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Ribeauvillé - Rappoltsweyer


 

Blason de Ribeauvillé

"D'argent à la main bénissant de carnation posée en pal et habillée d'azur, accompagnée de trois écussons de gueules, deux et un"



Armoiries des Rabenstain
(= Rappoltstein) vers 1304 dans le Zürcher Wappenrolle


Armoiries des Rappoltstein, seigneurie de Ribeauvillé, vers 1450
D'argent à trois écussons de gueules. Le cimier représente un ménetrier


Armoiries des Rappoltstein, vers 1567
(voir texte)


Armoiries de Christian II, de Birkenfeld - Bischwiller - Deux-Ponts, héritier de la seigneurie (en 1673)
Agrandir en cliquant sur le blason


Historique

Connue depuis 1162, quand Egenolf von Urslingen reçut de l'évêque de Bâle la seigneurie de Rappoltstein [1], dont la famille a ensuite pris le nom, les comtes von Rappoltstein (Ribaupierre) s'éteint au XVIIe siècle, en l'absence de descendant mâle. Mais, la seigneurie fut transmise à sa fille Katharina Agathe (1648-1683) , car, en 1511, Wilhelm II (1468-1547), seigneur von Rappoltstein, avait fait approuver par l'empereur le pacte de famille qui admettait les femmes à la succession paternelle à défaut d'héritiers mâles.

Aujourd'hui, ce ne sont plus que les ruines des trois châteaux des Ribaupierre, Saint-Ulrich (ou Grand-Ribeaupierre), Gisberg (ou Petit-Ribaupierre), datés du XIe au XIIIe siècle, surplombent encore la ville médiévale de Ribeauvillé.
Le « quatrième » château de Ribeauvillé est situé à l'intérieur de la ville sur une colline appelée Hofberg ou Schlossberg, avec une très belle vue sur la plaine. Au début du XIVe siècle le Kilchhof zu sankt Margarethe [nota : Kilch- =  Kirch- : cimetière de Sainte Marguerite], une chapelle dédiée à cette sainte, avec des maisons et des jardins dont deux familles nobles, les Altenkastel et les Burgheim, se partageaient la possession de cet enclos.

Fac-similé des actes de vente de l'enclos du Kilchhof zu sant Margreden - - publiés par Albrecht (1891).

En 1335, le chevalier Ulric von Altenkastel et l'écuyer Hannemann von Burgheim vendent à Johann IV von Rappoltstein la chapelle et ses alentours. Ce fut le début du Hof zu Rappoltsweyre mentionné dans les documents du XVe siècle : les bâtiments existant ont été agrandis. Au début du XVIe siècle, le château seigneurial est restauré et agrandi dans un beau style Renaissance par Wilhelm I., der Große, von Rappoltstein (1427-1507) et les trois autres châteaux sont progressivement abandonnés. La chapelle Sainte-Marguerite devient un lieu ouvert au culte.

Les comtes von Rappoltstein  entrent « dans la cour des grands » et s’affirment progressivement comme l’une des premières puissances d’Alsace : leurs possessions comptent plusieurs bailliages d’importance : Bergheim, Guémar, Heiteren, Jebsheim, Orbey, Ribeauvillé, Sainte-Marie-aux-Mines, Wihr-au-Val, Zellenberg. C’est, après les possessions habsbourgeoises, la seigneurie la plus importante (en revenus et en superficie) de la Haute-Alsace.

 

À gauche : Extrait de la carte ci-dessous de Zeiller (1663) : au premier plan, l'église catholique Saint-Grégoire (F), terminée en 1473 ; en arrière, le château (E), aujourd'hui partiellement disparu, et sa chapelle protestante Sainte-Marguerite. À droite : une photo aérienne de 2006 - le château (E) et son périmètre sont occupés par le lycée Ribeaupierre ; l'église protestante (P).

Quand la « Paix d'Augsbourg » de 1555 accorde aux seigneurs le droit d'imposer la Réforme dans leur territoire, Egenolf III von Rappolstein (1527-1585), héritier de la seigneurie au décès de son grand-père Wilhelm II en 1547, avec sa mère, Anna Alexandria von Furstenberg (1503-1581), épouse d'Ulrich IX von Rappolstein (1495-1531), favorisent ouvertement la Réforme zwinglienne et réclament un pasteur réformé. La réponse arrive en 1563 : Federlin, pasteur réformé, est nommé chapelain du château. La paroisse protestante de Ribeauvillé est créée le 18 avril 1563 dans la chapelle Sainte-Marguerite. C'est en 1580 que la Confession d'Augsbourg (luthérienne) sera appliquée. Cette situation perdurera jusqu'en 1783, date de la construction de l'église protestante, à l'emplacement même de la chapelle. La première pierre est posée le 22 juin 1783 et, le 17 octobre 1784, on y célèbre, pour la première fois, le culte. La Révolution de 1789 proclame la liberté entière des cultes. Le clocher fut ajouté en 1896.

