Valls - Bouisson : originaire de Majorque (Baleares) - quelle langue ont parle les chuetas ?
Famille Emig - Bouisson

Généalogie des VALLS - Bouisson : à l'île Majorque (archipel des Baléares)

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Quelle langue parlaient les Chuetas ?

 

Peuplées au cours de la préhistoire à partir de 5000 av. J.-C. et surtout à l’âge de bronze (après 2000 av. J.-C.) avec la culture talayotique, les îles Baléares connaîtront des occupations et invasions successives notamment par les grecs, phéniciens, carthaginois, romains, juifs, vandales, maures, hispano-catalans… Sur les deux langues [1] aujourd'hui en usage aux Îles Baléares, seule la langue locale, un dialecte du catalan, fait débat : elle est propre aux Îles Baléares.  Les variétés insulaires sont ceux de Majorque, Minorque, Ibiza et Formentera, et devraient faire l’objet d’étude et de protection officielles.

Tout cela est parvenu à affaiblir un mouvement d’origine majorquin connu comme gonellisme, lequel se déclare opposé à l’unité de la langue catalane en même temps qu’il se déclare favorable à l’établissement d’une grammaire et d’une orthographe différentes de celles du standard catalan.

Origine du catalan

Comme toutes les langues romanes, la langue catalane tire son origine de la lingua romana rustica, c’est-à-dire du latin vulgaire par opposition au latin savant utilisé à l’écrit. Le processus de romanisation de tous les domaines commence en Hispanie en 218 av. J.-C. et se poursuit jusqu’au Ve siècle apr. J.-C. Les langues romanes naissent, quant à elles, vers le VIIIe siècle. Or, il faudra attendre le XIIe siècle pour voir apparaître les premiers textes écrits en catalan, notamment dans les domaines juridique et religieux dans le berceau de son origine, situé autour de Barcelone et de Gérone.

Le dialecte catalan pose de nombreux problèmes puisqu’il appartient à la fois au gallo-roman méridional, comme le justifie la classification supradialectale qui définit un diasystème occitano-catalan, et aussi à l’ibéro-roman si l’on étudie aussi de plus près sa géographie, puisque la zone catalane se situe en majorité en Espagne. Ceci a favorisé la fragmentation intra-occitane, ou intra-dialectale, et les Catalans en ont fait un débat politicien, resté intra-ibérique avec un noyau culturel voulu comme indépendant des autres idiomes occitans. Ainsi, l’ensemble occitano-roman qui comprend l’occitan du nord, l’occitan méridional, le gascon et le catalan, pourrait représenter un intermédiaire entre gallo-roman et ibéro-roman.

La Catalogne et Andorre utilisent le nom de catalan pour faire référence à leur langue, tandis que la Autonomía de Valencia, autre région catalanophone de l’Espagne, recourt au nom de valencien, ce qui a favorisé la naissance de l’équivalent local du gonellisme des Baléares, le blaverisme, dont le nom rend hommage à la défense passionnée de la frange bleue du drapeau de la région valencienne. De cette façon, les blaveros et leurs théories se trouvent protégés légalement. Cela provoque parfois des situations absurdes comme, par exemple, celle d’avoir des formulaires administratifs en catalan et en valencien ou de compter avec deux traducteurs différents au Sénat pour les sessions où les langues régionales sont tolérées. Il va sans dire que cela a bien évidemment encouragé les sécessionnistes linguistiques des Baléares à lutter pour faire changer le nom de la langue et l’appeler baléare.

Aujourd’hui... Dans les nouveaux statuts de l’Autonomía de las Islas Baleares votés en 2007, l’article 4 stipule : « la lengua catalana, propia de las Islas Baleares, tendrá, junto con la castellana, el carácter de idioma oficial ». Or, avant la période franquiste, la majorité de la population des Baléares utilisaient les dénominations relatives à la langue maternelle de «mallorquín», «menorquín» ou «ibicenco». Il faut rappeler que le catalan (continental) a été introduit par l’arrivée massive de paysans de Catalogne à la fin du XIIIe siècle.

Quand histoire et politique ne savent faire bon ménage, ce sont toujours les indigènes qui sont les premiers brimés. Pour preuve, aucune réponse ne peut être apportée à la question du titre. Certes, au cours du Moyen-âge, il y avait usage de l’hébreu et de culture juive. Mais qu’en reste-il aujourd’hui, sinon des écrits et des sites web en catalan et une diaspora chueta qui ne parle plus que la langue du pays d’immigration, notamment en Algérie et en France. Être descendant de chueta aujourd’hui, qu’est-ce ? Peut-être que Memorià del Carrer (en catalan avec quelques pages traduits en espagnol) saura y répondre dans le futur en usant de langues internationales accessibles à toute la diaspora chueta ?

Généalogie en Espagne

L'état civil commence en 1870. Les personnes devaient déclarer les naissances et mariages au "Registro civil". Les actes de décès indiquent tous les enfants du défunt.

L’usage en généalogie – quelque soit le pays - veut que patronyme et prénom [apellido y nombre(s)] soient ceux transcrits sans traduction de l’acte original, le lieu est celui du registre (avec mention de ce lieu si différent). Il s’agit évidemment de pouvoir retrouver cet acte. Ces règles, si elles ne sont pas respectées (et ne le sont pas toujours – comme mauvais exemple en Alsace entre allemand et français !), posent toujours problèmes dans la recherche familiale. A titre d’exemple Miro n’est pas Mirò et Juana n’est pas Joana – l’ordinateur fait la différence ! Dans les Baléares comme en Alsace, la langue d’un acte doit être respectée quelque soit le lecteur ! C’est aussi un devoir vis-à-vis de nos ascendants.

Références

  • Coll L. (2012). Les préjugés linguistiques à Minorque: catalan ou minorquin ? La Clé des Langues,  .
  • Coll L. (2012). Le catalan : la configuration de ses dialectes et d'une langue standard. La Clé des Langues,  .
  • Müller B. (1985). Le français d'aujourd'hui. Klincksieck, Paris, 302 p.
  • Thibaud S. (2012). L’occitan. La Clé des Langues,
  • Thiebault A. Linguistique comparée des langues modernes.  .


[1] La langue nationale officielle de l'Etat est l’espagnol – ou castillan – que tous les Espagnols ont le devoir de connaître et le droit d’utiliser.  C’est aussi la 3e langue internationale la plus utilisée dans le monde. A comparer à l’usage du catalan restreint à une estimation entre 4 et 5 millions d’habitants espagnols, une langue qui reste largement confidentielle.