Famille Emig - Bouisson

Cousinages illustres : le colonel républicain Johann Daniel Öhlert, dit Grand-Pierrot
        grand-père de Daniel Victor Œhlert, un scientifique paléontologue et géologue

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Johann Daniel ÖHLERT (1765-1814) ** go

Il est né le 6 juillet 1765 dans une famille protestante d’Ostheim (Haut-Rhin). Fils de Johann David (1737-1808), cultivateur, membre du conseil municipal, et de Kessel Maria Barbara (†1790), il est le 5e d’une fratrie de 8 enfants. En secondes noces avec Barbaras Anna Catharina (1762-1832), son père aura 6 autres enfants.

Son grand-père Otto Heinrich Öhlert, protestant luthérien, est venu de Memel en Prusse orientale, Allemagne (aujourd'hui Klaipéda, Lituanie), à Riquewihr, dans le vignoble alsacien à une quinzaine de km de Colmar. Il s'y marie le 15 septembre 1722 avec Barbara Hönisch ; leur premier enfant, au moins, y est né avant qu'ils aillent s'installer à Ostheim, vers 1730, où naissent les autres enfants.

go - Résumé de l'acte de mariage du 15 septembre 1722 : Otto Heinrich Öhlert, fils de Johannes Öhlert, bourgeois de Memel dans la Province de Prusse-Orientale, dans le Royaume de Prusse (Allemagne), épouse à Riquewihr Catharina Barbara, fille de Johann Georg Hönisch du comté de Wurtemberg (Horbourg et Riquewihr).


Armoiries des comtes de Wurtemberg

Blason de Riquewihr

Blason d'Ostheim

Ses ascendants go [et ci-dessous] et descendants :

Genealogie

Nous cousinons avec Johann Daniel Oehlert par sa mère Maria Barbara Kessel...un clic ici


Sa carrière en quelques années :

1787 : il s’engage à 22 ans, dans le Régiment d’Alsace go.                                         Drapeau du Régiment d'Alsace >

1791 : il devient tambour-major au 5e bataillon du Haut-Rhin.

1792 : il prend part à 52 combats, dont la bataille de Fleurus go (1794) avec le grade de capitaine.

1794 : il est envoyé avec son bataillon dans l’armée des côtes de Cherbourg, sous les ordres du général Hoche.

1795 : création de la compagnie de contre-chouans ; le capitaine Oehlert est placé à la tête de celle de Laval avec 150 soldats alsaciens. Il rapporte lui-même sa mission ainsi :
    Ordre nous fut donné de nous rendre dans le département de la Mayenne, alors infesté de rebelles. On en était réduit à faire escorter, par des troupes armées, les voitures et les voyageurs, et, cependant, malgré ces précautions, de nombreux malheurs arrivaient : les rebelles dominaient par le nombre et faisaient main basse à la fois sur les hommes, les marchandises et l’argent. Les généraux se concertèrent sur les moyens de soumettre les rebelles : ils résolurent de former une compagnie franche, aux uniformes variés et multicolores, pour qu’il n’y eut [sic] plus de différence entre elle et les rebelles. Je fus, moi, Jean Daniel Oehlert, capitaine de 85e demi-brigade, chargé par le général en chef du commandement de cette compagnie. J’acceptai ce commandement pour le bien de la République. On m’assigna la ville de Laval pour ma résidence : il m’était permis de guerroyer à mon gré les rebelles. Je marchais nuit et jour à travers les haies et buissons, faisant main basse sur un nombre infini de misérables qui ne voulaient point se soumettre à la loi.

Carte des localités principalement fréquentées dans la Mayenne/Sarthe
par le grand-père Johann Daniel Öhlert et son petit fils Daniel Victor Œhlert
- cliqez sur les départements pour agrandir -

Avec sa compagnie d’Alsaciens, dont le prieuré Saint-Martin de Laval servait de caserne, Oehlert pouvait donner des ordres en alsacien, sans être compris des rebelles chouans. Son surnom est le « Grand Allemand » (*), aussi le « Grand Pierrot ». Il devient rapidement le principal ennemi des chouans mayennais. Claude-Augustin Tercier, chef des chouans de Vaiges, est résolu à s’en débarrasser. Il raconte : « …je vous promets qu’avec de l’exactitude et un peu d’intelligence, vous ne tarderez point à être délivrés de cet homme, qui jette la terreur dans le pays ». Il n’en sera rien. Le journal Le Républicain rapporte « qu’il a constamment battu les chouans qui le regardoient comme un sorcier et disoient qu’il charmoit les balles ». Ainsi se crée la réputation d’invincibilité du Grand Pierrot, que Duchemin des Cépeau traduit par ces mots : « Les paysans finirent par croire qu’il avait fait un pacte avec le diable et que les balles qui venaient le frapper tombaient à ses pieds sans le blesser. »
    (*)  Nota : souvent donné comme ayant une taille de 190 cm - la vraie est stipulée dans le document de congé de l'armée royale en 1789 soit : 5 pieds (=163 cm), 7 pouces (=19 cm), 9 lignes (=2cm) donnant 184 cm, selon les unités de mesure françaises.

