Joseph Bouisson, né à Trets (1781), est parti en Turquie comme courtier pour le compte de la maison de commerce Vincent Dauphin. Il y rencontre Marie-Catherine Roboly, née en 1787 à Smyrne (aujourd'hui Izmir), où ils se marient en septembre 1806, en l'église catholique St-Polycarpe [acte de mariage ]. Les deux décèdent respectivement en 1851 et 1857 à Marseille.
[La famille Roboly (ou Roboli) est une illustre famille du Levant, originaire d'Aix-en-Provence, établie en Turquie depuis 1640, et qui comptait dans ses rangs un représentant du Roi de France à Constantinople]
Eglise Saint-Polycarpe (Izmir) [Cliquez sur l'image]
Construite au milieu du XVIIe siècle avec l'aide du roi de France Louis XIII, elle est la plus ancienne église d'Izmir et une des 7 Églises de l'Apocalypse. Elle a été plusieurs fois reconstruite suite à des tremblements de terre et des incendies, notamment l'incendie des quartiers chrétiens de 1922 qui détruisit aussi le Consulat de France et les registres d'état -civil.
Quatre enfants naissent de cette union, tous à Smyrne. L'aîné, Jean-Baptiste, se marie à Constantinople en 1836, alors que les trois autres enfants vont habiter à Marseille où Sophie et Adèle se marient respectivement en 1835 et en 1837 ; Jules, devenu médecin, y décède jeune, en 1840.

Jean-Baptiste Honoré Bouisson, né en 1807, se marie avec Hélène Dapery, née en 1920 à Constantinople. Leur union est célébrée religieusement selon le rite orthodoxe grec dans la chapelle de la Délégation russe à Constantinople [voir carte : 2 et la transcription dans l'Etat-Civil de l'ambassade de France - carte : 1 - aussi famille Dapery]. Ils habitent le faubourg de Péra [voir ci-dessous]. L'aîné de leurs enfants, Etienne, est né à Constantinople en 1838 ; les deux suivants probablement aussi, Marie en 1840 et Constantin en 1842, mais ils n'apparaissent pas dans les actes d'Etat-Civil de l'Ambassade de France à Constantinople. Puis, la famille vient s'installer en France avant 1844, à Marseille où naîtront leurs cinq autres enfants - voir la famille Bouisson au xixe siècle à Marseille.
Au nord de la Corne d’Or s’étend le quartier commerçant et cosmopolite de Beyoglu, comprenant les anciens faubourgs vénitiens et génois de Galata et de Péra. Il constitue aujourd'hui le centre de la ville moderne à la fois commercial et culturel.
Péra s'étendant sur une colline de Tünel à Taksim. Quartier bourgeois dans les années 1800 où les grandes puissances avaient toutes leur ambassade. - Le Palais de France, à l'époque ambassade de France, occupait le centre d'un vaste terrain qui fut donné par Soliman-le-Magnifique à la France en 1534 : Les bâtiments furent édifiés au milieu du XIXe s. (l838-l847, Paul Laurécisque architecte), pour remplacer une série de bâtiments incendiés dont celui construit au début du XVIIIe s. par Vigné de Vigny d'après des plans de Robert de Cotte. Sur ce terrain s'élevaient aussi la prison, le tribunal français, ainsi que le couvent et le séminaire de Saint-Louis des Français étaient établis depuis 1628 dans l’enceinte du Palais de France, mais les religieux expulsés à la Révolution française n'y reviennent qu'en 1882. A proximité, l'ambassade de Russie a été construite par G. Fossati entre l838 et l843.
Quelques liens vers des documents pdf :

