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Les EMIG à Marseille et sa région: les racines alsaciennes

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L'Alsace en 1648

(en noir les limites actuelles)


Annexions par la France

(Traité de Westphalie)

 


Drapeau officiel d'Alsace-Lorraine
1891–1918

 


Blason du
"Reichsland Elsaß-Lothringen"

 

 

 


L'Alsace-Lorraine
de 1871-1918
[Détail]

 


 

Plus avec :

Un petit résumé des exactions de la
conquête française de l'Alsace

 


 

 

Migrations

 

 


 

Voir aussi :

les biographies et généalogies
familiales

 


Les vicissitudes  historiques de l'Alsace

depuis l'arrivée de Jean Emmich à nos jours...

Note sur la Lorraine et l'Alsace-Lorraine


Lorsque le Traité de Westphalie (1648) mit fin à la guerre de Trente-Ans, l'Alsace était exsangue. Villages détruits, population réduite (plus de la moitié de la population a péri), une région en ruine !


Annexion par la France : 1648 - 1870

L'Alsace, morcelée en de nombreux territoires seigneuriaux, est partiellement annexée par la France, mais elle garde de nombreuses originalités dans ses institutions et ses traditions. Car, durant plus d'un millénaire, l’Alsace a été exclusivement allemande et ce jusqu'au milieu du XXe siècle. L’histoire officielle française n’est pas notre Histoire.

La politique de Louis XIV est pro-catholique sans nuances. Elle contraste donc avec la politique de Louis XIII qui était très pragmatique (« Politique intérieure catholique, politique étrangère protestante »). La révocation de l'Edit de Nantes (1685) n'a (heureusement ) pas été appliquée et l'usage du français n'a pas été imposé, d'autant que la langue écrite de la majorité des Alsaciens est l'Allemand. Le français est cependant devenu la langue officielle, et la religion catholique la seule reconnue, mais les Catholiques majoritaires cohabitent avec les Protestants luthériens ou réformés, qui ont tous leurs paroisses (imposé par le traité de Westphalie). Avec le traité de Ryswick en 1697, Louis XIV annexe définitivement les quatre-cinquième de l'Alsace (Strasbourg, villes de la Décapole, Basse-Alsace), alors que l'accord de Ratisbonne (1684) prévoyait la rétrocession pour 1704.

Néanmoins, pour ne citer que les possessions allemandes dans lesquelles vivaient une partie de nos familles alsaciennes, elles ne sont devenues françaises qu'après la Révolution :
1793 : seigneurie de Ribeauvillé (possession du duché des Deux-Ponts et du Duché Bischwiller-Birkenfeld) ;
1796 : seigneuries de Riquewihr et de Horbourg (possessions du duché de Wurtemberg) - par le Traité de paix signé à Paris, le 7 août 1796 (20 thermidor an IV) ;
1798 : République de Mulhouse (1293-1798) - par le Traité de réunion de la République de Mulhouse à la République française, signé le 10 février 1798
Ainsi, faut-il réviser les poncifs enseignés à l'école et politiquement véhiculés que l'Alsace est française depuis 1648 !

À lire :

Entrée tardivement dans le giron de la monarchie française, l'Alsace aconservé des particularités d'un pays rhénan, riche d'une agriculture diversifiée et de son industrie naissante. La langue allemande reste omniprésente - et plus go. Religieusement, c'est un invraisemblable kaléidoscope où se côtoient catholiques, luthériens, calvinistes, juifs et anabaptistes.

L'édit de tolérance du 7 novembre 1787 ajoute à la confusion chez les protestants : ou se faire enregistrer chez le curé au titre de l'édit de tolérance, ou continuer avec leurs propres actes d'état-civil comme autrefois. Mais, à cause de sa parution juste deux ans avant la Révolution, il se sera guère appliqué.

À la veille de la Révolution, les protestants représentent environ 220 000 personnes regroupées en 146 communautés face aux 450 000 catholiques: ils sont surtout implantés au nord de l'Alsace, à Strasbourg et à Colmar et environs, alors que la calviniste Mulhouse est encore suisse. Les juifs sont 20 000 en Alsace sur 40 000 résidant en France.