D'après un sceau de 1567, les armoiries d'Egenolf III. blasonnent : pari au 1 et 4 d’argent à trois têtes d’aigles arrachées de sable, couronnées d’or ; aux 2 et 3 d'argent à un lion de geule couronné d'or, lampassé et armé de gueules ; sur le tout d’argent à trois écussons de gueules. Elles comprennent, en 1-4, l'écu de la seigneurie de Hohennack (aujourd'hui Hohnack - voir carte ci-dessous) : elle est aux mains des Rappolstein depuis 1271 avec quelques interruptions, puis leur possession. Et en 2-3, s'est ajouté l'écu de la seigneurie des von Geroldseck (près de Saverne en Alsace) dont Egenolf von Rappolstein a acquis une partie vers le milieu du XVIe siècle.

Après le décès du comte Johann Jacob von Rappoltstein en 1673, sa fille Catherine Agathe (1648-1683) apporta à son époux Christian II (1637–1717) de Birkenfeld-Bischwiller, comte Palatin et duc des Deux-Ponts, la suzeraineté sur le domaine des Ribaupierre avec l'accord de Louis XIV ; lors de son mariage en 1667, elle apporta dans sa dot les seigneuries de Hohenack et de Geroldseck. Ultérierement, ils achetèrent la seigneurie de Bergheim et reçurent en héritage le comté de la Petite-Pierre. En 1686, Christian II transféra la fête de la Confrérie des ménétriers dite des Fifres (= Pfiffer en alsacien et Fiedler en allemand), de Ribeauvillé à Bischwiller (dans l'actuel Bas-Rhin) ; aujourd'hui encore la fête des Fifres (ou Pfifferdaj) s'y déroule chaque année, tout comme à Ribeauvillé la fête des Ménetriers (ou Pfifferdaï) - voir Fig. en bas de page.

Les armoiries de Christian II blasonnent : parti au I écartelé au 1 et 4 de sable, au lion d'or, armé et lampassé et couronné de gueules (qui est du comté palatin du Rhin ), et en 2 et 3 fuselé en bande d'azur et d'argent (qui est de Bavière ) au II écartelé au 1 d'argent au lion d'azur armé lampassé et couronné d'or (qui est de Veldenz ), au 2 échiqueté de gueules et d'argent (qui est de Birkenfeld), au 3 d'argent aux trois écus de gueules posés 2 et 1 (qui est de Rappoltstein) et au 4 d'argent aux trois têtes d'aigle de sable couronnées d'or posées 2 et 1 (qui est de Hohenach). À partir de 1734, la seigneurie devient la propriété de Pfalz-Birkenfeld-Zweibrücken (Palatinat-Birkenfeld-Deux-Ponts), une branche palatine de la Maison de Wittelsbach (Bavière).

Sous le prince Maximilien I. Joseph von Zweibrücken(1756-1825), dernier comte von Rappoltstein et futur roi de Bavière, le château a connu, à la veille de la tourmente révolutionnaire, un renouveau de splendeur ; il est l'arrière-petit-fils de Christian II. Mais, en juin 1790, il doit fuir en Allemagne au péril de sa vie, tandis que ses possessions sont dévastées et partiellement pillées. En février 1793, le château est placé sous séquestre ; Christophe Ortlieb, juge de paix, en dresse l’inventaire. La vente des objets a lieu de fin 1793 à début 1794. Puis, le château et son jardin sont occupés par une prison départementale, puis il devient un hospice de convalescence militaire.
En 1802, le jardin est mis en vente et le géomètre Kuhlmann en dresse le plan. En 1803, il est adjugé à Michel Henry de Mulhouse, qui le revend en 1804 à Wilhelm von Beer, en même temps que la maison attenante et réunie à cette propriété. Dès lors, il n'y eut plus de lien entre le château et son jardin. En 1895, ce dernier devient la propriété de l’hôpital protestant, puis de l’hôpital de Ribeauvillé en 1992. Seules les terrasses, peuvent être considérées comme des éléments d'origine du domaine seigneurial : inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Le château reste la propriété de la ville. Dès 1832, il sert à l’enseignement privé d’abord, puis public dès 1870, Realschule, puis collège en 1918 et enfin lycée en 1960.