Sainte-Sophie [et carte ci-dessus : b] et
Tour Galata [et carte ci-dessus : a, en 1865]
Marc Emig, en 2008, ne savait pas encore - quand il prit part à la première édition de la course Cap Istanbul [Nice-Istanbul] avec son voilier Capitol, sponsorisé par un hypermarché d'Istanbul - qu'il naviguait sur les traces de ses ancêtres Bouisson partis de Marseille pour s'installer à Smyrne, puis à Constantinople. Lui aussi fit étape sur une île à quelques encablures d'Izmir avant de relâcher dans un port de la Corne d'Or à Istanbul, après quelque 1600 milles nautiques (environ 3 000 km).
Il refit le voyage en 2009 toujours en course, dans la première étape, d'Istanbul à Nice, de la EuropaRace sur le Class 60 DCNS.
Et en 2010, nouvelle participation de Marc à la Cap Istanbul [Hyères - Istanbul en 4 étapes] avec son voilier Figaro Marcemigetmoi.com. Avec les nouvelles données obtenues en 2010 sur la famille Bouisson en Turquie, son parcours dans les eaux turques ne se s'est pas fait sans imaginer que ses ancêtres sont déjà passés par là.
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Armoiries de la famille Roboly
Blasonnement : parti d'azur, à deux flèches en sautoir d'or, les pointes en haut, accolées de deux pèlerines d'argent ; au chef cousu de gueules, chargé de deux étoiles d'or ; au 2 d'or, à 3 merlettes de sable, 2 et 1. [© dessin original d'après blasonnement]
Smyrne - aujourd'hui Izmir (en turc)
Lamartine qui comparait Smyrne à Marseille et voulut acheter des terres dans les environs pour s'y établir définitivement et produire du vin... sans parvenir à concrétiser son rêve.
Victor Hugo dans Les Orientales (1829)...
Smyrne est une princesse
Avec son beau chapelle;
L'heureux printemps sans cesse
Répond à son appel
Et, comme un riant groupe
De fleurs dans une coupe
Dans ses mers se découpe
Plus d'un frais archipel
Cartes et Vue du XIXe Siècle situant Smyrne


Un extrait de "Smyrne à la fin de l'Empire ottoman : un cosmopolitisme si voyant" par Hervé Georgelin (2003) :
Jusqu’en 1919, la grande langue internationale, tant du commerce que de la diplomatie est le français. La langue a une position hégémonique, comparable par son pseudo-naturel à celle de l’anglo-américain d’aujourd’hui, mais sans prétendre être la langue d’une masse. Smyrne fait partie des villes-étapes des tournées internationales des membres de la Comédie française. L’accès à cette langue est un étalon de civilisation. Même les récits de voyage allemands jaugent la valeur des officiels turcs à leur maîtrise éventuelle du français.
Quelques extraits de "Smyrne, deux mille sept cents ans d’une histoire tourmentée" par P. Mansel (2008 - © le "Monde Diplomatique") :
C’était le port étranger le plus important pour le commerce français, le plus vaste et le plus riche de l’Empire. « Smyrne, quelle richesse ! », avait dit le tsar Alexandre Ier de Russie à Arnaud de Caulaincourt, l’ambassadeur de Napoléon Ier, le 12 mars 1808, alors qu’ils planifiaient le partage de l'Empire ottoman.
Les voyageurs considéraient la ville comme un paradis du commerce et du carnaval. Mais ce fut aussi la cité des tremblements de terre, des épidémies de peste, des incendies et des massacres, si fréquents que seules la capacité des habitants à rebondir et l’insuffisance des ports concurrents pouvaient expliquer que la population continuât à y gagner sa vie. Ainsi des épidémies de peste sévirent pendant tout le XVIIIe siècle.
En 1770, 1797 et 1821, la ville connut trois périodes de terreur de la part de groupes ou de soldats musulmans, répondant à des agressions perpétrées par des chrétiens une victoire navale de la Russie en mer Egée, un meurtre et la guerre d’indépendance grecque. Ces troubles causèrent des milliers de morts dans la population chrétienne et soulignèrent la fragilité des cités levantines.
Au XIXe siècle, quand la ville devint plus riche et s’étendit davantage, elle commença à se considérer comme le phare de l'Empire ottoman.
A la même époque, Izmir devint progressivement une grande ville grecque, reposant sur ce pilier que représentait le commerce dans l'Empire ottoman. Les marchands grecs de la ville s’enrichirent suffisamment pour y fonder des écoles modernes et des entreprises. Même après la proclamation de l’indépendance grecque, en 1830, des milliers de Grecs continuèrent à travailler à Izmir, préférant « grogner sous le joug turc » et gagner des revenus décents que vivre indépendants... et pauvres. En 1840 (ou, selon certains, en 1870), pour la première fois depuis le XIVe siècle, le nombre de résidents grecs d’Izmir dépassa celui des Turcs : cinquante-cinq mille Grecs pour quarante-cinq mille Turcs (et treize mille Juifs, douze mille francs et cinq mille Arméniens). Smyrne était bien gavur Izmir (« Izmir l’infidèle »), comme la nommaient les Turcs. Pour les Grecs, c’était la Smyrne aux parfums suaves.
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