Famille Emig - Schürch | ![]() |
Le Taufer Hans Haslebacher
En Suisse, le mouvement anabaptiste ou Taufer a commencé à Zürich en parallèle avec la Réforme de Zwingli vers 1520 : les Täufer prônent un renouveau plus décisif de la foi, veulent d’abord baptiser les adultes et refusent de prêter serment et d’effectuer le service militaire. En 1528, Berne introduit aussi la Réforme de Zwingli ; déjà auparavant, les Täufer s’étaient répandus dans la région, notamment dans l’Emmental. En 1532, la même année où le pasteur de Sumiswald Heinrich Summerer prononça ses paroles irrespectueuses envers les Täufer, l'Église Réformée et les anabaptistes se réunissent à Zofingen (en Aargau, à une quarantaine de km dans le NE de Sumiswald) pour une discussion sur la foi, une dite disputation [1]. Les deux camps se considèrent comme victorieux. C'est pourquoi Hans Haslebacher, né vers 1500, un agriculteur de Kleinegg à Sumiswald, ne veut pas accepter cette remarque désobligeante. Au milieu du service, il se lève et contredit le pasteur en chaire. La bataille verbale lui a valu une convocation devant le tribunal de la chorale (Chorgericht). Puis, il a œuvré comme prédicateur des Täufer à Sumiswald et dans les environs. En 1538, la ville de Berne invite à une autre disputation avec les Täufer, cette fois à Berne même. Hans Haslebacher, devenu une figure importante parmi les Täufer, fut un des participants. Les autorités bernoises ne sont pas convaincues et une poursuite acharnée commence contre eux. Hans fait également partie des victimes. Entre 1561 et 1569, il existe des documents faisant état de plusieurs amendes imposées à lui et à ses proches parce qu'ils étaient Täufer. Il est exilé. Vers 1571, quand il revient, il est arrêté et emprisonné dans le château de Trachselwald, puis tranféré à Berne le 29 août, torturé sans renier sa foi et condamné à la décapitation qui a lieu le 20 octobre 1571 à Berne il sera le dernier Taufer d’une trentaine du canton de Berne à être exécuter. Cet épisode est célébré par un poète anonyme dans un chant de 32 strophes, largement diffusé dans les milieux anabaptistes, bien qu'interdit par les autorités bernoises. Au XVIIe siècle, ce chant a trouvé sa place dans le recueil de chants anabaptistes Ausbund sous le numéro 140 sous le titre Ein schön geistlich Lied von dem Haßlibacher wir er von dem Leben zum Tod ist hingerichtet worden (traduction : Un beau chant spirituel du Haßlibacher sur la façon dont il a été exécuté de la vie à la mort). Par la suite, aucun autre lien avec des Täufer n’a pu être prouvé dans la famille Haslebacher. Ses descendants ont largement adhéré aux exigences de l'Église Réformée d'État, de sorte que la ferme a pu être gérée par la famille, et ce depuis plus de 15 générations. Les relations généalogiques entre les 2e et 3e générations peuvent avoir un certain degré d’incertitude, car si des documents historiques mentionnent deux fils, Joseph et Isaak, de Hans Haslebacher, les registres paroissiaux de Sumiswald ne débutent qu’en 1581 pour les baptêmes, 1637 pour les mariages, 1728 pour les décès. Dans un cadastre de 1572, la ferme de Haslebach est décrite en détail pour la première fois : elle comprend une maison, un grenier, un four et un fouloir, 23 Mad [2] de prairies, 8 Juchart [3] de champs et des pâturages d'été pour 8 vaches. Dans l'acte de succession suite au décès de Jakob Haslebacher (1624-1702), représentant de la cinquième génération, une tannerie est également mentionnée, qui sera ensuite documentée à plusieurs reprises dans les années ultérieures. Jakob Haslebacher est le premier de la famille à occuper une fonction publique : en 1667, il est Weibel (administrateur) du bailliage. Des descendants sont trésoriers, juges de cour et de district, et membres du Grand Conseil. C'est probablement aussi lui qui a acquis en 1684 la première Bible de Piscator, que la ville de Berne imprimait elle-même [4] . C'est une indication que la famille a trouvée un accord avec les autorités, car les Täufer n'acceptaient pas cette Bible et ils n’utilisaient que la Bible de Zürich. Références von Imbroich T. (1834). Ausbund das ist: Etliche schöne christliche Lieder, wie sie in dem Gefängniss zu Bassau in dem Schloss von den Schweizer-Brüdern und von andern rechtglaubigen Christen hin und her gedichtet worden. Bar, Lancaster (Pennsylvania), 945 p. [Lied 140, p. 806-812]. Jecker H. (2007). Daten zur Geschichte des bernischen Täufertums (Ein kurzer Überblick). Täuferjahr 2007 – Die Wahrheit solt bezüget werden“ Rettenmund J. (2007). Auf den Spuren der Täufer von Sumiswald - Führer zum Täuferpfad. Einwohnergemeinde und Kirchgemeinde Sumiswald, 28 p. Liens Notes [1] Débat public sur un sujet de théologie entre deux ou plusieurs adversaires. [2] Ancienne mesure suisse de surface des prairies : 1 Mad = 32-35 ares. [3] Ancienne mesure suisse des surface arables : 1 Juchart (ou Pose en français) = 41-62 ares dans les terres à blé, ou 27-36 ares dans les collines. [4] ci-dessous - et notre Bible familiale, transmise par ma grand-mère Martha Schürch, est celle de Piscator éditée en 1784 à Berne. |
Notre ascendance généalogique Hans Haslebacher est notre ancêtre
Localisation du Haslebacherhof (ferme) : c'est surtout un lieu symbolique, car les bâtiments les plus anciens de la ferme date de 1893. La ferme du Gsang (ou Vogelgsang) est aussi située sur la carte, c'est la ferme de mes ancêtres Schürch avant de construire la ferme Tannhauser.
|
|||||
Bible de Johannes Piscator [Canton de Berne]![]() ![]() Cette bible a été traduite en allemand entre 1602 et 1604 par J. Piscator (1546 Strasbourg - 1625 Herborn - Fischer de son vrai nom), un théologien réformé calviniste habitant Herborn (Hesse, Allemagne). Après le refus du canton de Berne à coopérer avec Zürich sur une traduction nouvelle, plus moderne, ce canton a estimé qu'il n'était pas souhaitable de limiter l'accès de la population à l'Ecriture sainte en acceptant une seule traduction pour l'ensemble du canton : à partir de 1684, c'est la traduction de Piscator qui devient la bible officielle du canton de Berne ; produite en grand nombre pour un prix bas, elle est rapidement disponible dans toutes les régions du canton. La dernière impression (des 8 éditions complètes) de cette bible sera faite par l'éditeur Duodez en 1846-1848. A noter que cette bible, comme celle de Luther, comprend les apocryphes.
Editions numérisées en facsimilé : http://sepher.de/ et http://de.wikipedia.org/wiki/Piscator-Bibel
Das 140. Lied Ein schön geistlich Lied von dem Haßlibacher, wie er vom Leben zum Tod ist gerichtet worden. Voir aussi Références et Liens
|