Culture provençale
 Le livre de cuisine de réference incontestable et qui se doit d'être dans toute cuisine provençale et largement au-delà, est celui de Jean-Baptiste Reboul (1862-1926).
Une courte biographie:
Il était né dans le Var et était allé apprendre son métier dans les hôtels de Montreux sur la rive du lac Léman avant de venir à Marseille vers 1884. Il semble avoir, durant quelques années, partagé son temps entre la Suisse et la Provence au gré des saisons touristiques, avant de se fixer définitivement à Marseille. Il fut chef de cuisine à l'hôtel de Castille et du Luxembourg, puis on le trouve, à partir de 1900, cuisinier attitré d'une grande maison bourgeoise, chez Mme Prat-Noilly ; il semble être resté attaché au service de cette famille jusqu'à la fin de sa carrière. Il décède à Marseille Il avait rassemblé ses recettes dans un manuel, La Cuisinière provençale, dont la première édition, parue en 1897, connut immédiatement un grand succès. Une copie de la 6e édition de 1910 est envoyée au poète Frédéric Mistral. Il demande à Reboul d'ajouter les noms des plats en provençal, ce qui sera fait dans les éditions suivantes. Aujourd'hui encore il est régulièrement réédité et disponible sur internet.
Nous avons la 4e édition (vers 1905) - mentionnant "cet ouvrage a été adopté pour le Cours de Cuisine de l'Ecole Pofessionnelle de jeunes filles à Marseille. Et il indique dans sa préface : Sans vouloir entrer dans les détails qui seraient peut-être déplacés ici, nous pouvons affirmer que notre cuisine est fort goutée des gastronomes de tous les pays.
Autres livres de la cuisine...
L'usage de la langue provençale et son origine sont largement soumis à débat au sein des linguistes universitaires. Sans oublier que l'histoire de la Provence dépasse la seule époque d'influence de la langue d'oc avec le passage et l'occupation de peuplades ligures et nordiques, qui y ont laissé des traces de leur présence.
L'usage de la langue provençale et son origine sont largement soumis à débat au sein des linguistes universitaires. Sans oublier que l'histoire de la Provence précède la seule époque d'influence de la langue d'oc, car, depuis des millénaires, cette région a été une voie de passage de l’Est vers le Nord et l'occupation de peuplades ligures et nordiques, qui y ont laissé des traces de leur présence, ainsi que les escales de navires dont les Grecs.
 Carte de la langue provençale et de ses dialectes, avec ses limites et celles des entités politiques (début du XIVe siècle), en sachant que ces limites linguistiques et politiques sont fluctuantes au cours des siècles. La frontière franco-italienne est actuelle ; le comté de Nice ne sera définitivement français qu'en 1860.
Aujourd’hui, l’analyse de la langue provençale est faite de manière binaire : luttes pour la diversité, les droits linguistiques d’un côté contre sentimentalisme, passéisme de l’autre. Dans les deux cas, les mouvements militants apparaissent peu productifs, car ce sont souvent de simples tentatives de « repli identitaire ».
Le mouvement renaissantiste provençal, qui deviendra vite méridional, naît avec la création du Félibrige en 1854, association littéraire de défense de la langue d’oc (= occitan), qui n’a cessé de se diversifier au cours du temps. Il est basé sur une organisation très hiérarchique, calquée sur celle de l’Église catholique. Pour être félibre, il faut être coopté, et la cotisation est élevée, ce qui permet d’effectuer une sélection de facto des membres. D’autre part, ceux-ci sont relativement peu nombreux : 228 manteneires (félibres de base) en 1877, 471 en 1887 et 928 en 1914. Les ouvriers y sont quasi inexistants, et les paysans peu nombreux. Aujourd’hui, il est composé de plusieurs tendances parfois antagonistes (Bouvier, 1979 ; Costa, 2013). En outre, le Félibrige avait et a tendance à concentrer l’attention et à masquer l’activité culturelle provençale et méridionale qui lui préexistait. Cependant, il a comme objectif de « promouvoir la renaissance de la langue d’oc, instrument d’expression du peuple méridional » (Martel, 2010).
