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Seigneurie de Fleckenstein



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Château-fort de Fleckenstein
d'après l'architecte strasbourgeois Daniel Specklin en 1589.

Armoiries des Fleckenstein
jusqu'en 1720


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Armoiries des Fleckenstein sur les vitraux de l'église protestante de Soultz (-sous-Forêts)

Le nom de Gottfried von Fleckenstein (1133-1184) apparaît dans une donation de 1129 faite au couvent de Walbourg, avec le titre de baron. La famille est au service des Hohenstaufen en assurant la gestion du château pour le compte du duc de Souabe Friedrich II dit le Borgne (1090-1147) et de son fils l'empreur Friedrich I. dit Barberousse (1122-1190) et aussi duc de Souabe. Ce dernier en reconnaissance de loyauté et de leurs services offrit le chateau et la seigneurie aux Fleckenstein.
De par sa taille, le château Fleckenstein est certainement le plus imposant des Vosges du Nord. Situé sur un imposant éperon rocheux d'une longueur de 50 mètres et d'une hauteur de 40 mètres pour une largeur de 8 mètres, au bord de la Sauer et à environ 200 m de l'actuelle frontière franco-allemande ; il fut édifié au cours du second quart du XIIe siècle lors de l'accession au trône de Conrad III von Hohenstaufen (1093-1152 ; empereur "non couronné" de 1138-1152), et confié au ministérial [1] Gottfried von Fleckenstein. Le nom de ce dernier figure dans une charte datée de 1174, on peut donc en conclure que le château existait à cette époque. Vers le début du XIIIe siècle, les Fleckenstein se hissent au niveau de la haute noblesse alsacienne par une habile politique de mariages, accèdant à la baronnie qui deviendra ensuite une des plus influentes de la région.

Les armoiries de noblesse des Fleckenstein blasonnent de sinople à trois fasces d'argent [drei silberne Balken auf grünem Feld]. Cimier : un buste de femme au naturel, vêtue, chevelée et couronnée d'or, les bras remplacés par des proboscides aux armes ; lambrequins de sinople et d'argent.

Vers 1259, au décès d'Heinrich I. von Fleckenstein partageant la seigneurie en trois parts avec ses fils, d'où les trois lignées principales, mais le château reste propriété de la famille en indivision :

  • Fleckenstein-Dagstuhl (1333-1644) ;
  • Fleckenstein-Sulz (éteinte en 1351) ;
  • Fleckenstein-Bickenbach (1351-1720) ;
    • Fleckenstein-Bickenbach-Windeck (1636-1720), dernière lignée de la famille.

Le 26 janvier 1359, les comtes d’Ötingen cèdent le fief impérial comprenant onze villages aux Fleckenstein. Ces derniers toujours habitent le célèbre château de Fleckenstein à Lembach. Henri VIII de Fleckenstein, favorable à la Réforme luthérienne, introduit en 1542 la nouvelle religion dans les trente villages de la baronnie (baillage de l'Uffried).

Heinrich Jacob von Fleckenstein est né le 6 août 1636 à Strasbourg. Il est le fils de Jacob von Fleckenstein (1606-1647) et de Cleophe von Erlenburg (1598-1660) (veuve d'Alexandre von Ruistt), épousée le 29 avril 1633, pendant la guerre de Trente Ans. A la mort de son père, il hérite du titre de baron de la seigneurie de Fleckenstein, il n'a qu'onze ans.
Le 12 avril 1659, il épouse Susanna Maria von Landsberg (1635-1680) et ils eurent quatre enfants :

  • Maria Dorothea (1660-1717) épouse le 10 février 1680 Wolfgang Heinrich von Göllnitz (1680). Le 8 septembre 1714, ce dernier achète le château de Buhl à son beau-père.
  • Maria Magdalena (1661-1689) se marie le 4 mai 1685, avec Philipp Christoph Gayling von Altenheim (1654-1705). Le couple donne naissance à une fille, Magdalena Salomé, en 1685.
  • Friedrich Jacob (1666-1710) épouse Eleonora Catharina von Rathsamhausen (1665-1747) ; leur fille Eleonora Sidonie (1689-1772) se marie en 1708 Johann von Mundolsheim (1676-1726). Il décède le 27 mai 1710 après une vie dissipée, son pére ayant du vendre une partie de ses biens pour payer les créanciers. Et le décès de son unique fils, mort avant lui, éteint la lignée des Fleckenstein apparue en Alsace au XIIe siècle, car cette seigneurie était un fief d'Empire, considéré comme masculin, c'est-à-dire exclusivement transmissible aux héritiers mâles.
  • Julia Sidonia (1672-1735) se marie vers 1702 avec Ignatz Ludwig Vitzthum von Egersbach (1676-1748). Ils eurent 6 enfants.

L'imposante forteresse, réputée pour sa défense militaire exceptionnelle, fut conquise en 1674 par Vauban, puis détruite en 1680 à coups d'explosifs par les troupes d'occupation de Louis XIV, dirigées par le baron de Montclar, grand démolisseur de châteaux. En 1681, la seigneurie est rattachée au royaume de France sous Louis XIV.

 

Ruine du château de Fleckenstein : A. Vue depuis le château du Hohenbourg (© CC) [A noter que des membres de la famille des Fleckenstein furent ministériaux du Hohenbourg]. B. Plan de la ruine d'après Klipffel (1938, p. 130, modifiée).

Heinrich Jacob von Fleckenstein avait demandé et obtenu en 1716 du Conseil d'État que ses biens allodiaux héréditaires soient distingués de ses fiefs. Ces biens allodiaux pourront donc être transmis à ses filles après son décès. C'est le prince Hercule Mériadec de Rohan-Soubise (1669-1749) qui obtient par lettres patentes l'expectative de la baronnie, dont il devient dès 1712 copropriétaire.
Après sa mort, le 27 mai 1720, il est enterré dans le chœur de l'église de Buhl, à côté de son fils. Symboliquement, le blason des Fleckenstein a été brisé sur sa tombe pour marquer la fin d'une longue lignée seigneuriale.

