Galerie de nos Sosa comtes von Württemberg (Stuttgart ; Alsace)
Les possessions des Wurtemberg en Alsace (1324-1796) et en Franche-Comté (1247-1793)
Origine et Armoiries
L'origine de la famille Württemberg est à rechercher dans l'entourage de la maison impériale salienne [1]. Ils sont venus d'ailleurs pour s'intaller dans la région de Stuttgart. Le patronyme Württemberg provient probablement du nom Werdenberg d'une montagne au Luxembourg où se dressait autrefois le château de cette famille de nobles francs-saliens. Plus rarement évoqué par les historiens, il pourrait dériver du Wirtenberg sur lequel le château ancestral a été construit entre Waiblingen et Beutelsbach par Konrad von Württemberg, ou Konrad von Beutelsbach, à la fin du XIe siècle ; l'origine du ce nom est probablement du celtique Wirodunum. Konrad, dont l'écu est celui de la Maison Württemberg, dont il est le fondateur en Souabe. Du château, il ne subsiste qu'une pierre gravée et datée de la consécration de l'ancienne chapelle [du château de Wirtenberg non nommé] le 7 février 1083 par l'évêque Adalbert von Worms (voir ci-contre). Elle a été retrouvée sur le Rotenberg où a été ultérierement contruit le château résidence de la famille Württemberg, puis une chapelle funéraire.
Le sceau des Württemberg est connu au moins depuis le XIe siècle, tel qu'il est dans l'écu des seigneurs, puis celui des comtes.
Sceau de Konrad von Württemberg au XIe siècle - © Landesarchiv Baden-Württemberg.
Les armoiries des comtes von Württemberg sont connues depuis 1143, quand ils ont accédé à ce degré de la noblesse du Saint Empire. Elles blasonnent :
In Gold drei schwarze Hirschstangen übereinander liegende. Helmzier: ungekröntem Helm mit rot-goldenen Decken ein rotes Jagdhorn (Hifthorn) mit goldenem Band und goldenen Beschlägen. D'or à trois demi ramures de cerf de sable. Cimier : heaume non couronné, un cor de chasse de gueules (Hifthorn) hissant avec une sangle d'or. Lambrequins de gueules et d'or.
Les armoiries des comtes ont un heaume dit Topfhelm, puis Kübelhelm, puis vers le début XVIe siècle un Bügelhelm notamment pour les armoiries des ducs : voir armoiries . Et aussi les armoiries ci-dessus du XVe siècle et ci-dessous dans le tableau celles du XIVe.
Nos Sosa figurent parmi les premiers comtes von Württemberg voir arbre ci-contre : de Ulrich I. à Eberhard IV., que nous représentons ci-dessous pour ceux ayant régnés (avec des liens en cliquant sur leurs noms et statues).
Arbre descendant de l'empereur Otto I. der Große vers la famille Württemberg - d'après © Landesarchiv Baden-Württemberg, modifiée.
L'ascendance d'Ulrich I. der Stiefter reste incertaine monte l'atteste l'arbre ci-contre, publié dans le Lexique bibliographique de la Maison Württemberg (1997). Il a été légèrement modifié dans sa présentation. L'ancêtre (possible) est l'empereur Otto I. der Große (912-973), fondateur du Saint-Empire Romain Germanique.
Un arbre ascendant du roi Wilhelm II. von Württemberg (1848-1921) a été publié par Giefel et al. (1895) sous le titre
Stammbaum des Württembergischen Fürstenhauses.
Galerie
L'ascendance d'Ulrich I. en tant que parenté et comte von Württemberg n'a pu être établie historiquement, car les conclusions de l'historien Hans Martin Decker-Hauff, le décrivant comme le fils d'Hermann von Württemberg et d'Irmengard, fille d'Ulrich von Ulten sont insuffisamment documentée. Hermann est probablement un fils de Hartmann I. Ulrich I. habitait le château de Wirtenberg à Beutelsbach ; il est le vrai fondateur de la lignée de la Maison Württemberg. Par son premier mariage, avec Mechthild von Baden, en 1251, il hérite de la seigneurie de la ville de Stuttgart qui deviendra la capitale du comté de Wurtemberg en 1315.