Après la Révolution, les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin sont créés en 1790. L'Alsace est alors placée sous les mêmes lois que toute la France, bouleversant les habitudes et les mentalités. Mulhouse qui faisait partie de la confédération helvétique s'est associée à la France en 1798. L'Alsace voit, pendant la Révolution, guerre et lutte religieuse s'emmêler inextricablement. Entre une douce cohabitation et la violence évangélique, les luthériens développent leur identité. Juifs et calvinistes espèrent des jours meilleurs. C'est seulement après l'exécution de Louis XVI, en avril 1793, qu'un arrêté exige de tous les pasteurs et enseignants un certificat de civisme. À l'automne 1793, les protestants ne sont pas épargnés par la politique antireligieuse de la Convention qui interrompt le culte presque partout. Toutes les églises sont fermées jusqu'en 1796. Pendant tout cette période,l'antisémitisme s'affirme avec une vigueur nouvelle. Est-ce parce que le modèle alsacien serait en contradiction avec le modèle français que l'Alsace est peu évoquée dans les synthèses sur la Révolution française.

À lire :

Lors de l'épopée napoléonienne, l'Alsace est une grande pourvoyeuse d'hommes, de généraux alsaciens, tels Kellermann, Kessel, Kléber, Rapp, Lefèvre, von Edighoffen,et de subsistances aux armées.
Rappelons ces paroles de Napoléon, alors que son aide de camp était notre cousin le général Johannes Rapp, à propos des soldats alsaciens : « Qu’importe qu’ils parlent allemand, pourvu qu’ils sabrent en français. »
Après 1815 et une occupation par les "alliés", la région subit une grave crise économique. La bourgeoisie d'affaires modernise et adapte l'économie, l'essor industriel sort l'Alsace de la récession en 1850.

Quelques rappels du Code Civil français de 1804 (30 Ventose An XII) : un clic.


Retour à l'Allemagne : 1870 - 1918

Après la défaite de 1870 et jusqu'à 1918, l'Alsace, à l'exception de la région qui deviendra plus tard le Territoire de Belfort, et la Lorraine sont annexées de fait depuis le 14 août 1870, huit jours après la défaite de Mac-Mahon à Fröschwiller. En septembre 1870, l'état-major prussien avait publié une carte avec les nouvelles frontières, incluant déjà l'Alsace et Lorraine, alors que le sort de la guerre n'était nullement réglé.

Le 10 mai 1871, le traité de Francfort-sur-le-Main met fin à la guerre de 1870 et confirme le retour de l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne. Mais, ce nouveau "Land" n'a pas l'autonomie interne comme les autres 25 "Länder" allemands, il sera directement administré par la Chancellerie d'Etat de Berlin, mais il acquiert un régime particulier dans beaucoup de domaines. La population totale de l'Alsace-Lorraine était en 1871 de 1 579 738 habitants.

L'article 2 du traité de Francfort prévoit que les Alsaciens-Lorrains auront la faculté d'opter pour la nationalité française avant 31 octobre 1872 et de quitter le pays. Passé ce délai, ils deviendront des Allemands. Les Alsaciens-Lorrains ne seront qu'environ 5% à faire la demande pour opter pour la nationalité française. Seuls quelque 58 000 partirent, mais devant les difficultés à s'installer en France, devant le barrage de la langue et à cause du mal du pays, beaucoup revinrent.

"Les sujets français, originaires des territoires cédés, domiciliés actuellement sur ce territoire, qui entendront conserver la nationalité française, jouiront, jusqu'au 1er octobre 1872, et moyennant une déclaration préalable faite à l'autorité compétente, de la faculté de transporter leur domicile en France et de s'y fixer, sans que ce droit puisse être altéré par les lois sur le service militaire, auquel cas la qualité de citoyen français leur sera maintenue. Ils seront libres de conserver leurs immeubles situés sur le territoire réuni à l'Allemagne. Aucun habitant des territoires cédés ne pourra être poursuivi, inquiété ou recherché, dans sa personne ou dans ses biens, à raison de ses actes politiques ou militaires pendant la guerre."