Vue du début du XXe siècle : de gauche à droite, l'église protestante (P), le château et ses anciennes dépendances (E), l'église catholique Saint-Grégoire (F). En arrière plan : les trois châteaux: Saint-Ulrich, Giersberg, Haut-Ribaupierre.


Souvenirs à partir de photos actuelles : un tour dans Ribeauvillé

Rappoltsweyer (Zeiller, 1663) [= Ribeauvillé]

   

Les trois châteaux des Rappoltstein (en français Ribaupierre).
À gauche : de gauche à droite - les châteaux de Saint-Ulrich, du Haut-Rappolstein et de Giersberg. À droite : Saint-Ulrich.

(© Photos de Guy et Christine Wurth)

[1] Le toponyme originel du village était Radbaldovillare ou Radbertovillare devenu Ratpoldesvillare ou Rapoldestein (parfois Rabenstein) connu avant 1019, puis Rappoltsweiler en 1084 [dans un décret de l’empereur Heinrich IV (1050-1106)]- en alsacien Rappschwihr. Le nom des seigneurs du lieu Herren zu Rappoltstein qui sont avérés depuis 1219. C’est Johann Jacob von Rappoltstein (1598-1673) qui est élevé au rang de comte par l’empereur Ferdinand III. (1608-1657) de la maison Habsburg. La lignée s’éteint avec lui, mais le comté Rappoltstein-Hohenack est dans la dot de sa fille Katharina Agathe (1648–1683) en épousant en 1673 Christian II (1637-1717), comte-palatin et duc de Pfalz-Zweibrücken-Birkenfeld (Palatinat Deux-Ponts Birkenfeld), luthérien.
Plus tard, la traduction du nom en français fut sujet à controverse : d’abord écrit Ribaupierre et Ribauvillé, il devient au début du XXe siècle Ribeaupierre et Ribeauvillé. Et puis à l’instar des localités alsaciennes, fallait-il vraiment les traduire ?

Extrait de la carte des territoires alsaciens du Rhin supérieur en 1500. Les possessions en blanc (Autriche antérieure) appartiennent aux Habsbourg.

© Scott, 1997 - Atlas historique d'Alsace, CRESAT, Université de Haute-Alsace.

Note : tous les territoires de cette carte appartenaient au Saint-Empire.

H : château du Hohnack, siège de la seigneurie du Hohennack.


Références et Liens

Albrecht K. (1891). Rappoltsteinisches Urkundenbuch, 759-1500: Quellen zur Geschichte der ehemaligen Herrschaft Rappoltstein im Elsass, Bd 1, 707 p.   [Bd 1 - 5 : ]

Auteur inconnu (1750). Pfalz-Grafen bei Rhein von der Birckenfeldischen Linie - Wappen. Livre.

Faller R. (1937). Le château de Ribeauvillé. Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Ribeauvillé, 7, p. 33-63.

Kleindienst J.-L. (1974). Le personnel du Château des Ribeaupierre à Ribeauvillé aux 17e et 18e siècles. Annuaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Colmar, 24, p. 35-39.

Meaume M. E. (1873). Les seigneurs de Ribaupierre, famille de la chevalerie lorraine en Alsace et en Suisse. Mémoires de la Société d'Archéologie et du Musée historique lorrain, 3e ser., 1, p. 302-329.

Therion (2009). La légende des deux frères de Ribeaupierre - Châteaux Saint-Ulrich et Grisberg - Ribeauvillé (68). http://legende-et-realite.blogspot.com/2009/10/la-legende-des-deux-freres-de.html -

Zeiller M. & graveur Merian M. (1663). Rappoltsweyer. Topographia Alsatiae & completa. Topographia Germaniae, Sporlin, Francfort/Main, vol. 3, 2e ed.

  • Cercle historique de Ribeauvillé (2019). Les Ribeaupierre. Généalogie. Armoiries. https://www.cercle-historique-ribeauville.com/fr/les-ribeaupierre-a-finaliser.html et https://www.cercle-historique-ribeauville.com/fr/les-ribeaupierre.html, consultés le 20 janvier 2020.

  • Cercle historique de Ribeauvillé (2019). Histoire de Ribeauvillé. https://www.cercle-historique-ribeauville.com/, consulté le 15 juillet 2023.

  • Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace. Furstenberg Anna Alexandria. https://www.alsace-histoire.org/netdba/, consulté le 16 juillet 2023.

  • Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace. von Rappoltstein. https://www.alsace-histoire.org/netdba/, consulté le 16 juillet 2023.

  • Lycée Ribeaupierre de Ribeauvillé : son historique

  • Jardin du château bas des Ribeaupierre - Daté par travaux historiques.
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