Quelques remarques sur quelques-uns des von Württemberg (voir arbre ci-dessous) en relation avec nos familles alsaciennes :
Tôt, Ulrich III (vers 1291-1344) est associé au gouvernement et à l'administration du pays par son père le comte Eberhard I, notamment en 1317 avec le transfert de la capitale du comté à Stuttgart. En 1324, c’est lui qui procède à l’achat des seigneuries de Riquewihr (incluant celle d’Ostheim) et du comté de Horbourg, à ses neveux sans descendance.
Après la mort de son père le 5 juin 1325, Ulrich déplace les accents de la politique et recherche à nouveau l'alliance avec les ducs d'Autriche et avec les partisans des Habsbourg, qu'il avait encore combattus quelques mois auparavant. En guise de garantie, les ducs autrichiens lui ont donné en gage la moitié du château de Teck et de la ville de Kirchheim ainsi que la totalité du château et de la ville de Sigmaringen.
Ulrich III passe des traités d'assistance : en 1327 avec son beau-frère le comte Rudolf von Hohenberg et le margrave Rudolf von Baden-Pforzheim et en 1328 avec Hanemann von Lichtenberg en Alsace. Ces derniers ont servi à sécuriser la seigneurie de Horbourg, achetée en décembre 1324 pour 4 400 marks d'argent, le comté de Witckisau, la ville de Riquewihr (Reichenweiher), le château et le village voisin de Zellenberg ainsi que de petits fiefs épiscopaux strasbourgeois en Alsace. Comme le Haut-Évêché de Strasbourg revendiquait certains biens comme fiefs hérités et considérait donc l'achat comme nul et non avenu, le litige se termine par des négociations de conciliation en 1329, liées à la restitution de Zellenberg au Haut-Évêché.
Conformément au contrat conclu avec le comte Rudolf von Hohenberg en 1327, Ulrich doit partager l'administration du bailliage avec ce dernier jusqu'en 1335. Sur ordre de l'empereur Ludwig, Ulrich combat en 1330 en Alsace contre la maison d'Autriche et l'évêque de Strasbourg. Après la conclusion de la paix, le bailliage d'Alsace lui est confié en août 1330, mais il lui fut retiré dès 1331 au profit du comte Rodolphe de Hohenberg.
Armoiries du comte Ulrich III. avec l'étendard impérial (Reichssturmfahne) donné par l'empereur Ludwig IV. (1282-1347) suite à l'acquisition de Grüningen en 1336.
En 1336, il fait une acquisition exceptionnelle en achetant le château et la ville de Grüningen (aujourd’hui Markgröningen) à son parent Konrad von Schlüsselberg pour 6.000 livres. L'empereur Ludwig accorda à Ulrich III et à ses descendants le fief impérial de la ville et l'étendard impérial.
A son décès le 11 juillet 1344, le Wurtemberg était devenu la puissance la plus forte du nord de la Souabe, en rivalité avec les villes impériales, Stuttgart a acquis la fonction de centre administratif et de résidence du pays. En acquérant les possessions de la rive gauche du Rhin, dont celle en Alsace, il avait initié une nouvelle orientation régionale des souverains du Wurtemberg.
Sous le règne du comte Eberhard III. (1392-1417), suite à la promesse de mariage du futur comte Eberhard IV (1388-1419) avec Henriette de Montbéliard en 1397, le mariage en 1407 a permis l'acquisition du comté de Montbéliard (Mömpelgard en allemand) [2] qui sera vendu à la France en 1796. Eberhard IV est le premier de nos ascendants von Württemberg par sa fille Antonia (illégitime) avec sa maîtresse attitrée la comtesse Agnes von Dagersheim [4] . Et plus...
Le duc Ulrich VI von Württemberg (1487 à Riquewihr - 1550 à Tübingen) succède à son oncle Eberhard VI von Württemberg comme duc de Wurtemberg et comte de Montbéliard en 1498 : de 1534 à 1537, il introduit la Réforme de Luther et fait de son duché un territoire protestant, où il était le chef de l'Église protestante.
