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Ostheim


[1] Osthaim/Ostheim : ce nom est d'origine celtique, ost signifiant au bord d’une rivière et haim (ou heim) la maison – ce qui entraîna dès 800 au changement en Ostheim.
La rivière est la Fecht dont le nom est aussi d’origine celtique ; elle est un affluent de l'Ill.

 

À lire pour en savoir plus...

Osthaim, de l'origine toponymique d'Ostheim

par Christian C. Emig

et encore plus en pdf

 

 

Blason d'Ostheim
Ostenheim sur le tocsin datant de 1662

Blasonnement, depuis la fin du xviie siècle, représente une ramure de cerf de gueules en pal, rappelant la famille de Wurtemberg, sur un mont de trois coupeaux de sinople duquel sont mouvants un socle de charrue à dextre et un coutre de même à senestre, et de deux lettres majuscules O et S, aussi de sable, posées en chef, l'une à dextre et l'autre à senestre.

 


 

Seigneurie de Riquewihr  

 


 

Les premiers vestiges archéologiques, fort modestes, sur le ban d'Ostheim, datent de l'âge du Fer, vers 750-650 av. J. C. (période Hallstatt) correspondant à la présence celtique en Alsace.
C'est en l'an 785 qu'Ostheim est répertorié sous la dénomination Osthaim [1], dans une donation en faveur de l’abbaye de Fulda (situé en Hesse). Et c'est début 800 que le nom Ostheim est utilisé pour le première fois. Jusqu'à la Réforme, introduite en 1535, le village fit partie successivement de l'abbaye d'Ebermünster (Ebersheim à l'époque) en 998, du monastère d'Etival en 1643, de l'Evêché de Bâle, ainsi que de la commanderie de l'ordre des Chevaliers Teutoniques de Kaysersberg. Jusqu'à la Réforme, la paroisse faisait partit du doyenné « Ultra Colles » de l’évêché de Bâle (aussi de Strasbourg).
L'agriculture, l'élevage puis, grâce à la proximité d'une eau courante, la pêche furent en ces temps, l'occupation des habitants. Faisant partie depuis 1298 des domaines des seigneurs de Rappolstein (Ribeauvillé), le village d'Ostheim passa en 1324 à Ulrich III de la maison de Wurtemberg et y resta attaché jusqu'à la Révolution Française (cédé à la France en 1796), comme membre de la seigneurie de Riquewihr avec les villages voisins (Beblenheim, Mittlewihr, Hunawihr et Aubure). Après que le duc Ulrich de Wurtemberg eut honteusement opprimé et exploité ses sujets, il fut chassé de ses terres et banni par l’empereur Charles-Quint, ses terres incorporées aux terres de l’Empire. En 1519, ce dernier transmit ces terres à son frère Ferdinand, archiduc d’Autriche, de ce fait  la Seigneurie de Riquewihr sera autrichienne pour quelques années. En 1526, Ostheim revient à la dynastie des Wurtemberg ; en général les ducs de Wurtemberg se sont avérés de bons souverains et aimés de leurs sujets.
Sa petite église a probablement été construite courant Xe siècle (la date exacte de sa construction reste inconnue) au milieu d’un cimetière, près d’un ossuaire : elle était composé d’une nef, d’un cœur et d’une tour et était dédié à St Nicolas. Le prêtre catholique Rudolph Tauber prêchait la nouvelle doctrine Abjectis Papatus Errobus pendant la guerre des Paysans, ceux d’Ostheim prirent aussi les armes et se battirent à la bataille de Scherrwiller le 20 décembre 1525 où la plupart trouvèrent la mort, ainsi que Tauber lui-même.

La Réforme fut introduite en 1535 : réformés jusqu'à la mort du comte Georg I. von Württemberg en 1558, les prédicateurs de ce nouveau courant furent Mathias Erb de Riquewihr et Félix Führ de Wyhr lequel, à Ostheim, fut le premier pasteur en 1538. Ce n’est qu’en 1564 que adopta la doctrine luthérienne est adoptée sous la pression du tuteur de son fils Friedrich I.
Á travers les époques, Ostheim a subi les vicissitudes, dont l'Alsace a été le théâtre : la guerre des Armagnacs (1444-45), la guerre des Paysans, la guerre de Trente-Ans (1635-1642) et les autres guerres successives au XVIIe siècle, le pire arriva à Ostheim pendant la guerre de Louis XIV en 1635, les soldats impériaux, les troupes lorraines dévastèrent le village, durant lesquels de nombreux habitants se réfugiaient à Riquewihr ou à Ribeauvillé, ce qui entraîna le dépeuplement total du village, et ce n’est qu’en 1679 que la population put réintégrer le village. De ce fait, aucun baptême, mariage ou décès n’y eurent lieu. Cet "exil" de 5 ans est sans doute la partie d’histoire la plus tragique du village, avant sa destruction en 1945. Dans les deux cas, il s’est passé un certain temps avant que la commune se soit complètement remise. Par les traités de Westphalie (1680), l’Alsace passa sous souveraineté française sous contrôle de l’empereur du Saint-Empire, donc peu changea, chacun possédant resta maître sur ses terres et Ostheim resta wurtembergeois jusqu’en 1796 quand la seigneurie fut cédée à la France.