Mistral peut ainsi prendre la posture du prophète guidant le peuple par la restauration de sa langue, un pied dans un paysage provençal mythifié, et l’autre dans une Histoire non moins mythique et prestigieuse, celle des Troubadours.
Plus globalement, dès 1961, la langue occitane sert de support à une revendication sociale de gauche à dominance politicienne revendicative.
D’un autre côté, des mouvements, organisés notamment autour de l’association « Collectif Provence » fondé en 2000, revendiquent l’existence d’une langue provençale distincte de l’occitan. En effet, on peut souligner que ce n’est qu’après la croisade contre les Albigeois au XIIIe siècle que se fit, peu à peu, le rattachement des terres méridionales au Royaume de France. Le comté de Provence a appartenu au Saint Empire romain germanique en 1032 et il passe en 1246 à la maison capétienne d'Anjou-Sicile par le mariage de Béatrice de Provence, fille de Berenger V, comte de Provence et de Forcalquier, avec Charles Ier, comte d'Anjou et roi de Sicile, qui fut le fondateur de cette maison ; il est le frère de Louis IX dit Saint-Louis. Concernant le Provençal alpin, il est en usage dans une partie du Dauphiné qui lui a fait partie du Saint-Empire romain germanique depuis son origine au XIe siècle jusqu'à son rattachement en 1349 au royaume de France.
Mettre la langue provençale dans une globalisation occitane serait une erreur linguistique et historique, car de nombreuses langues et dialectes régionaux y perdront leur individualité et spécificité locale ; en outre de telles actions ne peuvent que conduire à l’échec de la mise en œuvre d’une politique régionaliste authentique. En effet, comme mentionné ci-dessus, et aujourd’hui encore, l’influence de la Provence se fait essentiellement du et vers le Nord et l'Est.
Quelques livres et publications :
Bert M. & J. Costa (2014). What counts as a linguistic border, for whom, and with what implications? In: Exploring Occitan and Francoprovençal in Rhône-Alpes, France, Language, Borders and Identity, Edinburgh University Press, chapitre 12, p. 186-205.
Bouvier J.-C. (1979). L'occitan en Provence : le dialecte provençal : ses limites et ses variétés. Revue de linguistique romane, 43, 46-62.
Costa J. (2013). Sauver la langue ? Deux siècles de renaissantismes linguistiques en Provence. Langage et société, 145, 15-34.
Costa J. & M. Gasquet-Cyrus (2012). Introduction. Lengas, 72, 9-22.
Martel P. (2010). Les Félibres et leur temps: Renaissance d’oc et opinion (1850-1914). Presses universitaires de Bordeaux, coll. Saber, 690 p.
Nicollet F.N. (1910). Mélanges de linguistique provençale. Extrait des Annales de Provence. Imprimerie ouvrière, Aix-en-Provence, 76 p. [ Paru en 5 parties dans les Annales de Provence, en 1909 : 6e année (3), 191-198 ; (4), 233-246 ; 6e année (5), 319-330 ; (6), 395-408 ; en 1910 : 7e année (1), 47-64.]
Siniscalchi V. (2003). Entre Provence et Dauphiné : frontière et identité dans les Hautes-Alpes. Ethnologie française, 33 (1), 101-109.
Thomas B. (2015). Latin ou français : la tenue des actes paroissiaux dans les États pontificaux d’Avignon et du Comtat Venaissin, entre usage canonique, pratique administrative et choix de souveraineté (1768-1792). In : Contacts, conflits et créations linguistiques. Éditions du Comité des Travaux historiques et scientifiques, Paris, p. 85-99.