Il faut rappeler que la noblesse d'Alsace est une des plus anciennes et des plus illustres, parfois déjà avant la fondation du Saint-Empire qui a été une fédération avec un empereur élu depuis son origine en 962. Dès le XIe siècle, la famille von Württemberg a développé sa puissance politique au sein du Saint-Empire par l'acquisition d'importantes possessions, notamment le comté d'Urach en 1260, Tübingen en 1342, le comté de Calw en 1345, Teck en 1381 et 1495. Voir chapitre ci-dessous pour celles en Alsace et le comté de Montbéliard.
Arbre descendant de nos Sosa von Württemberg et la galerie de ceux qui ont régné sur le comté de Wurtemberg, auquel bien des possessions ont été ajoutées, notamment celles en Alsace et le comté de Montbéliard, en relation directe avec nos ascendants dans ces régions. Les données de ce tableau ont toutes des liens en relation avec l'Histoire de l'Allemagne et en particulier celle du Saint-Empire. Les comtes règnant ont un rectangle rouge (durée en date mentionnée en rouge sous le nom colonnes 1 et 2). Cliquez sur les noms et les statues pour elargir nos connaissances sur la famille ancestrale.
 | Arbre descendant d'Ulrich I. der Stifter à Eberhard III. der Milde - d'après © Landesarchiv Baden - Württemberg, présentation modifiée. |
Détails de notre ascendance von Württemberg
Tableau ascendant vers nos Sosa von Württemberg- liste établie le 18 avril 2022.
Hermann von WÜRTTEMBERG serait [3] un ancêtre à 25 G de Christian EMIG.
[3] |
 von WÜRTTEMBERG Hermann (-< 1236)
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? père de |
von WÜRTTEMBERG Ulrich I. (-1265)
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père de |
 von WÜRTTEMBERG Eberhard I. (1265-1325)
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père de |
 von WÜRTTEMBERG Ulrich III. (>1291-1344)
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père de |
 von WÜRTTEMBERG Eberhard II. (>1315-1392)
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père de |
 von WÜRTTEMBERG Ulrich (>1340-1388)
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père de |
 von WÜRTTEMBERG Eberhard III. (1364-1417) [5]
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père de |
 von WÜRTTEMBERG Eberhard IV. (1388-1419)
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père de |
 von DAGERSHEIM Antonia (1417-)
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mère de |
 LYHER Elisabeth Antonia (1442-1490) [4]
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père de |
 VOLLAND Caspar (1500-1554)
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père de |
 VOLLAND Anna (1538-<1577)
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mère de |
 FEHR Margaretha (1565-~1595)
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mère de |
 WEYRICH Maria Magdalena (~1585-1628)
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mère de |
 BINDER Hans David (1611-1681)
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père de |
 BINDER Hans Heinrich (1646-1718)
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père de |
 BINDER Johann David (1672-1712)
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père de |
 BINDER Maria Salome (1711-1751)
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mère de |
 KESSEL Johann Jacob (1745-1834)
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père de |
 KESSEL Johann Conrad (1787-1839)
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père de |
 KESSEL Anne Marie (1815-1880)
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mère de |
 WITTNER Anne Marie (1840-1933)
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mère de |
 EMIG Jean Charles (1865-1928)
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père de |
 EMIG Charles (1909-1970)
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père de |
EMIG Christian Charles Théodore (1941-)
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[ Sosa de Christian Emig : et ]
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Possessions en Haute-Alsace (1324-1796) et en Franche-Comté (1247-1793)
Avant même le fameux édit de 1555 du Augsburger Reichs- und Religionsfrieden de l'empereur Kart V. (en français Charles-Quint) avec sa célèbre formule Cuis regio, eius religio (tel prince, telle religion), les ducs von Württemberg avait introduit la Réforme (de Luther) sur leurs possessions de 1534 à 1537 (voir aussi le paragraphe Religions). Les conséquences notamment en généalogie vont durer jusqu'au cours du siècle dernier. En effet, les mariages se font principalement, voire exclusivement, entre sujets des possessions protestantes et surtout entre sujets des Wurtemberg. Elles expliquent les relations familiales entre la région colmarienne et Montbéliard. Ceci montre l'intérêt à connaître l'histoire des familles pour comprendre leurs alliances et déplacements.
