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La calanque du "Lacydon" devenue le Vieux-Port de Marseille

L'origine du nom Lacydon est quelque peu sujet à débat. Julian (1921) dans son étude souligne que du temps des Romains le port s'appellait Lacydon. En effet, le géographe romain Pomponius Mela (Ier siècle) écrivait dans le livre II de Chorographia : « Deinde est Forum Iuli, Octavanorum colonia, tum post Athenopolim et Olbiam et Tauroin et Citharisten est Lacydon, Massiliensium portus, et in eo ipsa Massilia. Haec a Phocaeis oriunda et olim inter asperas posita, nunc ut pacatis ita dissimillimis tamen vicina gentibus, mirum quam facile et tunc sedem alienam ceperit et adhuc morem suum teneat. » Traduit: « Vient ensuite Forum-Julii, colonie de vétérans octaviens; puis Athénopolis, Olbie, Tauroïs, Cithariste, et Lacydon, port des Massiliens, au fond duquel est Massilie. Cette ville fut fondée par des Phocéens dans le voisinage de nations barbares, qui, quoique aujourd’hui paisibles, n’ont avec elle aucune ressemblance; de sorte qu’on est surpris de la facilité avec laquelle cette colonie a su s’établir sur une terre étrangère, et y conserver jusqu’à présent ses mœurs primitives. »

Ce nom viendrait du nom de la source près ou dans l'église des Accoules, aujourd'hui encore en activité (voir flèche sur les cartes ci-dessous) (Blès, 2010). Elle serait attestée par des pièces de monnaie massaliotes (grecques) avec à côté de la légende « Lacydon » en lettres grecques, la figure d'un jeune dieu cornu : cette représentation correspond non à un port mais à la divinité des Eaux et des Sources, portant sur le front une corne de taureau (comme Achéloos).

Jullian (1921) note une autre source : « Il n'est pas difficile de le retrouver si on consulte les textes du moyen âge. C'est au fond du Vieux port, à l'entrée de la Cannebière, le ruisseau de la « Pierre qui rage » (ce qui veut dire en provençal « la Pierre qui coule »), la fontaine judaïque du Moyen Âge, fontaine sainte, où Saint Victor baptisa les soldats néophytes. A noter que Morhange & Weydert (1995) relèvent diverses paléo-rivières et sources sur les rives nord et est du Lacydon. Déjà au Moyen-Âge, le port de Marseille s'appelait déjà Portus antiquus. Aujourd'hui encore, le terme Lacydon est régulièrement utilisé pour désigner notamment le plan d'eau du Vieux-Port.

   

À gauche : Carte géologique et paléotopographique du Lacydon (d'après Morhange & Weydert, 1995, modifié) ; en pointillé orange, le trait de côte actuel. La flèche indique la localisation de la source pouvant être rapportée à Lacydon.
À droite : Carte de Marseille avec les rives actuelles du Vieux-Port et environs (en orange). En bleu, le trait de côte d'il y a 2600 ans.

Avec l'implantation des Phocéens vers 600 ans av. J.-C, les biocénoses marines originelles de la rive nord du Lacydon ont commencé à se dégrader (Morhange & Weydert, 1995). L'urbanisation successive des collines de Massalia va accroître rapidement l'impact de l'anthropisation le long du littoral, mais aussi sur les collines. Aujourd'hui encore, les habitudes grecques sont toujours en vigueur chez les Marseillais !



Vue du "Lacydon" depuis le quai des Belges (aujourd'hui quai de la Fraternité) : d'après Vernet en 1754 et photo © Emig en 2010.

Références :



Bassin du Carénage et sortie du Vieux-Port (de g à d: Fort St-Nicolas, Palais du Pharo, Fort St-Jean, cathédrale La Major.