En 1686, le village devint la résidence de la princesse Anna de Wurtemberg, dite "Duchesse aux chiens", fille de George Ier ; en 1701, le prince régnant à Montbéliard, Leopold-Eberhardt, cède les communes d’Ostheim et d’Aubure à sa sœur Anne qui était entourée d'une véritable cour de chiens, pour lesquels elle a construit une chapelle commémorative. La princesse Anne, souveraine d'Ostheim, décèdera en 1733, à l’âge de 73 ans. Ce qui restait encore de son Manoir fut totalement détruit en 1944. Par l’édit royal du 25 juillet 1688, Louis XIV institue le simultanéum dans les églises protestantes alsaciennes (quand il y avait plus de 7 familles catholiques parmi les habitants d’un lieu), qui, à Ostheim, dura jusqu’en 1854 quand les deux religions eurent chacune leur église. Brimades et exactions contre les protestants allaient souvent au-delà des limites fixées par les traités, sous contrôle de l'Empereur d'Allemagne.

Parmi les anciennes familles vivant à Ostheim depuis le XVIe siècle, pour la plupart protestantes, on peut mentionner les familles Barbaras, Bollenbach, Brechbühler, Engel, Fröhlich, Hoffert, Kessel, Kuchel, Mather, Manny, Monschein, Nadelhoffer, Liss, Sattler, Scherlinger, Specht, Sturm, Utzmann, Wickersheim, Wölfersheim, tous petits fermiers et voituriers ; nombre étaient originaires d’autres régions allemandes et de Suisse.

Durant le XVIIIe siècle, Ostheim, continue son expansion  grâce au travail de ses habitants, qui ont fait valoir la fertilité de leur banlieue. L'agglomération rurale avec ses 120 habitations situées sur les deux rives de la Fecht, « la rapide, l'impétueuse », reliées par un solide pont, comptait en 1771 lors de l'établissement d'une nouvelle estimation des propriétés: 14 grands immeubles de 1e classe appartenant aux  Kessel, Oehlert, Umbdenstock, et Ostermann, cette dernière bien connus comme "maître de poste aux chevaux" 995 habitants, 156 maisons, 197 feux, telles étaient les données statistiques à la fin du XVIIIe siècle où les paysans d'Ostheim fidèles à leur passé restaient rivés, malgré les changements de régimes politiques, à leurs terres, champs, prés, forêts, vignes même, tout en développant leur riche cheptel de bœufs, de vaches, de chevaux, de porcs, de moutons, d'oies etc.

A partir du 9 Thermidor de l’an IV (16 avril 1796), Ostheim avec la Seigneurie de Riquewihr cessa de faire partie des domaines des ducs de Wurtemberg et devint partie intégrante de la République Française. Le village n'a pas été épargné par les tourments de la Révolution française, elle était saluée avec enthousiasme, chez nous et comme partout, les cloches sonnaient le mot d’ordre :  Liberté - Egalité - Fraternité. L’église fut fermée et transformées en temple de la déesse de la vertu, voire même en magasin de fourrage ou de céréales. Ce régime de la terreur durait jusqu’au moment où Napoléon remis tout en ordre.

En 1800, Ostheim comptait 900 habitants et 156 maisons (avec un pic en 1841 avec 1869 habitants) ; en 1901, 1214 et en 1999, 1371 habitants (données INSEE). La population participait, du point de vue économique, à la fois des ressources purement agricoles de la plaine et de la culture viticole par les propriétés que nombre de ses habitants détenaient dans les territoires de Beblenheim, Zellenberg ou Ribeauvillé. Réputé riche, le bourg n'en comptait pas moins des écarts importants entre grands propriétaires et simples journaliers, situation que l'expansion démographique du début du XIXe siècle a fortement aggravé, alimentant l'émigration vers l'Amérique du Nord à partir des années 1840. La ligne de chemin de fer Colmar - Benfeld fut mise en service le 18 octobre 1840.
Les difficultés économiques et administratives dans première moitié du siècle, provoqua l'émigration de plus de 20 % d'Ostheimois, principalement vers les Etats-Unis et l’Algérie. En l’an 1865, la commune comptait 1575 habitants, dont 649 étaient catholiques et 926 protestants, en l’an 1895 il n’y avait plus que 1205 habitants dont 540 catholiques et 651 protestants, 13 avaient une autre confession. Cette baisse brutale de la population était due à l’émigration.

