Johann Balthasar SCHNEIDER (1612-1656), juriste, stadtschreiber, diplomate
1. Armoiries
Les armoiries de Balthasar Schneider ne sont mentionnées que dans l’Armorial d’Alsace (1861, p. 259, n° 136) et figurées ci-dessus :
N° 136. JEAN-BALTHAZAR SCHNEIDER, bourgeois de la ville de Ricqueville ; (Riquewihr.) Porte de gueules à deux fleurs-de-lis d'argent, coupé de même à un chevron de gueules.
Et sur la même page de l'Armorial, sous le n° 137, celle de son fils posthume Johann Benedict, né en 1656 à Colmar, sont les mêmes.
Fig. 1. Armoiries de J. Balthasar Schneider - un extrait de la Fig. 2c qui est le portrait (gravure sur cuivre) réalisé à Münster (Westphalie). L'écu a été colorisé selon le blasonnement décrit.
Ce blasonnement se traduit aujourdhui ainsi : Coupé au 1 de gueules à deux fleurs-de-lys d'argent, au 2 d'argent à un chevron de gueules. Le descriptif en allemand de la Fig. 2c comporte le blasonnement (= Wappenbeschreibung), incluant le cimier : Im geteilten Schild oben in Rot zwei Lilien nebeneinander, unten in Silber ein roter Sparren. [Cimier :] Auf dem Helm [= Bügelhelm] mit Wulst ein offener Flug (Fig. 1). L'écu est surmonté d'un casque de noblesse (aussi nommé casque de poignée, et en allemand Bügelhelm), car Balthasar Schneider avait été fait Chevalier de l'Empire. La traduction du cimier en français : un casque de noblesse, coiffé d'un bourrelet, sommé d'un vol. Mais nous ignorons les couleurs du bourrelet (généralement un rouleau de ruban aux couleurs de l'écu), des ailes et des lambrequins (Fig. 1, 2c).
2. Biographie
Johann Balthasar Schneider (1612-1658) est l’aîné d'une fratrie de huit enfants de Hans Balthasar Schneider (1580-1631) [Sosa 2454] et Ursula Leytting (1592-1656) [Sosa 2455]. Son grand-père Balthasar Schneider (1540-1616) [Sosa 4908] a émigré de Langenhain in Wetterau (aujourd'hui partie d'Ober-Mörlen), en Hesse ; en 1579 à Colmar, il se marie en secondes noces avec Susanna Sandherr (1559-1619) [Sosa 4909].
Johann Balthasar Schneider est le fils aîné d'une grande fratrie, sa soeur Susanna (1620-1694) et son époux de Tobias Meyer (1611-1683) sont nos Sosa 1227 et 1226. Il fréquente le lycée luthérien de Colmar, puis celui de Montbéliard. Puis, à partir de 1629, il entreprend des études de droit à Strasbourg et devient juriste. Un voyage pédagogique le mène à travers la France, l'Angleterre et les Pays-Bas.
De retour à Colmar, il y devient archiviste et Stadtschreiber (greffier-syndic [1] ) en 1634. En avril 1640, Johann Balthasar épouse Anna Catharina Pistorius (1612-1703), fille de Nicolaus Pistorius (notaire et commis au service des comtes de Rappoltstein) et son épouse Anna Catharina Wetzel ; le couple a eu 8 enfants. Il est bailli de Sainte-Croix-en-Plaine et directeur du lycée luthérien de Colmar. Plusieurs missions à l'étranger pour sa ville natale l'ont emmené en Catalogne et de 1642 à 1644 à la cour de France. La rédaction d’Apologia Civitatis Imperialis Colmariensis, livre publié à Colmar en 1645, lui est attribuée.

a
Ian-Balthasar Schneider. Colmar. Reip. Patriae. Syndicus, Oppidis. Crucis Praefectus, nec non X. Liberar. Civitat. Impp. in Alsatia ad Tractatus Pacis Univ. Legatus.
