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Seigneuries de Riquewihr et de Horbourg


Armoiries des comtes
von Württemberg
(Wurtemberg)



Armoiries des
Wurtemberg-Montbéiard
(Württemberg-Mömpelgard)

La Maison de Wurtemberg trouve ses origines en Souabe (Schwaben)  dans la noblesse au XIIe siècle sous le règne de l’empereur  Frédéric II. En 1495, l’empereur Maximilien Ier, élève le comte Eberhardt « Le Barbu »  de Wurtemberg au rang de duc. Le titre de roi de Wurtemberg sera accordé par l’empereur Napoléon Ier  après la dissolution du Saint-Empire Romain Germanique. Confirmé en 1815 par le Traité de Vienne, le Wurtemberg restera royaume jusqu’en 1918.


Blason de Riquewihr

D'or aux trois ramure de cerfs de sables posées en fasce, la pointe à dextre, surmontées d'une étoile à six rais du même

 


Blason de Horbourg

D'argent à la fasce de gueules accompagnée au canton sénestre [dextre] du chef d'une étoile à six rais de sable [d'après d'Hozier, 1701-1800]

 

Les comtes von Württemberg se sont révélés faire partie de nos ancêtres directs (Sosa) .
À lire aussi : la famille Volland .

Depuis le Moyen-Âge jusqu’à nos jours, l’histoire alsacienne de ma branche paternelle s’explique à travers l’histoire et ses vicissitudes, principalement des seigneuries de Riquewihr et de Horbourg. Et plus...

Apparus en 1o90, les seigneurs de Horbourg et comtes de Witkisau possédaient un domaine étendu, entre l'Ill et le Rhin et la région de Riquewihr et plusieurs fiefs (dont Kunheim et Niederentzen). Ils comptaient parmi les puissants du Sundgau (Haute Alsace)

Seigneurie de Riquewihr - Herrschaft Reichenweier

La seigneurie de Riquewihr se compose des villages de  Hunawihr (Hunaweier), Beblenheim (Bebelnheim), Mittelwihr (Mittelweier), Ostheim, et des villages disparus d’Altenheim et de Regenhausen. Elle était bornée par le comté de Ribeaupierre, la ville impériale de Kaysersberg et celle de Colmar. Font également partie de la seigneurie de Riquewihr les châteaux forts de Reichenstein [1] (celui dominant Riquewihr) et du Bilstein [2], ainsi que le château (datant de 1222) et les environs de Kaysersberg qui sont vendus à l’empire en 1247. En 1291, Riquewihr, fortifié par le sire Burckard, comte de Horbourg, devient ville.

Cette seigneurie, ainsi que la seigneurie de Horbourg (comprenant douze villages : Algosheim, Andolsheim, Appenwihr, Bischwihr, Durrenentzen, Fortschwihr, Horbourg, Muntzenheim, Sundhoffen, Vogelsheim, Wihr et Wolfgantzen), appartiennent aux comtes de Horbourg, dont le premier connu est Conrad en 1125. Ils sont si puissants qu'ils rivalisent avec ceux d'Eguisheim. En 1324, Walter et Buckard de Horbourg, étant sans descendance, vendent leur domaine, seigneurie de Horbourg et celle de Riquewihr, à leur oncle le comte Ulrich III. von Württemberg. Vers la fin du siècle, les Wurtemberg s'allièrent par mariage à la maison des Montbéliard. Ces seigneuries  resteront wurtembergeoises jusqu’en 1796 (officiellement) après longue histoire de près d’un millénaire au sein du Saint Empire romain germanique.

En 1407, par le mariage de Eberhardt IV le Jeune von Württemberg (1388-1419), administrateur des possessions de la rive gauche du Rhin, avec Henriette de Montfaucon (1387-1444), comtesse de Montbéliard, le comté de Montbéliard (Mömpelgard) devint terre d'Empire pour plus de 4 siècles.

En 1484-1489, le comte Henri accorde et confirme la charte de liberté des bourgeois. Riquewihr devient la capitale et  le centre administratif, judiciaire et religieux des possessions des Wurtemberg situées sur la rive gauche du Rhin.  Suit une longue période heureuse jusqu'à la Guerre de Trente ans : le commerce florissant du vin qui s'exportait dans tout l'Empire et les pays hanséatiques, amena la prospérité.

En 1534, la Réforme est officiellement introduite par George 1er (1498-1558) comte de Wurtemberg-Montbéliard ; l’église de pèlerinage (1337) est transformée en presbytère et l’église St-Erard (chapelle d’hôpital) en école des garçons avec logement du maître. Puis, dans les possessions alsaciennes des Wurtemberg, les écoles de village ont été créée dans les années 1540 avec scolarité était obligatoire pour les garçons et les filles. Cette Réforme fut d’influence zwinglienne et ce n’est que par l’introduction de la « Kirchenordnung » de 1571 par le superintendant de l’époque Nikolaus Cancerinius qu’elle devient définitivement luthérienne.
Dès 1560 les naissances, mariages et décès sont enregistrés dans des registres : l’acte de mariage, élément clé de la famille protestante, est également source d’information sur l’identité et l’origine des épouses qui souvent ne sont mentionnées que par leur prénom dans les autres actes. Le passage au calendrier grégorien a lieu fin du XVIIe siècle.