Après la guerre de 1870/71, par le traité de Francfort du 10 mai 1871, la France perdit l'Alsace et la Lorraine germanophone, intégrées au nouvellement créé IIe Reich. Pendant la Ie Guerre mondiale, les jeunes ont été incorporés dans l'Armée allemande, 34 ne sont pas revenus. Après la capitulation de l’Allemagne, le 11 novembre 1918, l'Alsace-Lorraine revint à la France. Puis, suite à la défaite de la France en 1940 suivie de l'annexion de l'Alsace et de la Moselle (Lorraine) au IIIe Reich, une période sombre de l'histoire d’Ostheim et alsacienne en particulier commença. En 1942, les jeunes Alsaciens sont incorporés de force dans la Wehrmacht et sont principalement envoyés sur le front russe, dont 31 ne sont jamais revenus, déclarés morts ou portés disparus.

Voici une description du village avant la Seconde Guerre mondiale : « Village coquet caché dans un nid de verdure, sommeillant dans sa forêt d'arbres fruitiers, aux vieilles maisons cossus et imposantes, avec son nid de cigognes perché sur un mur féodal, Ostheim était un bourgade propre et paisible s’étalant largement sur les bords verdoyants de la Fecht. »

Les paysans d'Ostheim fidèles à leur passé restaient rivés, malgré les changements de nationalité, notamment au XIXe et XXe siècles, à leurs terres et riches cheptels. En 1944, la guerre s'installe au sein même du village pour près de 60 jours durant la bataille de la "Poche de Colmar". Quartier par quartier, les maisons sont pilonnées par les chars américains et l'artillerie dura 3 semaines. Peu avant Noël, le village est évacué. Il est détruit à 98 %, 553 bâtiments, dont 165 maisons d'habitations sont détruites à 100%, 27 immeubles sont sinistrés à 75%, 103 sont à moitié et 70 à 25%; la Mairie, les deux églises, une école, un moulin, deux scieries, une fromagerie industrielle, 16 entreprises commerciales et artisanales ne sont que ruines, 6 entreprises sont détruites à 50%.

Le nid de Cigognes, construit sur le mur de pignon, seule partie restante, de la maison Ostermann - ancien Relais de la Poste aux Chevaux datant 1747 - a défié la tourmente de 1944-1945. Les cigognes revenues sur leur ancien nid (depuis 1930) et le mur "survivant" est devenu le Monument aux Morts des guerres 1914-18 et 1939-45.

La première église protestante était située dans la partie sud-est de l'agglomération, entourée du cimetière. Exigé par Louis XIV quand au moins 7 familles catholiques résidaient dans une localité, un simultaneum fut installé en 1687, un curé royal fut nommé en 1738. Vers 1840, la reconstruction d'une église mixte fut envisagée, mais, après bien des tracasseries administratives depuis 1789, c'est finalement deux nouvelles églises catholique et protestante, qui furent érigées en 1852.
Les deux églises furent détruites lors des bombardements de 1944. Jusqu'en 1960, les deux paroisses célébraient leurs offices dans des églises provisoires en bois. La construction de deux nouvelles églises fut commencée en 1958, sur d'autres emplacements, au bord de la Fecht. L'église protestante fut construite à l'emplacement du manoir de la "Duchesse aux chiens" (voir ci-contre).
Le cinquantenaire des deux églises fut célébré le 29 mai 2011 ; il donna lieu à l'édition d'une plaquette : Histoire de nos deux paroisses (dont sont extraites ces lignes ci-dessous, p. 19) - .

« Mi-février 1945 on revint. Il se trouva encore assez de bancs, de chaises et de tabourets pour transformer en lieu de culte la salle du restaurant Baltzinger après avoir bouché les trous d'obus par des planches. Inoubliable ce premier culte de communion, avec le texte de Néhémie chapitre 4 : "Ceux qui bâtissaient la muraille travaillant d'une main et tenant l'arme de l'autre". Pour nous l'arme ne pouvaient être que la prière... » 

Dans une interview au quotidien Derniers Nouvelles d'Alsace (janvier 2021), notre cousin Jean-Jacques Sturm a fait un résumé de sa large documentation sur la libération d'Ostheim (décembre 1944-janvier 1945) au cours de la bataille de la Poche de Colmar, le village fut détruit à plus de 90%, dont nos maisons familiales. Il avait 13 ans à l'époque.