Quand le comte Eberhard V. (1445-1496), petit-fils d'Eberhard IV, fut investi duc de Wurtemberg par la Diète de Worms en 1495, les terres wurtembergeoises situées en Souabe sont réunies en un duché d'Empire, mais les possessions alsaciennes (dont les seigneuries de Riquewihr et de Horbourg) et le comté de Montbéliard et ses seigneuries en sont excluses. Ces possessions deviendront françaises en 1796. Pour la Principauté de Montbéliard, elle est occupée par l'armée françaises dès 1793 en prenant le nom de Pays de Montbéliard, mais ne devient française que le 15 août 1796 par le traité de paix particulier signé avec la France par le duc Friedrich Eugen von Württemberg (1732-1797), puis ce sont les deux traités de Paris de 1814 et de 1815 qui lui donnent son statut français à part entière.
Le texte ci-dessous est largement copié des notes du Colmarien Loyson Armand Gaston François Xavier (1730-1798) et intitulé L'Alsace féodale 1632-1790 (vers 1790), publié par Rencker (1887) - avec ici des modifications et ajouts.
En Haute-Alsace
- Le comté de Horbourg
, composé de douze villages : Algosheim, Andolsheim, Appenwihr, Bischwihr, Durrenentzen, Fortschwihr, Horbourg, Muntzenheim, Sundhoffen, Vogelsheim, Wihr-en-plaine et Wolfgantzen) ;
- La seigneurie de Riquewihr
, contenant la petite ville de ce nom et trois villages : Hunawihr (Hunaweier), Beblenheim (Bebelnheim), Mittelwihr (Mittelweier).
- La seigneurie d'Ostheim, où l'on trouve trois villages: Ostheim
, Altenheim et Regenhausen (ces deux derniers aujourd'hui disparus) ;
- La partie de la seigneurie de Franquemont, qui est située à la droite du Doubs et qui consiste dans la moitié du village de Goumois, cinq censes et un hameau - aujourd'hui en Franche-Comté.
Carte des seigneuries et fiefs de la maison de Wurtemberg en Haute Alsace. Le fief de Pulversheim situé au Nord de Mulhouse n'est pas figuré. Localisation sur la carte du comté de Wurtemberg ci-dessus.
Les trois premières terres sont de très anciens francsalleux qu'Ulrich III. von Würtemberg acquis en 1324 et elles resteront dans la maison de Wurtemberg jusqu'en 1796 ; elles furent comprises dans la transaction de Myasingen, et dans les autres pactes de famille de la maison de Wurtemberg qui ont eu pour objet l'inaliénabilité des terres et domaines qu'elle possède à quelque titre que ce soit.
Dans les partages fréquents que les princes de Wurtemberg firent entre eux de leurs possessions, le comté de Horbourg et ses dépendances ont toujours été placés dans le lot des branches cadettes, conjointement avec le comté de Montbéliard et les sept seigneuries de Franche-Comté qui en forment l'arrondissement.
La dernière branche de Montbéliard s'étant éteinte en 1723, le Roi mit en séquestre le comté de Horbourg et les sept seigneuries franc-comtoises, en attendant la décision du procès qui s'était élevé entre les enfants du dernier duc, Léopold Eberard, et les agnats de la branche d'Allemagne.
Les enfants de Montbéliard ayant été, par un arrêt du Conseil aulique de l'Empereur et de l'Empire, déclarés inhabiles à succéder dans le comté de Montbéliard, et le vice de leur naissance ayant aussi été reconnu en France, Louis XV restitua au duc de Wurtemberg, par une convention signée le 10 mai 1748, toutes les possessions de sa maison qui sont situées sous la domination française, avec promesse de le maintenir dans la jouissance de tous les droits et revenus dont ses prédécesseurs avaient joui.
Cet engagement était conforme aux stipulations claires et précises de l'article 32 du traité de Westphalie et de l'article 13 du traité de Ryswick, confirmés par ceux de Bade et de Vienne. Le duc de Wurtemberg s'obligea, de son côté, de reconnaître la souveraineté du Roi sur ses terres d'Alsace et de Franche-Comté, et de ne point recourir à l'Empereur et à l'Empire touchant la manière de les posséder.