Lors de la Guerre de Trente ans (1618-1648), les armées, sous différentes bannières, déferlèrent sur l'Alsace et dévastèrent tout le pays. La famine et les épidémies firent le reste : le taux de mortalité (environ 50 % de la population) fut extrêmement élevé, la misère s'installa. La seigneurie connut la désolation ; elle aura de la peine à s'en relever, le passage des armées du roi de France en 1675 n'arrangeant pas la situation. C’est en 1680, les émissaires de Louis XIV prirent possession de la seigneurie.

L'annexion de l’Alsace par la France vers 1680 est régie par le traité de Westphalie et reste sous contrôle de l'empereur du Saint-Empire (voir ), notamment le maintien et respect du culte protestant en Alsace. Cependant, des mesures plus restrictives ne se firent pas attendre vis-à-vis des possessions protestantes et de leurs habitants. Mais, à la fin du XVIIe siècle, cette politique coercitive, bien que limitée, s’atténua, surtout après la mort de Louvois en 1692.
Ce fut le cas dans les possessions du duc de Wurtemberg, notamment des seigneuries de Riquewihr et de Horbourg, devenues françaises, mais restant soumise aux lois et coutumes du Saint Empire Romain Germanique et aux ordres des Wurtemberg jusqu’en 1796. Le traité de Ryswick (1697) qui met fin à la ligue d’Augsbourg marque un arrêt de la politique impérialiste de Louis XIV, obligé de rendre à l’Empire toutes les têtes de pont que la France avait sur la rive droite du Rhin.

A partir de la fin du XVIIe siècle, pour repeupler leurs possessions les Wurtemberg firent appellent à leurs populations de la rive droite du Rhin et à celles protestantes de Suisse, notamment du canton de Berne, pour repeupler leurs villages alsaciens (voir origine de nos ancêtres).

Par le traité de paix signé à Paris, le 7 août 1796 (20 thermidor an IV), le duc de Wurtemberg renonce, en faveur de la République française, pour lui, ses successeurs et ayant-causes, à tous ses droits sur ses possessions sur la rive gauche du Rhin : la principauté de Montbéliard (déjà rattachée à la France le 10 ocotobre 1793), les seigneuries d'Héricourt, de Passavant (Franche-Comté), et celles alsaciennes de Horbourg et de Riquewihr.


[1]  Château Reichenstein.

Situé à 425 mètres d'altitude au lieu dit Kappenwald, à quelques kilomètres à l’ouest de Riquewihr, le Reichenstein fut érigé, entre 1240 et 1250, à l'initiative des comtes de Horbourg, aux marches de leur domaine. Inféodé à la famille des Reichenstein vers 1255, la vie de ce château fut de courte durée. Des faits de brigandages et de pillages, visiblement menés par les frères Giselin de Reichenstein, sont raportés aux villes de Colmar et de Strasbourg. Ces dernières, constituant une milice dirigée par Rudolph de Habsbourg, organiseront une expédition punitive visant la destruction du château. Ce fut chose faite en 1269.
Le Reichenstein ne s'en relèvera pas. Il ne subsite plus de nos jours, que la ruine imposante du donjon pentagonal avoisinant la hauteur de 17 m.


[2]  Château de Bilstein

Le château de Bilstein-Aubure surplombe la commune de Riquewihr à 757 mètres d'altitude et domine le vallon du Strenbach (voir carte ci-contre). Le château est mentionné dès 1217, comme étant le fief de Thiébaut de Lorraine et occupé par les comtes de Horbourg.
Les Horbourg vendent leur seigneurie en 1324 à leur oncle Ulrich de Würtemberg. Ce dernier transféra du château l'image miraculeuse de la Vierge dans l'église Notre-Dame de Riquewihr en 1387.
Travaux d'agrandissement sont entrepris par la famille Würtemberg au cours du XIVe siècle. D'autres travaux de restauration sont également mentionnés du XVe au XVIIe siècle.
En 1547 le château est attaqué par les troupes impériales mais sans succès. En 1636 les armées impériales menées par le Comte de Schlick finiront par piller et détruire partiellement le château.
Peu après 1655, le château de Bilstein est abandonné et sert de carrière de pierre.

Lithographie du Château de Bilstein près de Riquewihr (1863).



Deux peintures de Riquewihr par le peintre-dessinateur colmarien
Jean-Jacques Waltz, dit Hansi (1873-1951) :
Ci-dessus - une vue du village
et
Ci-dessous - la "Porte Haute" datant du début XIVe siècle
et derrière le Dolder (1291).


Riquewihr vers 1650
Dessin de Matthäus Merian, in Zeiller (1663).
[Cliquez sur les images pour agrandir]

Distribution des familles de la branche paternelle de Christian Emig dans les possessions devenues protestantes à la Réforme. Elle permet de comprenndre les relations entre nos familles vivant dans les seigneuries du duché de Wurtemberg, jusqu'à nos jours. Les limites des possessions sont indicatives, car elles ont variées au cours des siècles en fonction des mariages, des ventes, des héritages...