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b
Iohann-Balthasar Schneider . Colmariensis Reipubl. Patriæ Syndic. Oppidi Sanctae Crucis Præfect. et decem liberar. Civitat Imperial in Alsatia as Pac. Tract. Monaster Ohnabrug et Norimberg Legatus P. Aubry excud
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c
Iohann-Balthasar Schneider Colmariensis Reipublica Patria Syndicus, Oppidi Sanctis Crucis Prafectus, et decem liberarum Civitatum Imperialium in Alsatia, ad Pacis Tractus Monasterienses Osnabrugenses et Norimbergenses Legatus. |
Fig. 2. Portraits (gravure sur cuivre) de Johann Balthasar Schneider [2] . a : auteur inconnu, publié dans Theatrum Europäum (1652). - b : de Peter Aubry, graveur strasbourgeois (1610-1686). - c : d'Anselm van Hulle (1601-1674/1694) ; graveur : Pieter de Jode le jeune, réalisé en 1648 à Münster (Westphalie) ; autour de son portrait, sa devise: Bene Agendo et Cavendo [= bon en action et en prévoyance.]. Autre portrait de la même époque : Fig. 4. |
En 1645, Ballthasar Schneider est mandaté par le conseil municipal de Colmar pour représenter la Décapole alsacienne [3] au congrès de la paix (Friedenscongress) aboutissant aux Traités de Westphalie à Münster, entre le roi de France et l'empereur, et à Osnabrück, entre l'empereur et les princes allemands protestants et les Suédois. Strasbourg y délègue Markus Otto (1600-1674. Ils ont la partie difficile face aux chevronnés diplomates. La France demande de grandes parties de l'Alsace, contrairement aux accords de 1633 et 1634. Schneider se bat pour la sauvegarde des droits et privilèges impériaux des villes d'Alsace. On le rassure, mais la méfiance des villes grandit. Aux préliminaires de paix (13 septembre 1646), la France aurait la possession des territoires alsaciens des Habsbourg, mais les villes libres garderaient leur immédiateté d'Empire. La signature définitive du 24 octobre 1648 ne change pas grand'chose. Strasbourg sauve son indépendance. Les articles 75, 76 et 89 stipulent en particulier :
- Les Habsbourg cèdent à la France le Sundgau, Brisach, les seigneuries autrichiennes avec Ensisheim, le titre de Landgraviat de Haute Alsace, le Grand Baillage de Haguenau avec ses 40 villages et les villes de la Décapole.
- Le roi de France acquiert le titre de Landgrave de Basse Alsace, avec des « prétentions » dans le futur.
- Le roi de France garantit leur immédiateté d'Empire aux seigneurs et villes d'Empire (Décapole, évêque de Strasbourg, évêque de Bâle, abbés de Murbach et Munster, seigneurs de La Petite Pierre, Hanau Lichtenberg, Fleckenstein, chevaliers d'Empire…).
Le traité comporte la clause ita tamen à savoir que cette déclaration ne devait pas porter préjudice aux droits souverains acquis par le roi. Ainsi formulée, cette décision, voulue par les deux camps, permet d'interpréter le traité comme on le veut. Le traité de Munster n´est qu´une étape d´un processus d´intégration qui verra l´Alsace devenir progressivement française... Pour en savoir plus.
Déjà, au mois de mai 1645, le député de Colmar au Congrès de Westphalie, J. Balthasar Schneider, mandait à ses commettans : « L'Alsace se tirera difficilement des mains de la France. » A Colmar également,le chroniqueur Nicolas Klein raconte que son oncle, revenant du congrès aprèsla paix signée, coupa court aux félicitations en disant : « Nous deviendrons certainement tous Français, et si je ne dois pas voir cela moi-même, mes fils le verront à coup sûr. »
Fig. 3. Tableau de G e r a r d t e r B o r c h en 1648, intitulé S p a n i s c h e u n d s c h w e d i s c h e G e s a n d t e i n B e s c h w ö |