La convention de 1748, en dérogeant aux traités de Westphalie, de Ryswick, de Bade et de Vienne, est donc devenue le titre essentiel et péremptoire de la possession du duc, en faisant marcher de front la souveraineté du Roi et la conservation des droits de la Sérénissime maison de Wurtemberg.
Ces droits ont été réglés et confirmés par des lettres-patentes particulières données en juin 1768; elles renferment entre autres :
- 1° La confirmation de l'ancienne Cour féodale du comté de Horbourg ;
- 2° La faculté de réunir au domaine du prince les fiefs vacants ;
- 3° Le droit de déshérence, amendes, etc.
La maison de Wurtemberg a eu en Alsace plusieurs vassaux. Les fiefs qui relèvent de sa directe se sont modifiés au cours des siècles ; ils sont les suivants :
- Sundhouse, fief oblat et immatriculé au directoire, appartenant à la famille de Wurmser ;
- Kunheim et Bösen (terr. Muntzenheim et Appenwihr), Biesheim, immatriculé, appartenant à la maison de Rathsamhausen ;
- Pulversheim, arrière-fief du comté de Ribeaupierre, appartenant aujourd'hui au comte de Forbach - ce fief se situe dans la banlieue Nord de Mulhouse (hors carte) ;
- Le château de Hohenhattstatt, appartenant aux barons de Truchsess, de Rheinfeld . il n'en subsiste qu'un pan de mur aux dimensions métriques ;
- Baldenheim et Ober-Rathsamhausen, aux héritiers de la maison de Sandersleben-Coligny (fut un fief féminin, à Mme de Waldner).
 Riquewihr vers 1650. - Dessin de Matthäus Merian, in Zeiller (1663). [Cliquez sur l'images pour agrandir]
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 Horbourg vers 1600. - Lithographie de F. X. Sailé (in Foltz, 1887) du château des Wurtemberg après la restauration en 1594 ; il est détruit par Turenne en 1675 sur ordre de Louis XIV.
Il a été modelisé en 3D par Cartier (2020). |
En Franche-Comté :
Il faut rappeler que, jusqu’en 1871, l’actuel département « Territoire de Belfort » était partie intégrante de l’Alsace, puis il fut rattaché à la Franche-Comté. Voir le Lion de Belfort . C'est aussi en grande partie à l'héroïque défense de Belfort lors de la guerre de 1870-71 que le Pays de Montbéliard a éviter une annexsion allemande.
D’après le testament du 31 octobre 1397 par Etienne de Montfaucon (1367-1397), dernier comte de Montbéliard, les possessions dont hérite Henriette d'Orbe-Montfaucon qui épousera Eberhard IV von Württemberg en 1407, sont les suivantes :
Carte du comté de Montbéliard et des autres seigneuries (7 voir texte) et celle de Franquemont. Le fond de carte est un extrait de la carte de 1616 de Heinrich Schickhard (1558-1635). Localisation sur la carte du comté de Wurtemberg ci-dessus.
- Comté de Montbéliard - incluant les seigneuries d’Etobon et de Bélieu.
- Les Quatre Seigneuries ou Quatre Terres qui seront intégrées au comté de Montbeliard en 1561 et annexées par la France en 1748, avec l'assentiment de Karl II. von Württemberg, et soumise à l'Eglise catholique :
- Blamont en 1506
- Châtelot en 1561
- Clémont en 1561
- Héricourt en 1561
- Les seigneuries franc-comtoises et fiefs du comté de Bourgogne, qu’Henriette d’Orbe-Montfaucon administre de droit régalien, en vertu de l'héritage qu'elle tient d'Étienne de Montfaucon, son grand-père, et par l'hommage qu'elle rendit elle-même au duc de Bourgogne Jean sans Peur.
- Seigneurie (baronnie) de Granges (-du-Bourg), intégrée au royaume de France au XVIIe siècle (vers 1674).
- Seigneurie de Clerval
- Seigneurie de Passavant
- Seigneurie de Franquemont
- Fief de la Roche Saint-Hippolyte avec droits de souveraineté.
- Fief de Pruntrut (Evêché de Bâle).
- Fief de Porrentruy, racheté par le prince-évêque de Bâle (Suisse) en 1461.
