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Le "Sartine" qui a bouché le Vieux-Port de Marseille

 

Les Marseillais sont réputés pour leurs galéjades aussi légendaires que démesurées, mais pas toujours comme le démontre la sardine - en fait le navire Sartine - qui a effectivement bouché le Vieux-Port de Marseille. Ce que ne savent pas bien des Français qui continuent à se moquer du talent d'exagération des Marseillais !

Cette frégate marchande construite de 1775 à 1778, porte le nom du ministre de la Marine de Louis XVI (de 1774-1780), Antoine de Sartine (1729-1801), comte d'Alby, dont le blason comprend… trois sardines d’argent ! Avec ses trois mâts et ses 1 000 m2 de voilure, le Sartine a été conçu pour aller vite et évoluer facilement. Doté d’une coque de 40 m de long sur 8 m de large, elle dispose de 12 canons de 12 et de 6 canons à mitraille. Ses cales ont été aménagées pour transporter plusieurs centaines de tonnes de marchandises.

De retour de Madras dans les Indes, le Sartine subit une attaque anglaise au cap Saint-Vincent, au sud du Portugal. Le 5 mai 1780, le navire relâche dans le port de Cadix (Espagne) pour effectuer les réparations les plus urgentes; il ramenait des prisonniers en France. Remontant les côtes à vitesse réduite, il rejoint Marseille le 19 mai 1780. Battant initialement pavillon blanc, le capitaine ne put s'empêcher, en arrivant, de hisser le drapeau tricolore sous le yeux des Anglais en surveillance dans le golfe de Marseille. S'en suivit un échange de coups de canon, la frégate menace de sombrer. Et à l’entrée du Vieux-Port, le navire s’échoue "par la maladresse du remplaçant du capitaine Dallès" déplore le passager Paul de Barras dans ses mémoires, bloquant la navigation de la cité phocéenne pendant plusieurs semaines, privant les marseillais de nombreuses denrées alimentaires. Par crainte de famine, les esprits se sont échauffés. Alors, "Monsieur de Pléville, commandant du port et de la marine, plein d’activité, quoiqu’il eût une jambe de bois, parvînt, par des manœuvres qui lui étaient familières, à remorquer notre vaisseau sur le quai ."

Cette mésaventure alimenta les galéjades marseillaises. Mais pour autant, le Sartine n’avait pas dit son dernier mot. Renfloué, réarmé, il repart au combat dans l’Océan Indien. Le 26 novembre 1780 au large de la Côte de Malabar, il touche un écueil et sombre corps et biens.

 

Et pour ceux qui ne croient pas en ce récit, ils en sauront plus d'un clic…