Le 10 décembre 1871, les deux pays signent une convention additionnelle qui précise dans son article 1er :

"Pour les individus originaires des territoires cédés, qui résident hors d'Europe, le terme fixé par l'article 2 du traité de paix pour l'option entre la nationalité française ou la nationalité allemande est étendu jusqu'au premier octobre 1873. L'option en faveur de la nationalité française résultera, pour ceux des individus qui résident hors d'Allemagne, d'une déclaration faite soit aux maires de leur domicile en France, soit dans une chancellerie diplomatique ou consulaire française, ou de leur immatriculation dans une de ces chancelleries. Le gouvernement français notifiera au gouvernement allemand, et par périodes trimestrielles, les listes nominatives qu'il aura fait dresser d'après ces mêmes déclarations."

Au moment de procéder à la signature de cette convention additionnelle, les plénipotentiaires ont fait la déclaration suivante :
"Tous les militaires et marins français originaires des territoires cédés, actuellement sous les drapeaux et à quelque titre qu'ils y servent, même celui d'engagé volontaire ou de remplaçants, seront libérés en présentant à l'autorité militaire compétente leur déclaration d'option pour la nationalité allemande. Cette déclaration sera reçue, en France, devant le maire de la ville dans laquelle ils se trouvent en garnison ou de passage, et des extraits en seront notifiés au gouvernement allemand, dans la forme prévues par le dernier alinéa de l'article 1er de la convention additionnelle de ce jour."

À consulter : les optants...

L'Alsace-Lorraine, devenue une nouvelle province allemande, est divisée administrativement en trois régions: Lothringen (Lorraine), Oberelsass la (Haute-Alsace) et Unterelsass (Basse-Alsace). Contrairement à ce qui est souvent allégué par les Français, la nouvelle frontière franco-germanique était entièrement poreuse, puisqu'il faudra attendre 1889 pour qu'il y ait mise en place d'un passeport suite à un différence franco-allemand. Néanmoins, cette obligation pour franchir la frontère n'a en rien limité les échanges.

NOTA : Elles deviendront en 1918 respectivement les départements français de la Moselle, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.

Le rattachement de l'Alsace-Lorraine à l'Empire allemand donnera à cette région des institutions empruntées au système allemand, conservées du système français, ou souvent nouvelles. Le droit local, auquel les Alsaciens sont très attachés et qui concerne des domaines aussi variés que le notariat, le régime foncier, les assurances sociales, les cultes et l'enseignement primaire, la chasse, le régime des tutelles, les associations. Il sera d'ailleurs conservé par la France après 1918, puis après 1945, jusqu'à nos jours. L'Alsace-Lorraine a bénéficié de nombreuses avancées sociales, durant son appartenance au IIème Reich, dont la France "de l'intérieur" n'a pu profiter que plus de quarante ans après avec le Front Populaire.

Durant la période du "Reichsland" l'Alsace jouit d’un formidable essor économique. La population apprécie l’administration allemande tant civile que militaire dans un ensemble économique stable, avec le développement de la solidarité rurale (comme les caisses Raiffeisen - banques coopératives, puis à partir de 1882 les Caisses du Crédit mutuel), l’organisation d’une protection sociale (assurance maladie en 1883, protection contre les accidents du travail en 1885, assurance vieillesse en 1885), le développement des équipements collectifs (distribution de l’eau, de l’électricité dans les rues puis dans les habitations). Les voies ferrées passent de 700 à 1 900 Km en 40 ans, faisant du réseau d'Alsace-Lorraine l'un des plus modernes et denses d'Europe (Perrot, 2010).

Et la nouvelle génération, née après 1870, qui ne connût pas le régime française qui, de ce fait, n’avait aucun rêve au retour à la France, surtout au prix d’une nouvelle guerre, une de plus ou une de trop. C’est que redoutaient les Alsaciens qui souhaitaient un développement pacifique de leur région dans le statut-quo. On exalte «la petite patrie» dans toutes les familles d'Alsace qui toutes possèdent des pièces de faïence Henri Loux illustrant la quiétude bucolique des villages alsaciens typiques. En 1911, l'Alsace se dote de sa propre Constitution et bénéficie d'une autonomie administrative.

Aussi, durant la première guerre mondiale (1914-1918), l’Alsace, allemande, a fait partie du camp des Empires centraux. Environ 250000 Alsaciens-Lorrains ont été mobilisés dans l'armée allemande pour défendre ce qui est leur patrie et dont les monuments aux morts en Alsace portent les noms ; la plupart ont été envoyés sur le front russe. L'inscription neutre « A nos Morts» ne fait que rappeler que les noms mentionnés sont ceux de soldats incorporés dans une guerre absurde imposée par la France, et, dont ils n'ont pas voulu. Ils sont les victimes du revanchisme français, car la volonté de l’opinion française de vouloir recouvrer ces terres allemandes sera l’une des causes du côté français du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Plus sur le "Reichsland Elsaß-Lothringen" : in Deutsch   et   en français.