Tout en devenant terre du Saint-Empire romain, le comté de Montbéliard a conservé tous ses droits, ses us et coutumes, ainsi que sa langue romanophone comme il était de coutume dans le vaste Empire. Néanmoins, le nom Montbéliard fut germinanisé (et écorné !) en Mömpelgard, 1431 - Mumpelgarten, 1464 - Mümppellgart, 1495 - Mümpelgart, 1603 et finalement en Mömpelgart.
Comté de Monbéliard et sept seigneuries
La branche de Franquemont en Franche-Comté est liée avec les Wurtemberg par Henriette d'Orbe-Montfaucon, comtesse et héritière de Montbéliard : en 1407, elle épouse Eberhard IV. (1388-1419), comte de Wurtemberg. Leur fils Ludwig I. (1412-1450) est comte von Württemberg et comte de Mömpelgard [Montbéliard], réunissant les armoiries de son père avec celles de sa mère (blason Montfaucon) [2]. Depuis la maison Wurtemberg possède le comté de Montbéliard et ce jusqu'à 1793 (officiellement 1796). À ce comté s'ajoute sept seigneuries dont trois en Franche-Comté.
Sous l'impulsion du comte Georg von Württemberg, vers 1536, le luthérianisme s’impose dans le comté de Montbéliard, auquel son frère le duc Ulrich VI a cédé ses terres montbéliardaises sous la condition de les soumettre au luthérianisme. Dès 1538, le culte catholique est interdit à Montbéliard, où les biens ecclésiastiques passent sous le contrôle du comte, ainsi que les revenus pour salarier les pasteurs et les maîtres d’école. En 1543, l’ordonnance ecclésiastique du Wurtemberg est publiée dans le Pays de Montbéliard. En 1586, en lien avec Henri de Navarre, il accueille le Colloque de Montbéliard, tentative de rapprochement des églises calviniste et luthérienne et la volonté de parvenir à un compromis susceptible d’établir une unité doctrinaire et politique face au catholicisme. Montbéliard devient ainsi une citadelle de la Réforme, isolée au milieu de terres catholiques, en application de la paix d'Augsbourg de 1555 dont l'édit « cujus regio, ejus religio » (« tel prince, telle religion ») qui s'applique au comté, considéré comme terre d'Empire. L'école publique y est mise en place dès 1540 (voir Remarque ).
En 1597, le comté de Montbéliard et ses dépendances sont érigés en Principauté de Montbéliard par l'empereur Rudolf II. (1552-1612). Les Wurtemberg par leurs possessions francomtoises et alsaciennes vont jouer un rôle important dans le dévelopement des forges et la métallurgie à partir de la fin du XVIe siècle, dans la Porte de Bourgogne : une partie intégrante du Saint-Empire, principalement composés de possessions des Habsbourg, des Wurtemberg et de seigneuries éclésiatiques (voir Estienne, 2023, Fig. 1). Ce développement se fait à travers de nombreuses vicissitudes politiques, religieuses et géographiques. À cette époque, un acteur central fut Gaspard Barbaud (1613-1694) [6], un luthérien inconditionnel, entrepreneur de forges, aussi banquier du duc de Wurtemberg ; il obtient ses lettres de noblesse du roi Louis XIV, devenant seigneur de Grandvillars et de Florimont.
Dans les partages fréquents que les princes de Wurtemberg firent entre eux de leurs possessions, le comté de Horbourg et ses dépendances ont toujours été placés dans le lot des branches cadettes, conjointement avec le comté de Montbéliard et les sept seigneuries de Franche-Comté qui en forment l'arrondissement.
Ville de Montbéliard, vue du Sud, au début du XVIIe siècle par Matthäus Merian (1663).