En l'absence de descendance directe mâle, la seigneurie de Fleckenstein a été transmise par le roi Louis XV avec tout l'Uffried, comprenant 30 villages, à Hercule Mériadec de Rohan-Soubise, frère du cardinal de Rohan. Jusqu'à la Révolution française, les villages suivants appartiendront à la seigneurie de Fleckenstein, répartie en deux baillages : celui de Roppenheim (Auenheim -  Dalhunden, Dengelsheirn -  Forstfeld -  Giesenheim -  Kauffenheim -  Roeschwoog -  Roppenheim -  Rountzenheim  - Sessenheim -  Stattmatten) et celui de Soultz-sous-Forêt (Disteldorf -  Eberbach -  Hermerswiller -  Jaegershoffen -  Kretwiller ou Croettwiller -  Lobsann ou Lusan (pour moitié) -  Meissenthal  - Memelshoffen  - Niederroedem -  Oberlauterbach -  Retschwiller - Sulz/Soultz [qui devient en 1750 Sulz unterm Wald/Soultz-sous-Forêts] -  Weiterswiller  - Wintzenbach) - voir cartes ci-dessous
[pour les noms en gras voir la page Origine go]

A. Carte en 1500 des deux principales possessions dont certaines de nos familles étaient des sujets : la seigneurie de Fleckenstein et le comté de Hanau-Lichtenberg (d'après Scott, 2009, à voir plus plus de détails). Cette carte confirme le patch-work historico-politique de l'Alsace (voir go). B. Carte du partage de l'héritage suite au décès du baron Heinrich Jacob von Fleckenstein en 1720, dont la seigneurie de Fleckenstein (© CC).

 

Nota : Les couleurs sont spécifiques pour chaque carte, les auteurs étant différents.

 

C. Possessions de la Seigneurie de Fleckenstein : numérotées 5 (couleur jaune-verdâtre) - d'après un extrait de la Carte historique de l'Alsace de Hallez-Claparède (éditée en 1859). Les possessions numérotées 4 sont celles du comté de Hanau-Lichtenberg (landgraviat de Hesse-Darmstadt) - voir Hanau-Lichtenberggo.

Cliquez sur la carte pour l'agrandir.

Quelques références

    Emig C. C. (2020). La maison de Pareth : ses propriétaires et leurs généalogies. http://emig.free.fr/GENEALOGIE/Fig-Wohlhuter/Tuchscherer.html, consulté le 8 août 2020.

    Gyss J. M. (1879). Mémoire sur un document relatif au château de Fleckenstein. Bulletin de la Société pour la conservation des Monuments historiques d’Alsace, 2e ser., 10 (2e partie, Mémoires), 121-124.

    Klipffel L. (1938). Reconnaissance du château de Fleckenstein près de Woerth. Annuaire de la Société historique, littéraire et scientifique du Club Vosgien, 5, 129-132.

    Kocher A. (1911). Das Uffried, eine geschichtliche Beschreibung sämtlicher Ortschaften zwischen Drusenheim und Selz. Strasbourg, https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/ark:/06871/0011710233

    Müller C. (1982). Le simultaneaum l'outre-forêt (1802-1914). Thèse 3e cycle, Université de Strasbourg.

    Müller P. (1990). Die Herren von Fleckenstein im späten Mittelalter. Untersuchungen zur Geschichte eines Adelsgeschlechts im pfälzisch-elsässischen Grenzgebiet. Geschichtliche Landeskunde, 34, 746 p.

    Müller P. (1992). Quellen zur Baugeschichte der Burg Fleckenstein im 16. Jahrhundert. Pfälzer Heimat, 1992 (4), 149-156.

    Peter D. (1998). Naître, vivre et mourir dans l'Outre-Forêt (1648-1848). Cercle d'Histoire et d' Archéologie de l'Alsace du Nord, 311 p., 2e éd.

    Scheidt A. (2020). Alsace du Nord. Il y a 300 ans décédait le dernier seigneur de Fleckenstein. https://www.dna.fr/edition-haguenau-wissembourg/2020/05/27/

    Scott T. (1997). Regional Identity and Economic Change: The Upper Rhine, 1450-1600. Clarendon Press, Oxford, 363 p. -et- (2009). Territoires du Rhin Supérieur vers 1500. Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace.

    Chronologie historique du château de Fleckenstein. http://www.fleckenstein.fr/le-fleckenstein/lhistoire-du-chateau/chronologie-historique, consultée le 9 août 2020.


Note :

[1]   Ministeriale = La Ministerialität (en français : ministérialité) est une forme particulière de la noblesse allemande du Xe au XIIIe siècles. Les ministériaux sont des "baillis", à la fois soldats et administrateurs. A l'origine c'était un fonctionnaire permanent de l'Empereur, généralement affecté à un domaine impérial, ou à un monastère, et plus tard aussi pour la noblesse.
Au début du Saint-Empire romain germanique, ces hauts fonctionnaires, appelés Dienstmannen (Dienstmann = serviteur en français, = minister en latin), étaient employés pour les affaires de la guerre et l'administration (la chancellerie). Au XIIe siècle, les ministériaux ne tardent pas à s'agréger à la féodalité, le terme ministerialis devenant synonyme de celui de « chevalier ». À la même époque, ils commencent à prendre des noms à l'instar des nobles, souvent le nom d'un château. Ils accumulent également des richesses et obtenir le droit de posséder des fiefs jusqu'à accéder à la noblesse.

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