Retour à la France : 1918 - 1940

Après novembre 1918, le retour à la France ne se passe pas sans difficulté: une véritable "purification ethnique" qui a conduit à l'expulsion d'environ 110 000 habitants d'origine ou partiellement d'origine allemande, maladresses de l'administration qui exacerbent les passions autonomistes.
    En effet, une nouvelle fois, les Alsaciens et une partie des Lorrains eurent à choisir entre la nationalité française et la nationalité allemande, suite à des événements qui ne les concernaient absolument pas et qui furent entretenus par le machiavélisme de Bismarck qui profitait de l'irresponsabilité du gouvernement français. Pour justifier de son origine alsacienne - dite de souche, il fallait prouver qu'au moins trois générations ont habitées en Alsace.

Pour intégrer l'Alsace-Lorraine dans le giron de la France, l'administration française, ultra centraliste et toujours aussi ignorante du particularisme Alsacien, de sa culture et son histoire, décida de classer les Alsaciens en quatre catégories !
Déjà à l'époque, l'administration française fut incapable à gérer un particularisme, favorisant le développement du "malaise alsacien" qui donna naissance à un mouvement autonomiste alsacien en 1919 - surtout après 50 ans d'administration allemande qui n'avait pas créé de problèmes aux Alsaciens dans la vie de tous les jours. Ce sentiment souvent persiste encore de nos jours.

Quatre catégories d'Alsaciens, chacune ayant une carte d'identité distincte:

  • Modèle A : réservé aux Français ou à ceux qui le seraient restés, si le Traité de Francfort ne leur avait pas ravi cette nationalité - celui de mon père Charles Emig et de mes grand-parents paternels et grand-père maternel.
  • Modèle B : réservé à ceux dont un des ascendants n'était pas français de souche [d'origine étrangère] - celui de ma mère Cornélie Wohlhüter.
  • Exemple de carte A - cliquez dessus pour agrandir >>  

  • Modèle C : réservé à ceux dont les deux parents étaient nés dans les pays alliés de la France ou neutres pendant le conflit - celui de ma grand-mère maternelle.
  • Modèle D : réservé aux "émigrés" provenant de pays ennemis, Allemagne, Autriche, Hongrie ou d'autres des Empires centraux, ainsi qu'à leurs enfants, même nés en Alsace, avec obligation de solliciter un permis de circulation pour pouvoir exercer leur activité professionnelle en Alsace.

Tout Alsacien devait justifier de trois générations antérieures et successives ayant vécu en Alsace pour pouvoir accéder à la nationalité française. Cette demande sera réitérée par l'administration française en 1945 - elle sera considérée comme insultante.
L'état français a aussi imposé un taux de change variable des Deutschmarks en francs selon le type de carte d'idendité.

Tableau en pourcentage d'après les 125 729 cartes établies à Strasbourg en 1918 (Uberfill, 2018).

 

Un exemple avec cette affiche datant de 1918 - cliquez dessus pour agrandir >>

 

Une "gestion" humiliante de la question Alsacienne créa des situations inextricables, obligeant à  faire des démarches compliquées et fastidieuses, souvent vexatoires. Elle fut abandonnée par la suite ! Mais elle marquera trois générations d'Alsaciens qui n'oublierons jamais cette vexation française. Mais la réalité est pire encore, dégradant fortement l'image de la France au sein de la population. Et la France se targait d'être le pays des droits de l'Homme, mais sans appliquer sa devise.

Par la suite, au cours du XXe siècle, la crédibilité de la France vis-àvis du peuple alsacien sera gravement atteinte à plusieurs occasions, notamment après 1945. Le souvenir de ces mesures a entretenu un ressentiment durable vis-à-vis de la France et a contribué à donner naissance au malaise alsacien qui persistera une grand partie du XXe siècle.

