Johann Rudolf Faesch (1510-1564) et sa baselarde [*]
Orfèvre et maître de guilde bâlois, Johann Rudolf Faesch (1510-1564) devient bailli de Homburg, puis de Waldenburg ; sa famille s'est hissée au rang des principales familles de la société et de la politique de Bâle devenue réformée. De son mariage en 1529 avec Anna Glaser, une fille du célèbre peintre verrier Antoni Glaser, naîtront douze enfants ; ils furent les premiers de la famille à adopter la Réforme en 1530. ![]() Portrait de famille de Johann Rudolf Faesch (1510-1564) et d'Anna Glaser - par Hans Hug Kluber, huile sur toile, 1559. Il porte une baselarde (Schweitzerdolch) [*]. ![]() Des dix enfants sont encore en vie, deux représentés dans ce portrait de famille de 1559 sont importants pour notre propos : à l'extrême droite, le jeune Remigius, âgé de dix-huit ans, qui pourrait être la personne qui pourrait être son premier propriétaire, et en bas à gauche, assis sur le tabouret, le jeune Jeremias (1554-1632), âgé de cinq ans, qui aurait créé la dague en tant qu'orfèvre. Remigius (1541-1610) embrasse une carrière politique et atteint les plus hautes fonctions que Bâle peut offrir. Baselarde Faesch dans son étui recto et verso et hors étui (Egger, 2001). Le cadre rouge situe les armoiries Faesch - voir détail ci-dessous. © Historisches Museum Basel. Ainsi (Egger, 2001), selon la tradition, qui ne remonte toutefois qu'à la fin du XIXe siècle, cette baselarde, seulement retrouvée en 1882, serait l'œuvre de l'orfèvre Jeremias Faesch et aurait été en possession du Bürgermeister (maire) Johann Rudolf Faesch (1572-1659). Or, elle pourrait avoir été fabriquée pour Remigius Faesch (1541-1610), ce qui implique que par les armoiries de la famille Faesch et l'année 1585 au dos du fourreau cette baselarde aurait été fabriquée (ou gravée) cette année-là pour un porteur nommé Faesch. Aussi pour un tel objet personnel et onéreux, on peut supposer que le fabricant est un des orfèvres de la famille Faesch ou un proche. Or, toujours d'après Egger (2001), Jeremias Faesch, le plus jeune frère de Remigius, était un orfèvre qui, selon la chronique familiale, a, dans ses jeunes années, fait son apprentissage chez l'orfèvre Hans Jakob Hoffmann (1544-1599) jusqu’en 1570. Et Hoffmann entretenait des contacts étroits avec la famille Faesch. En 1585, avec son frère aîné Remigius, Jeremias traverse la Suisse centrale catholique pendant plusieurs semaines en tant qu'envoyé de Bâle en mission diplomatique. On peut en conclure que cette dague a été portée par l'un de ces deux frères et ensuite transmise à la descendance. Or, un détail a été négligé, et pas des moindres, en relation avec le temps et la baselarde elle-même, ce sont les armoiries Faesch qui y sont gravées : il s'agit d'armoiries de bourgeoisie comme l'indique le heaume un Stechelhelm. Mais, en 1563, un an avant sa mort, Johann Rudolf a été anobli par l'empereur Ferdinand I. et , dès lors, le heaume devient un de noblesse ou Bügelhelm. Et son Adelsbrief (lettres de noblesse) a légèrement modifié les armoiries familiales précédentes, celles de bourgeois, notamment en substituant l'argent des deux étoiles par de l'or. Elles blasonnent ainsi : D'or à une croix latine de sable, au pied fendu en chevron, chapé ployé d'azur à deux étoiles d'or. Cimier : un heaume de noblesse (Bügelhelm) au bourrelet d'azur et d'or, quatre plumes d'autruche issant, alternées d'or et d'azur ; lambrequins d'or et d'azur. - In Blau begleitet von zwei sechsstrahligen, goldenen Sternen eingebogene, goldene Spitze mit schwarzem Hauszeichen. Les armoiries de bourgeois pourraient datées de l'année 1409 quand Heinzmann Väsch (devenu Faesch) a accédé au statut de bourgeois de Bâle où, venant de Freiburg-im-Brisgau, il s'était installé au tout début des années 1400.
On peut ainsi émettre une nouvelle hypothèse : la baselarde représentée ci-dessus est celle figurée sur la peinture de 1559 et que son porteur, l'orfèvre Johann Rudolf Faesch, est aussi son réalisateur et ce avant cette année. Peut-être qu'une étude détaillée de l'original du tableau pourrait le confirmer. Reste la mention de l'année 1585 : après le décès de son père, l'orfèvre Jeremias a pu modifier la date initiale ou graver cette date, la baselarde ayant été héritée ou par son frère Remigius ou par lui-même. Là encore une analyse de la baselarde pourrait peut-être fournir une réponse. Descendance des Väsch > Faesch en relation avec le présent contexte familial - Voir aussi : Ascendance de Joseph Fesch. [*] Note sur le Schweitzerdolch (= poignard suisse) ou baselarde en françaisLa traduction de Schweizerdolch par baselarde en français fait référence à son origine de la ville de Bâle (Basel en suisse). Cette arme est connue depuis environ 1500 au sein des Confédérés suisses. Après 1550, elle devint une arme d'apparat et un symbole d'appartenance à l'élite sociale, le fourreau et la poignée étant richement travaillés en métal doré et ornés de scènes tirées de l'histoire biblique. Elle disparaît vers 1600. On connaît dans le monde environ 70 baselardes d'époque (Egger, 2011). | ||||||||
RéférencesEgger F. (2001). Der Schweizerdolch mit dem Gleichnis des verlorenen Sohnes. Basler Kostbarkeiten, Historisches Museum Basel, 22, p. 6-41. Egger F. (2011). Schweizerdolch. Historisches Lexikon der Schweiz (HLS), Version vom 12.09.2011, https://hls-dhs-dss.ch/de/articles/008618/2011-09-12/, konsultiert am 07.08.2021. Staehelin W. R. (1918). Basler Adels- und Wappenbriefe. Schweizerisches Archiv für Heraldik, 32, p. 69-77. Stocker I. Y. (1889). Das Geschlecht der Fäsch zu Basel. Aus dem Fäsch'schen Familienbuch. Zeitschrift Vom Jura zum Schwarzwald : Blätter für Heimatkunde und Heimatschutz, 6, p. 241-263. Pour plus de détails sur cette généalogie, consultez nos bases de données | ||||||||
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