laval

1796 : la première pacification. En septembre, le capitaine Oehlert d'une compagnie franche de chasseurs des Côtes de l'Océan est promu chef de bataillon. Puis, il entre dans la garde du Directoire et devient adjudant-colonel. Il réside à Paris après s’être marié le 19 avril 1797 à Laval avec une Lavalloise Françoise Marie Madeleine Pottier-Fortinière (1768-1834).

Blason de Laval >

1799 : Retour en Mayenne, à Laval où Oehlert reprend du service à la demande de la ville de Laval contre les “mécontents”, chouans qui se sont organisés pour mener une nouvelle révolte. Chef de bataillon de la garde du Directoire, commandant les colonnes mobiles de la Mayenne, il est grièvement blessé lors d’un combat contre les chouans, le 6 août 1799 : il se met à chanter Mourir pour la patrie est le sort le plus beau et le plus digne d'envie go (le chant des Girondins) - l’a-t-il chanté en français ou en allemand ? Son état nécessite son transfert à Paris.

1798 : de retour, il devient commandant de la forteresse d’Oléron.

1801 : Il est nommé adjudant supérieur chef de brigade titulaire (=colonel aujourd’hui) par Bonaparte.

Il a eu 8 enfants. Il finit ses jours à la retraite à Laval où il meurt le 5 décembre 1814, à 49 ans.

Son petit-fils Daniel Victor Œhlert, fils de Victor Henri (1803-1883) et de Féron Adèle (1820-1895), né à Laval, fut bibliothécaire et conservateur des Musées d'Archéologie et d'Histoire naturelle; il mena une carrière de paléontologue et géologue surtout dans les départements de la Mayenne et de la Sarthe.
      Pour en savoir plus...


Si contraint de mourir - chanson composée par Johann Daniel Oehlert (d'après Robert, 2010)

Nul père, nulle mère en ce monde,
Qui ne s’inquiète de ses fils à l’armée,
Le jour, la nuit, ils songent à l’enfant,
Est-il vivant, est-il blessé ?

Pères et mères, ne vous affligez pas tant :
Moi et mon frère en répondons :
Qu’on saisisse le glaive, qu’on se batte pour la patrie
Plus de rois, plus de chaînes

Couronnes tyranniques de temps ancien
tu gouvernas avec noble lignée
Ton sceptre étendu est maintenant déposé
Enseveli au fond du tombeau

Montrez votre courage, héros de la France,
Battez vos ennemis ; il doit en être ainsi :
Frappez de concert, chassez-les du pays
Ruban tricolore sera votre récompense

Vous guerriers, dans toutes les circonstances
Songez au bonheur de la France
De l’ennemi apaisons les projets vengeurs,
Et nous serons heureux.

Épargnez les frères fidèles
Qui nous ont prêté appui,
Et par ainsi par ce moyen,
la patrie sera protégée.

“Panoplie d’honneur du Grand Pierrot” d'après Laurain (1928) (modifié)


Extrait de Duchemin des Cepeaux (1855, p. 509-511) : « Les colonnes mobiles de Faux-Chouans, décrétées par la Convention, furent alors régulièrement organisées dans chaque ville. Celle de Laval se fit particulièrement redouter. Elle était commmandée par un Allemand surnommé le Grand-Pierrot. Cet homme, aussi rusé... » Lire la suite... go


Extrait de Sée (1930, p. 404-405) : « L'homme qui fit le plus pour l'extinction de lu chouannerie de la Mayenne, ce fut un Alsacien, Daniel Œhlert, capitaine de la 3e compagnie de la 85e brigade, envoyée à Laval en février 1795. Il exécuta admirablement le plan de campagne tendant à détacher des royalistes la masse de la population rurale, assez molle et qui, après tous ces troubles, aspirait au repos. Il a recours à des « contre-chouans », qui sans relâche parcourent la campagne ; la compagnie d'élite qu'il dirige fait une guerre d'embuscade et de ruse, qui harcèle les chouans. C'est à l'intrépidité du Grand-Pierrot (ainsi appelait-on Œhlert dans le pays) que Laval dut le salut. En novembre 1796, il fut récompensé par le grade de chef de bataillon dans la garde du Directoire exécutif. Mais, ayant épousé une jeune fille de Laval, il conservait des liens avec le pays. Aussi, en 1799, l'employa-t-on encore à pacifier la région de Mayenne et d'Ernée, où les troubles sévissaient de nouveau. Il réussit parfaitement dans cette tâche, mais, blessé grièvement, il dut se retirer, avec le grade de chef de brigade. Sa carrière était en fait arrêtée, dés 1800, et il devait mourir en 1814, à l'âge de 41) ans, laissant dans la gêne sa nombreuse famille. »