Quelques documents pour mieux appréhender la véritable histoire de l'Alsace à cette époque :
    [pdf en ordre chronologique de parution]

Ettwiller E. (2020). La réhabilitation des fonctionnaires alsaciens-lorrains victimes de l’épuration après l’armistice de 1918. Revue d’Alsace, 146, p. 227-250.

Georges R. (2020). Défendre l’honneur des morts alsaciens de la Première Guerre mondiale. Revue d’Alsace, 146, p. 295-318.

Maurer C. (2020). L’honneur des Alsaciens ? Revue d’Alsace, 146, p. 211-225.

De l'éblouissement tricolore au malaise alsacien. Le retour de l'Alsace à la France 1918-1924. Revue d’Alsace, 144, p. 9-363. 2018 - https://journals.openedition.org/alsace/2717

Uberfill F. (2018). Le sort des populations après 1918. Revue d’Alsace, 144, 107-128.

Emig C. C. (2017). Identité alsacienne... par le sang et nationalité française... par le sol : retour sur une réalité historique franco-allemande. Nouveaux éCrits scientifiques, NeCs_02-2017, p. 1-6.

Schmauch J. (2016). Réintégrer les Départements annexés - Le gouvernement et les services d'Alsace-Lorraine (1914-1919). Thèse doctorale en histoire contemporaine, Université de Lorraine, Nancy, 736 p.

Wittmann B. (2016). Une épuration ethnique à la française : Alsace-Moselle, 1918-1922. Yoran, Fouesnant, 224 p. [article]

Denis M.-N. (2015). Les politiques linguistiques en Alsace et la régression du dialecte In : Contacts, conflits et créations linguistiques. Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, p. 129-141.

Morgen D. (2014). Mémoires retrouvées - Des enseignants alsaciens en Bade, des enseignants badois en Alsace - Umschulung 1940-1945. Do Bentzinger éditeur, Strasbourg, 400 p.

Grandhomme F. (2013). Retrouver la frontière du Rhin en 1918 : l’entrée des poilus en Alsace et le retour à la France. Revue d’Alsace, 139, 237-258.

Grandhomme J. N. (2013). L’Alsace dans la Grande Guerre. Revue d’Alsace, 139, 9-13.

Verchot M. (2013).  Le lent retour au pays des prisonniers allemands capturés par l’armée française (1918-1920). Revue d’Alsace, 139, 219-234.

Schmauch J. (2013). Novembre 1918. L'administration française s'établit en Alsace-Lorraine. Revue d'Alsace, 139, 259-276.

Emig C. C. (2012). Alsace entre guerres et paix. In : Faire la guerre, faire la paix : approches sémantiques et ambiguïtés terminologiques. Actes des Congrès des Sociétés historiques et scientifiques, Éd. Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, Paris, p. 195-207 [et en ligne - http://cths.fr/]

Fischbach F. (2012). Retour a la nationalité française après la Première Guerre mondiale (en vertu du traité de Versailles, 1919). Archives départementales du Bas-Rhin, 6 p.

Schmauch J. (2004). Les services d'Alsace-Lorraine face à la réintégration des départements de l'Est (1914-1919). Thèse, École des Chartes, Paris, http://theses.enc.sorbonne.fr/2004/schmauch.

Smith P. (1996). À la recherche d'une identité nationale en Alsace (1870-1918). In: Vingtième Siècle. Revue d'Histoire, 50, 23-35.


  • Archives d'Alsace (68). Nationalité des Haut-Rhinois de 1800 à 1940. https://archives68.alsace.eu/document/ nationalite-de-1800-a-1940.

  • Allemands de 1940 à 1945 et Français depuis...

    Le choix de la nationalité, les Alsaciens et une partie des Lorrains eurent à le faire une troisième fois en moins d'un siècle. Avec leur rattachement au IIIe Reich en 1940,  il leur fallut une nouvelle fois montrer « patte blanche » avec l'Ahnenpass.

    Page de garde

    Ahnenpass

    ou « passeport des ancêtres » exigé par les autorités du Drittes Reich (extraits ci-contre).