On ne fait ici mention des sept seigneuries que la maison de Wurtemberg relève du comté de Bourgogne, observer que les trois seigneuries de Granges, Clerval et Passavant ont toujours dépendu de la souveraineté des maîtres de la Franche-Comté ; mais que la maison de Wurtemberg s'est mise, depuis la fin du XVIe siècle, en possession de la supériorité territoriale des quatre seigneuries de Blamont, Héricourt, Chatelot et Clémont, qu'elle en a joui à l'époque de la paix de Westphalie ; que la réunion de ces quatre seigneuries fut prononcée en 1680 par un arrêt du Parlement de Besançon ; que la paix de Ryswick, sans définir le fond de la question, ordonna que la maison de Wurtemberg conserverait dans ces terres la jouissance la plus absolue de ses anciens revenus ; qu'elles furent englobées dans le séquestre de 1723 et restituées par la convention de 1748 aux mêmes clauses et conditions que le comté de Horbourg ; que les droits ecclésiastiques de la maison de Wurtemberg y ont été réglés par des lettres-patentes de 1750, lesquelles ont été rendues illusoires par la contradiction du Parlement de Besançon ; que le traité des limites de 1786 a défini assez superficiellement les revenus du duc, et que la publication des lettres-patentes relatives à cet objet et aux droits religieux des protestants a été empêchée par la révolution. On a lieu de croire que sans cet événement, les quatre seigneuries auraient été réunies à l'Alsace.
La dernière branche de Montbéliard s'étant éteinte en 1723, le Roi mit en séquestre le comté de Horbourg et les sept seigneuries franc-comtoises, en attendant la décision du procès qui s'était élevé entre les enfants du dernier duc, Léopold Eberard, et les agnats de la branche d'Allemagne.
Les enfants de Montbéliard ayant été, par un arrêt du Conseil aulique de l'Empereur et de l'Empire, déclarés inhabiles à succéder dans le comté de Montbéliard, et le vice de leur naissance ayant aussi été reconnu en France, Louis XV restitua au duc de Wurtemberg, par une convention signée le 10 mai 1748, toutes les possessions de sa maison qui sont situées sous la domination française, avec promesse de le maintenir dans la jouissance de tous les droits et revenus dont ses prédécesseurs avaient joui.
Cet engagement était conforme aux stipulations claires et précises de l'article 32 du traité de Westphalie et de l'article 13 du traité de Ryswick, confirmés par ceux de Bade et de Vienne. Le duc de Wurtemberg s'obligea, de son côté, de reconnaître la souveraineté du Roi sur ses terres d'Alsace et de Franche-Comté, et de ne point recourir à l'Empereur et à l'Empire touchant la manière de les posséder.
Seigneurie de Franquemont
Au Moyen Âge, Franquemont est une seigneurie située sur les deux rives du Doubs, lesquelles sont dominées par le château de Franquemont. La seigneurie comprend alors les rives du Theusseret jusqu’au Moulin du Plain, le vallon, les moulins, les hameaux et villages de Gourgouton, Montbaron, Vautenaivre, Beaujour et Goumois. Elle relève de la principauté de Bâle (Suisse).
En 1247, Thierry III, Comte de Montbéliard, acquit du prieuré de Lanthenans le village de Goumois et encore quelques propriétés sur les rives. En 1304, son successeur, Renaud de Bourgogne, la passa, avec ses autres dépendances à son cousin Gauthier II de Montfaucon, premier seigneur de Franquemont. Gauthier érigea un château sur les débris d’une ancienne forteresse romaine, sur l'arête qui sépare le hameau de Belfond et le Doubs. Après la mort de son fils Jean, la seigneurie et le château passèrent de nouveau aux mains des comtes de Montbéliard ; ils sont érigés en baronnie souveraine en 1538 par l’empereur Charles Quint. Après bien des vissicitudes, la maison de Wurtemberg, du rameau de Montbéliard, y ayant constamment exercé tous les droits de souveraineté, a été maintenue dans ses droits par une transaction sur procès, conclue en 1657. La suzeraineté était contestée entre le prince-évêque de Bâle et les ducs de Wurtemberg, comtes de Montbéliard. De ces rivalités finalement résulta la destruction du château en 1677 par le prince-évêque de Bâle.
Le Prince-Evêque de Bâle en cédant au Roi de France Louis XVI, par le Traité de Versailles du 11 juillet 1780, signé entre eux deux, les droits quelconques appartenant à son église, dans la partie de Franquemont qui s'étend sur la rive droite du Doubs, stipula expressément le maintien et la conservation des droits et revenus de la maison de Wurtemberg, conformément à la dite transaction et à d'anciennes observances, et le Roi les confirma spécialement par des lettres-patentes données en 1783. Il a été convenu que le Doubs servirait de frontière entre les deux pays.