Souvenirs à partir de photos actuelles : un tour dans Ostheim

Lire aussi la plaquette sur le village


Cadastre du ban communal d'Ostheim établi au XVIIIe siècle, avec les bans voisins et leurs limites (en brun) - et les bans (en rosé ou gris) des communes actuelles (noms en noire). Carte modifiée.

Le détail du triangle Fecht – route d'Ostheim à Séléstat – rivière Altenbach dans lequel se situe les constuctions orignelles de la villa Osthaim au VIIIe siècle : noms des terres et leur usage à l'époque du cadastre sont mentionnés dans le tableau ci-dessous.

Liste des terres recensées dans le cadastre ci-dessus avec leur nom, superficie et usage dans la zone correspondant à la création originelle du village (lire  ) - [a] aujourd'hui nommé Birgelsgaerten, devenu une zone artisanale.

Superficie en :  
arpents
perches
Terres
6. Darsilacker
33
20
Communaux ou terres cultivées comme jardins
19. Rottgärten & Brühlgärten
8
 75
20. Inselgärten
54
21. Graßgärten
1
65
22. Bircklergärten [a]
2
2
23. Rebgärten
8
55
Prés
33. Oberebach Matten
15
88
Pâturages
41. Gäntzweide
4
82
42. Bühl
5
61
44. Emplacement du village, vergers
13
12

 

Aquarelle du Manoir. En premier plan : la rivière Fecht.
À droite : l'escalier donnant accès aux berges aménagées
en lavoir en 1861 [reproduit d'après Sturm J.J., 2007]

A la place de ce manoir a été construite l'église protestante.

 


 



Eglise protestante qui fut le lieu où ont commencé bien des évènements familiaux qui se poursuivaient ensuite dans le restaurant Baltzinger (ci-dessus).

 


 

Liste des maires d'Ostheim depuis 1790

(en rouge ceux apparentés à notre famille - voir Geneanet )

[ et liste plus détaillée de Jean-Jacques Sturm en pdf   ]

1 Laurent OSTERMANN (1746-1814)
1790
2 Jean Daniel OSTERMANN (1761-1795)
1794
3 Jean Michel KLEIN (1765-1848)
1795
4 Jean OSTERMANN
1799
5 Laurent OSTERMANN (1746-1814)
1800
6 Jean Daniel OSTERMANN
1811
7 Jean Michel OSTERMANN fils
1813
8 Jean Michel BOLLENBACH (1769-1821)
1815
9 Jean Michel OSTERMANN (1781-1859)
1830
10 Jean Jacques ORTLIEB (1785-1849)
1834
11 Jean Jacques UTZMANN (1781-1859)
1839
12 Guillaume UMBDENSTOCK (1797-1843)
1843
13 Chrétien Laurent OSTERMANN (1809-1883)
1844
14 Georges UMDENSTOCK
1871
15 Michel Eugène OSTERMANN (1842- )
1876
16 Georges UMDENSTOCK
1891
17 Albert FARNY (1862-1926)
1896
18 Paul OSTERMANN (1878-1956)
1908
19 Frédéric BRECHBÜHLER (1899-1946)
1940
20 Eugène GRIESER
1945
21 Paul (fils) OSTERMANN (1906-1989)
1958
22 Eugène GRIESER
1971
23 Marcel BOEHRER
1974
24 Bernard CHASSEUIL
1983
25 Roger FRITSCH
2001
26 Bernard KEMPF
2014

 


 

Une photo sous verre et encadrée a été découverte par mon neveu Mathieu Acker dans les cartons de la famille Emig à Colmar - le photographe est Heckendorn à Colmar.

Elle est intitulée: Evangelischer Kirchenchor Ostheim - Erinnerung an den 30. Juni 1901 [Chorale de l'église luthérienne d'Ostheim - En souvenir du 30 juin 1901]


[agrandir]

La généalogie des personnes ci-dessus est en cours d'étude, beaucoup ayant des ancêtres communs avec Christian Emig.
Sa grand-mère y figure. Voir les résultats dans Album Sturm 1


 Vendanges - Albert Baltzinger (premier rang avec feutre)


Hôtel-Restaurant Baltzinger,
[il n'appartient plus à la famille depuis les années 1990]


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