    L'Abstammungsnachweis (preuve d'ascendance) fut introduite par la loi du 7 avril 1933, s'appliquant aux fonction­naires, puis les lois de Nuremberg du 15 septembre 1935 (Nürnberger Gesetze) ont étendu l'obligation  à l'ensemble de la population allemande sous forme d'un Ahnenpass, et à l’Alsace-Lorraine en 1940.
    Il fallait prouver que l'on était "Alle­mand de souche" pour ne pas tomber sous l'ordonnance nazie du 16 décembre 1941 qui prévoyait la saisie des biens et l'expulsion de tous les "indésirables": Juifs, Français de l'Intérieur, Alsaciens francophiles, anciens combattants de l'Espagne rouge, romanichels, personnes de race étrangères, condamnés de droit commun, etc.

    Le Ahnenpass était le principal outil de la politique nazie, pour définir qui était aryen et qui ne l’était pas

    Pages des grands-parents

    Arbre généalogique ascendant

    Lors du retour à la France en 20 mars 1945, une nouvelle procédure humiliante et inique pour tous ceux qui ont déjà subi cela après 1918 par la même administration française : entre 1870 et 1918, les Alsaciens sont nés allemands ! - un casse-tête administratif qui se complique suite à la destruction des villages et bourgs (et de leurs mairies et archives !), notamment ceux qui ont subi la bataille de la poche de Colmar en 1945, comme Mittelwihr et Ostheim.

    Après 1945, le français est réintroduit comme langue officielle et scolaire. L'enseignement de l'allemand est suspendu dans les écoles primaires et il est, involontairement ou volontairement, fait pression sur la population pour qu'elle ne parle plus ses dialectes. Il faudra attendre entre 1972 et 1982 la réintroduction de l'enseignement de l'allemand dans les écoles primaires ! Personnellement, j'ai appris le français à l'école en 1946, ne parlant que l'alsacien et le Schwytzerdich (suisse alémanique) bernois.
    A cette même époque, les Alsaciens ne se sont pas cherchés un passé commun avec les Français, mais à se construire un avenir commun au sein de l’Europe entre ses deux grands voisins.

     

    Quelques pistes pour le droit local alsacien et plus...

    Elsaß - Europäische Region in Geschichte und Gegenwart. Zeitschrift Deutschland & Europa, Heft 32 (1996) - Landeszentrale für politische Bildung - LpB - Baden-Württemberg.
    A l'attention des écoliers du Bad-Würtemberg - pdf en allemand.


    Note sur la Lorraine

    Il y a une très fâcheuse habitude en France d'associer Alsace-Lorraine, un euphémisme que dénonce Alsaciens et Lorrains. En effet, leur origine, histoire et vicissitudes, langues et dialectes, us et coutumes, attestent de leurs différences fondamentales.
    En francique, on appelle alors ce territoire dit "d'Entre-Deux" Lotharringen (Ringen est la forme francique de Reich). Les habitants romanophones (langue d'oil) prononcèrent Loherreigne (reigne est la forme lorraine de royaume, Loher est une variante de Lothaire) et c'est la Loherreigne qui a donné la Lorraine. Au Moyen Âge, on nommait les habitants les francs loherenc, d'où le Lorrain.

    Dès l'âge du fer, la future Lotharingie est un foyer d'apparition des Celtes (civilisation de Hallstatt). Puis, lors de la conquête romaine, elle est incluse dans la Gaule belgique. Après le passage des Huns d'Attila, les Francs conquièrent la Gaule Belgique. En 511, à la mort de Clovis, ils créent l'Austrasie, un royaume dont les capitales sont Metz et Reims.

    Cliquez sur la carte pour la répartition des dialectes >>

    La Lorraine actuelle est un vestige du royaume créé par le Traité de Prüm (855) pour Lothaire II (835-869) : la Lotharingie, ou Lothringen (nom utilisé au Xe siècle). En 880, elle est intégrée à la Francie orientale, royaume important et noyau du futur Saint-Empire romain germanique (fondé en 962 par Otton Ier). La dénomination française Lorraine apparaît en 1302.
    Le blason de la Lorraine est celui des sceaux du duc Simon II (1140-1207) et de son frère cadet Ferry von Bitsch. Un sceau hérité de leur père le duc Matthäus I., dit le Débonnaire (1110-1176) et de Judith von Hohenstaufen, dite Bertha (1123-1195). La parenté de ces ducs avec les comtes d'Alsace n’est pas prouvée mais plausible : ils prétendent descendre d'Étichon = Alderic Ier (635-690), duc d'Alsace, époux de Berswinda (645-690); fille de Sigebert III (630-656), roi d'Austrasie, parents de Sainte Odile (Emig, 2018).
    Le blasonnement est : d'or, à la bande de gueules, chargée de trois alérions d'argent, posés dans le sens de la bande. Ici, ces alérions, représentent de petits aigles sans bec qui s'inscrivent dans la logique des armes parlantes : le terme « alérion » est dit l’anagramme de « Loreina », ancienne désignation la Lorraine ; ils rappellent les liens de la Maison de Lorraine avec la Maison de Hohenstaufen et le Saint Empire Romain Germanique, symbolisé par l'aigle.