La seigneurie de Franquemont en deçà du Doubs, quoique située dans toute sa longueur, sur les confins de la Suisse et de la Franche-Comté, fut unie, à la demande du duc de Wurtemberg, à la province d'Alsace, mais l'Assemblée nationale vient de l'incorporer au département du Doubs, en Franche-Comté.
La Révolution française (1789-1799), marquant la fin du droit féodal, a finalement aboli la seigneurie de Franquemont quand l’évêché de Bâle fut annexé à la France en 1792 et en 1793 la principauté des évêques de Bâle a été dissoute. En 1793, la maison de Wurtemberg cède ses possessions franc-comtoises à la France.
En 1815, par le Traité de Vienne, la partie suisse de cette ancienne baronnie forma la commune de Goumois en Suisse (canton du Jura), aujourd’hui fusionné avec la commune de Saignelégier, la partie française la commune de Goumois (F-25470) dans le département du Doubs.
Remarque :
Au sujet de l'instruction populaire dans le duché de Wurtemberg (protestant luthérien), comme dans l'Ordonnance de 1560 : « Comme il est non seulement du devoir des parents, mais aussi de bonne police et du bien de l'église que les enfants assistent régulièrement et avec assiduité aux leçons de l'école, il est enjoint aux pères et aux mères, sous peine d'amende, de les y envoyer dès qu'ils sont en état d'en recueillir quelque fruit, et expressément interdit de les en retirer avant que le ministre n'y ait été consentant. Les parents dont les enfants s'absenteront sans motif valable ou excuse suffisante livreront leur contingent, c'est-à-dire qu'ils paieront la rétribution scolaire comme si ces derniers avaient été présents. » Rappelons que, chez les protestants, la lecture de la Bible étant une pratique quotidienne, savoir lire est indispensable. Bien des amélioration y seront ultérieurement apporté par les ducs von Württemberg notamment en 1637 et 1724.
Notes :
[1] Chlodwig I. (466-511) [Clovis en français] fut leur roi avant de devenir celui de tous les francs qui parlaient le vieux-francique (Altfränkisch), une protolangue qui deviendra rapidement minoritaire au sein des dialectes franciques. L’origine des Württemberg est à rechercher dans l’entourage de la maison impériale salienne.
[2] Eberhard IV. épouse en 1407 la comtesse Henriette d'Orbe-Montfaucon, dernière héritière du comté de Monbéliard (Mömpelgard en allemand) ; leur fils Ludwig I. (1412-1450) sera comte von Württemberg et aussi comte de Mömpelgard, avec les armoiries de son père et de sa mère (blason Montfaucon). Son écu blasonne : écartelé, au 1 et 4 d'or, à trois demi ramures de cerf de sable et au 2 et 3 de gueules aux deux bars [ou barbeaux] adossés en pal d'or - voir ci-contre et l'original est ci-dessus dans le tableau. Ces armoiries ont été adoptées par la branche Württemberg-Urach en 1473.
Ces deux possessions resteront étroitement unies pendant plus de quatre siècles, et aussi avec les possessions alsaciennes. Les relations et échanges se poursuivent jusqu'à aujourd'hui, six siècles plus tard !
[3] Selon les dernières recherches historiques, nos ascendants von Württemberg sont attestés jusqu'à Ulrich I. dont le père est probablement Hermann, mais sans preuve documentée à ce jour.
[4] L'épouse Elisabeth Antonia Lyher (1442-1490) est une petite-fille illégitime du comte Eberhard IV von Württemberg, dont l'arrière arrière grand-père Ulrich von Württemberg a acheté les seigneuries de Riquewihr et de Horbourg à ses neveux. Elle et ses ascendants sont de nos Sosa !
[5] L'épouse Antonia Visconti (1360-1402) est la fille de l'aristocrate Bernabò Visconti (1323-1385), seigneur de Milan, fief du Saint Empire. Elle et ses ascendants sont de nos Sosa !
[6] La généalogie de Gaspard Barbaud a révélé une parenté (par alliance) avec les familles Cuvier et Mequillet. En effet, Gaspard a fait sa scolarité à Héricourt avec le maître d'école Jacques Cuvier, aussi diacre et futur pasteur et époux en première noces de Lucie Barbaud, la tante de Gaspard.
Références
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