En principe, seul le roi anoblit. Mais en Provence, la rareté des actes anoblissant dans les registres de la Cour des comptes de Provence révèle les failles de ce contrôle ; car, les lettres royales n'ont, de toute évidence, représenté qu'une petite proportion de l'ensemble des anoblissements. Il existait des moyens détournés, tacites, de pénétrer dans l'ordre de la noblesse, le plus généralement par intervention de facteurs multiples et au fil d'une lente évolution. Il est souvent difficile de retrouver dans la documentation des preuves irréfutables de l'entrée dans la noblesse, hormis évidemment l'acte d'anoblissement lorsqu'il existe.
En outre, une constatation s'impose : nobilis n'est pas un titre nobiliaire, ce qu’expliquait déjà Belleguise (1669, in Blanc, 1974, p. 52). La prudence est d'autant plus impérative que le titre nobilis fut adopté par des personnages dont la « roture » ne fait aucun doute. Des jalons posés çà et là dans la chronologie démontrent que l'usage du mot nobilis a connu une évolution. Au XIe siècle, dans la région d'Arles, ce titre était réservé à une noblesse déjà ancienne, dans laquelle les simples chevaliers n'étaient pas nécessairement admis. A Tarascon au XIVe siècle, le titre était devenu d'un usage un peu moins restrictif, car il englobait non seulement les chevaliers mais aussi des damoiseaux d'origine modeste. À Trets, à la même époque, nobilis s'appliquait exclusivement aux chevaliers et damoiseaux, parfois avec les épithètes discretus, egregius ou potens, mais dans tous les cas à des membres de lignages nobles (Larochelle, 1969, p. 168 ). Enfin, nobilis était devenu au XVe siècle la marque distinctive du notable. Les écrits des notaires d'Aix démontrent que la figure du notable (noscibilis) avait déjà acquis au XVe siècle une reconnaissance officielle, qui pouvait même surpasser en netteté celle du noble. A cette période, la société provençale a connu une stratification qui, outre les titres spécifiquement professionnels, avait un éventail de qualificatifs honorifiques servait à préciser la place de chaque individu dans l'échelle sociale. Parmi ceux-ci, certains titres ont pu provoquer des confusions, comme mentionné ci-dessus.
Hérité du droit romain, la pratique du partage égalitaire entre enfants entraîna, chez les roturiers des campagnes, un morcellement à l’infini de la propriété foncière. Aussi au XIIIe siècle, la noblesse a réagi contre ce danger d'effritement dont elle aussi était menacée, les roturiers eux ne s’en apercevront que deux siècles plus tard. Et au début du XVe siècle, dans la noblesse, la pratique de la succession instituant le seul fils aîné comme héritier devient une coutume familiale, irréversible. Il s’accompagne aussi du retrait lignager, qui devient une coutume officielle. Les autres enfants héritent de sommes d’argent. Ensuite, cette pratique s’étend peu à peu à toutes les classes de la société, car le morcellement des terres roturières atteint son maximum au milieu XVe siècle, le sol provençal étant devenu une véritable mosaïque de parcelles minuscules. C’est, en fait, le droit d’aînesse qui s’introduit dans la coutume familiale, avec l’exclusion des filles dotées, ce qui a subsisté jusqu’à la Révolution.
La Provence a connu entre le milieu du XVIIe et le début du XVIIIe siècle deux Grandes Réformations de noblesse.
- La première, dirigée par une commission souveraine composée de conseillers aux comptes, est ouverte par lettres patentes du 25 février 1665 et prend fin en 1669. La décision royale est dans un premier temps mal accueillie par la noblesse provençale et plus particulièrement par le Parlement qui s’en fait le porte-parole. La Provence est au XVIIe siècle une province rebelle et agitée.
- La seconde, de 1696 à 1718, a lieu sous l’autorité de l’intendant et premier président Lebret.
Les exigences de preuves formulées par la monarchie déplacent en effet profondément la ligne de partage entre vraie et fausse noblesse à travers le passage d’un système reposant, en grande partie, sur la preuve orale à un système fondé sur la preuve écrite (ou authentique ou littérale).