Extrait de Rouillard (1985, p. 108) : « Nous n'avons pas pu évoquer tous les Lorrains et tous les Alsaciens qui se sont distingués d'une façon ou d'une autre dans les différentes armées aux prises. Nous avons également négligé, quitte à le reprendre ultérieurement, tout un aspect de notre propos, car notre exposé, bien qu'incomplet, s'est volontairement limité à la Vendée militaire ; d'autres chapitres auraient pu étudier l'action de nos compatriotes dans les départements chouans du nord de la Loire : dans la Mayenne, où Oehlert le Strasbourgeois, dit le Grand Pierrot, fut l'organisateur de la contre-chouannerie popularisée par le roman de Balzac


Sources et Liens

  • Archives départementales de la Mayenne, Laval
  • Archives Nationales, Paris
  • Angot A. V. (1900-1910). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Goupil, Laval, 4 vol.
  • Balzac H de (1829). Le dernier Chouan, ou La Bretagne en 1800. Canel, Paris, 4 vol.   pdf
  • Chassin C. L. (1892-1900). Etudes documentaires sur la Révolution française : - La préparation de la guerre de Vendée, 3 vol., 1892 ; - La Vendée Patriote, 1793-1800, 4 vol, 1893 ; - Les Pacifications de l'Ouest, 1795-1815, 3 vol., 1896-1899 ; - La Vendée et la Chouannerie, 1900.
  • Commission historique et archéologique de la Mayenne (1927). Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne.
  • Duchemin des Cepeaux J. (1855). Souvenir de la Chouannerie. Godbert, Laval, 529 p.   pdf
  • Laurain E. (1928). Chouans et contre-chouans : Denis Brice dit Tranche-Montagne, Daniel Oehlert dit le Grand-Pierrot. Les Arts Réunis chez Goupil, Laval, 211 p.
  • Quintin D. & Quintin B. (2012). Oehlert (Jean-Daniel). In : Dictionnaire des chefs de brigade, colonels et capitaines de vaisseau de Bonaparte, premier consul. Kronos, SPM, Paris, p. 251.
  • Robert A. (2010). Un Alsacien contre les chouans : Jean-Daniel Oehlert et ses armes. Maine découvertes, 66, p. 35-40.   pdf
  • Rouillard J. M. (1985). Gens de l'Est dans les guerres de l'Ouest. Mémoires de l'Académie Nationale de Metz, A139-140 (série 5), p. 63-124.   pdf
  • Sée H. (1930). E. Laurain : Chouans et contre-chouans : Denis Brice, dit Tranche-Montagne; Daniel Œhlert, dit le Grand-Pierrot. Annales de Bretagne, 39 (3), 403-405.   pdf
  • Valin M. (1985). Chouans de la Mayenne. Siloé, Laval, 176 p., 16 pl. hors-texte.

  • Ostheim : Johann Daniel Oehlert.
  • Wikipedia : Jean Daniel Oehlert


Ses origines :

Les origines de la famille Öhlert sont prussiennes, bavaroises, rhénanes et alsaciennes (voir carte A ci-contre). C'est Johann Daniel Öhlert, militaire, qui est parti dans la Mayenne et qui s'y est marié, à Laval avec Pottier Françoise. Les origines de cette dernière et de sa belle-fille Adèle Féron, épouse de Victor Henri Oehlert, sont données ci-dessous sur la carte B, ainsi que celle de Pauline Crié, épouse de Daniel Victor Œhlert.



Ses cousinages... go

Dans les relations familiales protestantes directes à Ostheim même, c'est par sa mère Maria Barbara Kessel, que Johann Daniel Oehlert (1764-1814) cousine avec deux généraux d'Empire : le général Johann Jacob (Jean Jacques) Kessel (1772-1819) et son cousin germain l'aide de camp de Napoléon de 1800 à 1814, le général Johannes (Jean) Rapp (1771-1824) - [voir aussi go]. Difficile de penser que dans leur jeunesse, ces trois garçons n'aient pas eu de multiples occasions de jouer ensemble. Les passages de Rapp à Ostheim sont encore dans les mémoires.

** La révélation de ce cousinage, je la dois à Jean-Jacques STURM (Ostheim, Haut-Rhin) qui, au printemps 2013, m'a envoyé la généalogie des Oehlert (ou Öhlert), qui fut à l'origine de mes travaux sur la biographie et bibliographie de ces cousins. Je ne peux oublier Michel ITTEL qui m'a donné la généalogie de la famille Kessel, parmi d'autres, ce qui m'a permis de faire le lien avec ma famille. Merci à tous les deux.

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