1847. Et il y a Juliette Drouet, à qui Léonie d’Aunet envoie le 28 juin 1851 les lettres que Hugo lui a adressées, espérant influencer par ce geste la rupture entre les amants, et dont la révélation fait le désespoir de Juliette. Elle lui écrit : " Je sais que tu as adoré pendant sept ans une femme que tu trouves belle, jeune, spirituelle, accomplie ".
    En 1852, l’exil de Victor Hugo se charge de mettre un terme définitif à leur liaison, comme Juliette le désirait. Cette dernière est chargée de dissuader Léonie qui demande à venir le rejoindre, là où Hugo mène une vie austère et laborieuse. Ils s’écriront encore et il lui enverra régulièrement de l’argent, jusqu’au décès de Léonie qui survient le 21 mars 1879.

    Léonie, devenue une grande amie d’Adèle Hugo (née Foucher), fera paraître, grâce à elle en 1852, son récit de voyage au Spitzberg sous forme de feuilletondans La Revue de Paris. Ce récit est publié ensuite avec non moins de succès sous forme de livre chez l’éditeur Hachette en 1855. Ce dernier connaîtra plusieurs rééditions. Récemment encore : Léonie d'Aunet, Voyage d'une femme au Spitzberg, Actes Sud, 1999, 329 p.
    Elle collabore à la revue Les Modes parisiennes, tenant la chronique de mode comme elle l’avait déjà fait dans l’Événement. Le 30 janvier 1856, on joue d’elle Jean Osborne, drame en cinq actes, au théâtre de la Porte Saint-Martin. Elle écrit pour la Bibliothèque des Chemins de fer plusieurs romans, dès 1854 : Une place à la cour ; Un mariage en province ; Une vengeance, et d’autres semblables aventures.

    Les Contemplations de Hugo sont publiées en 1854, et l’on y retrouve les traces du rayonnement que leurs amours a laissées. Comme esprit et comme femme, Léonie a aussi inspiré le poète, et l’on retrouve douze poèmes connus dans Toute la lyre au livre VI : Dieu remplissait la nature / L’amour emplissait nos cœurs… et La Dernière gerbe.

    Le décès de Léonie Thévenot d'Aunet survient le 21 mars 1879.



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