    État membre du Saint Empire, le duché de Lorraine est traversé par la frontière linguistique séparant le domaine roman et le domaine allemand : elle bénéficie ainsi d'une double influence culturelle qui se poursuit aujourd’hui.

    Alors qu'après 1648, l'Alsace est peu à peu annexée par Louis XIV. Le duché de Lorraine reste indépendant jusqu'en 1766 [voir la Carte de Lorraine en 1681 - d'un clic] ; la frontière linguistique du domaine germanophone et du domaine romanophone en Europe partage la Lorraine en deux parties et reste toujours valable de nos jours. Mais il faut rappeler que le lorrain allemand est du francique (non alémanique comme en Alsace) et la langue du Mitteldeutsch (du Hochdeutsch en Alsace) - voir dialecte alsacien.
    En 1871, la partie germanophone de la Lorraine (correspondant principalement au département de la Moselle) devient, avec l'Alsace, le Reichsland Elsaß-Lothringen dans l'Empire allemand, jusqu'en 1918, tandis que les cantons lorrains germanophones de Saales et Schirmeck (faisant partie du département des Vosges) deviennent alsaciens. C'est la seule période où Alsace et Lorraine germanophone ont été réunies.

    Evoquer l'Alsace-Lorraine, c'est rappeler que l'Alsace-Lorraine est terre allemande (Reichsland) et germanophone.
    Il n'est certain que c'est ainsi que le comprennent et surtout que l'ont compris les "français de l'intérieur" quand ils ont nommé une rue, une avenue, un boulevard Alsace-Lorraine - mais c'est pourtant ce rappel à l'appartenance allemande que fait référence une plaque Alsace-Lorraine. C'est tout le contraire qui devait en fait être souhaité par ces français. Mais, après la IIe guerre mondiale, il y a eu oubli de la Directive du 14 août 1920 du sous-secrétaire d'État à la présidence du Conseil adressée au commissaire général de la République à Strasbourg, directive qui a interdit l'usage du terme Alsace-Lorraine pour désigner les trois départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle.

    Ceci, une fois encore, démontre combien l'Histoire de ces deux régions bien distinctes que sont l'Alsace et la Lorraine et l'histoire de leurs peuples sont méconnues ou ignorées, jusque dans les municipalités et même la Constitution française.

    Et parfois même des Alsaciens venus s'installer en Lorraine s'y perdent ! Un petit exemple


    Quelques villes avec des artères Alsace-Lorraine, la plus célèbre est à Toulouse...

    Amiens
    Bayonne
    Bourg
    Crozon
    Cusset
    Grenoble
    Montigny-le-Bretonneux
    Nice
    Niort
    Noisy-le-sec
    Paris
    Pau
    Rosny-sous-Bois
    Rouen
    Saintes
    Tarbes
    Vesoul...

    Courtes références

    André-Cartigny F. (2021). Le temps de l'enfance en Lorraine. La Geste, La Crèche, 378 p.

    Emig C. C., 2018. Altitona - Hohenburc (Hohenbourg) - Mont Sainte-Odile : origine de ce haut lieu alsacien. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_04-2018, p. 1-10.   pdf

    Parisot R. (1919-1924). Histoire de Lorraine (duché de Lorraine, duché de Bar, Trois-Évêchés). I. Des origines à 1552... Picard, Paris, vol. 1, 520 p. ; vol. 2, 347 p. ; vol. 3, 521 p.

    Divers auteurs (2014). Le francique (platt lorrain). Bulletin de l'Observatoire des Pratiques linguistiques, Langues et cité, n° 25, 15 p.


    “Ni Français, ni Prussien, Alsacien suis”

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