Ces réformations ont eu pour résultat essentiel, voire comme but, de définir juridiquement la noblesse. La noblesse devient tributaire de la reconnaissance royale et perd la faculté de s’autoréguler. Néanmoins, en Provence, une partie de la noblesse exprime ses propres spécificités fondées sur un héritage historique et une pratique sociale ; en effet, malgré une puissante tradition reposant sur le droit écrit, ou droit romain, la réalité sociale d’une noblesse largement issue du renouvellement par agrégation au XVIe siècle, touche plus de la moitié des nobles provençaux, ce qui explique leur absence d’ancienneté dans les titres de noblesse. C’est pour certains de dénoncer les faux nobles qui se sont glissés dans les rangs de cette noblesse au cours des derniers siècles et aussi de mettre en valeur la vieille noblesse provençale, dite chevaleresque, qualifiée « de sang et d’armes ».
En Provence, a aussi émergé une noblesse commerçante et d’hommes de loi, ayant acquis des seigneuries (Marseille ayant eu par son « laxisme » une situation singulière dans ce cas), ce qui permet à Pietri (2003) de souligner que « défendre la noblesse commerçante revient à défendre une bonne partie de la noblesse provençale. »
Au sujet de l’héraldique en Provence, les exemples les plus précoces d'utilisation d'armoiries remontent à 1150 (un sceau appendu à une charte provençale) et le premier cas d'héraldique nobiliaire provençale date d'environ 1170.
Parmi nos Sosa, ceux appartenant à des familles de la noblesse provençale (avec ou sans particules), leurs amoiries et blasonnement - voir aussi et l'armorial familial :
Escalis
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Roboly
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Signier
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Thomas
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Vitalis
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D'or au griffon de gueules et une cotice de sable, brochant sur le tout. |
Parti d'azur, à deux flèches en sautoir d'or, les pointes en haut, accolées de deux pèlerines d'argent ; au chef cousu de gueules, chargé de deux étoiles d'or ; au 2 d'or, à 3 merlettes de sable, 2 et 1.
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De gueules à 6 têtes d'aigle arrachées d'argent couronnées d'or, 3, 2 et 1
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Écartelé de gueules et d'azur à une croix d'or tréflée ou fleuronnée au pied fiché brochant sur le tout
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D'azur à la tour crénelée de quatre pièces d'argent maçonnée de sable sur une terrasse de sinople accostée à dextre d'une palme d'or, à senestre d'un lys de jardin tigé de sinople. [*]
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Flotte (Dauphiné)
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Flotte (Roquevaire)
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Losangé d'argent et de gueules, au chef d'or. |
Écartelé aux 1 et 4 d'azur à 3 oriols (loriots) d'or posés 2 & 1, surmontés d'un lambel d'argent ; aux 2 et 3 losangés d'argent et de gueules, au chef d'or. |
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[*] Dans la famille Vitalis l'ancêtre fut un roturier commerçant en quincaillerie à Aix et son fils notre sosa fut aussi roturier, tandis que son frère devenu homme de loi acheta des seigneuries et obtint ainsi ses lettres de noblesse... voir .
Quelques références
Artefeuil (1756-1786). Histoire héroïque et universelle de la noblesse de Provence, tome I (1756), tome 2 (1776), tome 3 (1786). Girard, Avignon.
Aubenas R. (1936). La famille dans l’ancienne Provence. Annales d'histoire économique et sociale, 8 (42), 523-541.
Aurell M. (1990). Autour de l'identité héraldique de la noblesse provençale au XIIIe siècle. Médiévales, 19, 17-27. 
Aurell M. (1991). La substitution héraldique du testament de Guilhem Porcelet (1311). Revue française d’héraldique et de sigillographie, 60-61, p. 13-29. 
Blanc F. P. (1974). Un traité de droit nobiliaire au XVIIe siècle. Alexandre Belleguise et le statut juridique de la noblesse provençale. Recueil de mémoires et travaux publié par la Société d'histoire du droit et des institutions des anciens pays de droit écrit, fasc. IX, Mélanges Roger Aubenas,
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