Seigneurie de Horbourg - Herrschaft Horburg

Chuonradus (Conrad) est le premier seigneur de Horbourg que l’histoire mentionne, en 1123. Il est cité avec le titre de comte. Le seigneur de Horbourg est institué juge de région dans le comté de Witkisaue par le fisc.

La seigneurie de Horbourg, comme celle de Riquewihr, faisait partie du comté de Wickisau (Willisau ; aussi Witkisau, Wickißow) qui s'étendait sur la rive droite du Rhin (château fort de Sponeck). Outre les villages de Horbourg, Andolsheim, Sundhoffen, Appenwihr, Wolfgantzen, Algolsheim, Volgelsheim, Durrenentzen, Muntzenheim, Fortschwihr, Bischwihr, elle comportait de nombreux fiefs dont les plus importants sont Niederentzen, Kunheim, et aujourd’hui disparus Barbenstein et Lengenberg.

En 1324, les deux frères Walter et Burckard de Horbourg, sans descendance, vendent toutes leurs possessions à leur oncle le comte Ulrich de Wurtemberg (1325–1344), pour 4400 marcs (marks) d'argent en mesure de poids de Colmar.

En 1543, le comte Georges 1er fait reconstruire le château comtal de Horbourg (sis sur les ruines du castellum daté du IVe siècle). Il sera totalement démantelé par Turenne en 1675, sur ordre de Louis XIV. La seigneurie est confisquée par le roi de France, puis rendue aux Wurtemberg.
En 1593, l'église protestante fut érigée par Heinrich Schickhardt, l'architecte attitré du comte de Wurtemberg. Elle devra être partagée depuis 1685 avec les catholiques (obligation du simultaneum), jusqu'en 1897 (date à laquelle fut construite l'église catholique). Elle sera reconstruite et agrandie en 1906-1907.

Lithographie de F. X. Sailé (in Foltz, 1887) du château des Wurtemberg après la restauration en 1594. Il a été modelisé en 3D par Cartier (2020).

Les seigneuries de Horbourg et de Riquewihr poursuivent leur histoire commune jusqu’en 1796, date du rattachement à la France (voir ci-contre).


Historique de quelques localités
Hunawihr / Jebsheim / Mittelwihr / Muntzenheim / Ostheim /

et Diaporamas
Beblenheim / Jebsheim-Muntzenheim/ Kaysersberg / Mittelwihr / Ribeauvillé


Quelques liens :


À lire :

Cartier L. (2020). Modélisation 3D du château disparu des Wurtemberg à Horbourg-Wihr et exploitation de la réalité augmentée pour une mise en valeur dans la trame urbaine contemporaine. Revue XYZ, 142, p. 63-68.

Foltz C. (1887). Souvenirs historiques du Vieux Colmar, suivis d'une courte notice biographique des hommes distinguées de cette ville. Barth, Lorber & Sailé, Colmar, 423 p. [lithographies de F.-X. Sailé].

Herrenschneider E. A. (1894). Römercastell und Grafenschloss Horburg, mit Streiflichtern auf die römische und elsässische Geschichte; mit Plänen und Zeichnungen von Baurat Winkler. Barth, Colmar, 239 p. [traduit en français et publié par ARCHIHW, 1993].

Hozier C. R. d' (1701-1800). Volumes reliés du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696, par Charles d'Hozier (1697-1709). I - Alsace. Manuscrit, 812 p.

Klein G. (1991). Riquewihr, richesses dévoilées. Alsatia, Colmar, 158 p.

Köbler G. (2007). Historisches Lexikon der Deutschen Länder: die deutschen Territorien vom Mittelalter bis zur Gegenwart. Beck, Munich, 976 p.

Pfister C. (1888). Le Comté de Horbourg et la seigneurie de Riquewihr sous la souveraineté française (1680 -1793). Revue d’Alsace, (n.s., tome 2) tome 39, 23-56, 145-174, 232-248, 365-408.

Schoell T. (1894). Horbourg-Argentovaria. Revue d'Alsace, 8 (45), 504-532.

Zeiller Martin (1663). Topographia Alsatiae. Das ist/ Vollkömliche Beschreibung und eygentliche Abbildung der vornehmbsten Städt und Oerther/ im Obern und Untern Elsaß/ auch den benachbarten Sundgöw/ Brißgöw/ Graffschafft Mümpelgart/ und andern Gegenden. Topographia Germaniae. Illustrations par Matthäus Merian. Sporlins, Frankfurt am Main, 221 p. [disponible en open access]

 


 

Riquewihr en hiver (© Photo Guy Wurth)

 


 

Ci-dessus : Reichenwihr (Riquewihr) avec la localisation des châteaux de Reichenstein et de Bilstein (flèches jaunes)

Deux extraits de la carte de Daniel Specklin, en 1576 nommée "Elsass ist der Vier provintzen eine Im teutschen Landt"
[Cliquez sur les cartes pour agrandir]

Ci-dessus : Horburg (Horbourg) (flèche jaune)

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