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L'Asile des aliénés de Marseille ou Asile Saint-Pierre - XIXe-XXe siècles

 

En 1827, un terrain situé au quartier Saint-Pierre près du Jarret, fut acquis par la municipalité, pour la somme de 152 000 francs, en vue de la construction d’un asile moderne ; une partie de ce terrain faisait partie d’un grand domaine appartenant à la famille Timon-David - sur lequel elle avait fait construire la bastide de la Timone, d'où l'origine du nom Timone qui s'est ensuite étendu au quartier. L'appel d'offre pour sa construction fut lancé en 1834 d'après les plans de l'architecte Michel Robert Penchaud (1772-1833). Cet asile doit remplacer l'hôpital Saint-Lazare, au quartier de la Joliette, devenu insalubre, il datait du XIIe siècle, à l'époque une léproserie.

Plan déposé par l'architecte Penchaud en 1834. Le même plan avec orientation du Nord en haut et à la même taille que les deux plans ci-dessous (pour comparaison).

L'aile sud (quartier des hommes) de l'asile Saint-Pierre, d'une capacité de 300 places, est terminée en 1841, mais ce n'est que le 10 juillet 1844 que la municipalité et le directeur administratif de l'Asile acceptèrent d'échanger Saint-Pierre contre Saint-Lazare ; le déplacement des malades se fit en octobre 1844 (voir Blanc). L'hôpital Saint-Lazare cessa de fonctionner : il aura été en service de 1698 à 1841, et sera démoli en 1868.

En 1877, plusieurs travaux sont effectués, un pont est jeté sur le Jarret à l’extrémité du Boulevard Baille et l'entrée de l'asile se fera désormais par là ; l'entrée Saint-Pierre est progressivement supprimée. Un bâtiment administratif va être aussi construit : selon le plan de l'architecte Pichon, il fait face au pont de l’entrée Baille et sera terminé en 1891 : c’est le seul vestige qui reste actuellement des bâtiments de l'asile Saint Pierre. Cinq villas pour le logement des Directeurs et des médecins sont aussi construites, toutes sur le même type : deux de part et d’autre de l’entrée et les trois autres échelonnées le long du Jarret.
La fin du XIXe siècle marque le début du changement de l’Hôpital : d’un lieu d'hébergement des pauvres et des malades, il devient un centre de diagnostic et de soins. C’est la naissance de l’hôpital moderne - à Marseille avec les constructions de l'hôpital de l'Immaculée Conception (aujourd'hui la Conception) en 1858, l'hôpital Sainte-Marguerite en 1887, l'hôpital Salvator en 1908.
Pendant plus d’un siècle, l'asile va fonctionner. En, 1934, il devient le Centre d’hygiène mentale de Marseille, hébergeant plus de 2000 malades. Après la 2e Guerre mondiale, il va devenir un hôpital général et peu à peu le nombre des malades psychiatriques va diminuer jusqu’à l’ouverture récente du pôle psychiatrique au boulevard Baille, à coté de l’hôpital de la Conception.

La démolition de l'asile d'aliénés et de l’hôpital général débute en février 1967, et, en septembre 1973, le Groupe hospitalier de la Timone, depuis 1958 un CHU (centre hospitalier universitaire), devient le plus important d’Europe avec un hôpital d’adultes et un hôpital d’enfants, puis ajout de la Timone 2 en 2014.

   
Extrait d'une carte de Marseille de 1894.Carte de 2022. La flèche indique le seul bâtiment restant : celui de l'administration de l'asile d'aliénés. D'après une carte © IGN, modifiée - www.geoportail.gouv.fr.

C'est en faisant la généalogie de cousins germains Bouisson à Marseille, que je suis venu à m'intéresser à l’asile des aliénés de Marseille. En effet, que deux sœurs, Camille et Marie Sophie Bouisson, nées à Marseille, épousent deux frères Bresson, respectivement Georges né à Bordeaux (Gironde) et Pierre Alfred né à Châtellerault (Vienne), revient à s’intéresser au parcours des parents : leur père Pierre, dit Eugène, Bresson est né en 1832 à Blaye (Gironde) et y décède en 1919, et leur mère Marie Françoise Hain née en 1845 à Blaye, qu’il épouse en secondes noces à Bordeaux, alors qu’il est domicilié à Toulouse. Leur fils aîné Pierre Eugène, rédacteur à la Préfecture de Marseille, né en 1878 à Bordeaux, épouse à Marseille Marguerite Delassault, née à Marseille.
La biographie de Pierre Bresson révèle un parcours peu commun que nous résumons ici (voir détails ) : journaliste, rédacteur au journal La Gironde et à La Petite Gironde, puis en 1880 il devient sous-préfet à Châtellerault, à St-Omer, à Belfort. A partir de 1889, il prend la direction administrative de l’asile d’aliénés du Mans, puis de celui de Montdevergues, à Montfavet (Avignon).
En 1895, il est nommé directeur de l’asile des aliénés de Marseille où il reste en poste jusqu’à sa retraite en décembre 1901.

S’il y a abondance de documents sur l’histoire de l’Asile Saint-Pierre, il n’y a pratiquement rien sur les hommes qui ont été les artisans de cette histoire, même pas une liste des directeurs. Dommage. Le peu que j’ai pu trouvé est joint, peut être-un début.


Références

Archives Nationales. Dossier Pierre Besson. Intérieur : Direction du personnel. Dossiers des fonctionnaires de l'administration préfectorale ayant cessé leurs fonctions entre 1880 et 1950. https://francearchives.fr/  

Blanc J.-L. (-). L'asile des aliénés de Marseille. https://patrimoine-medical.univ-amu.fr/, 7 p.  

Blanc J.-L. (-). L'hôpital de la Timone à Marseille. https://patrimoine-medical.univ-amu.fr/, 12 p.  

Pavillon du directeur de l'asile Saint Pierre à Marseille. https://patrimoine-medical.univ-amu.fr/, 1 p.  

Conseil général du département des Bouches-du-Rhône (1901). Rapports et délibérations, séance du 13 décembre 1901: Liquidation de la pension de retraite de M. Bresson directeur de l'asile public d'aliénés de Marseille, p. 180-182.

Nominations et Promotions (1896). Annales médico-psychologiques. !e série, tome 3, p. 160.

Documents officiels : Asiles publics d'aliénés - Personnel (1895). Revue des établissements de bienfaisance et d'assistance, Vol. 11, p. 160.

Documents officiels : Asiles publics d'aliénés - Personnel (1896). Revue des établissements de bienfaisance et d'assistance, Vol. 12, p. 18-19.