Les fermes au lieu dit les Gouttes (montbéliard et exincourt)
Le lieu dit les Gouttes a parfois conduit à des erreurs d'attribution communale dans les recherches généalogiques. En effet, ce lieu est divisé entre les bans de Montbéliard et d'Exincourt (voir cartes ci-contre). A voir la liste dressée en 1793 qui n'indique pas d'anabaptistes aux Gouttes mais à Exincourt - manifestement une erreur.
D'après les données cadastrales, une seule ferme est mentionnée aux Gouttes, celle sise sur le ban de Montbéliard et ce n'est qu'à partir de 1834 que trois fermes ont été construites par Jean Graber. D'après le cadastre de Montbéliard (1812), la première ferme, construite en 1834, pourrait bien intégrée une partie de la ferme originelle (voir carte 2012). À partir de la construction de la dernière ferme en 1842, sur le ban d'Exincourt, la mention du lieu permet de discriminer entre cette ferme et les deux autres.
Le lieu Les Gouttes étant situé sur une colline, en allant vers l'Est, le quartier d'Exincourt en contrebas s'appelle Pied d'Egouttes.
Le toponyme roman Goutte est attesté dans le Massif
des Vosges : en franc-comtois, ou langue comtoise dans la partie méridionale du département des Vosges, dans celui du Territoire de Belfort , de la Haute-Saône, du Doubs ; et, aussi en langue francoprovençale (Suisse française). La gote ou gotte désigne un filet d'eau ou petite source, des petits affluents, du ruisselet temporaire, jusqu'au petit torrent permanent. Il est issu du latin gutta « goutte d'un liquide, petite partie de quelque chose ». Francisé, il est devenu Goutte un toponyme courant dans cette région.
Ulrich Frey, né en 1684 à Röthenbach (Emmental, Canton de Berne), arrive à Montbéliard vers 1719, avec son épouse Anna Schürch, née dans la commune voisine d’Eggiwil en 1679 ; tous les deux sont des Täufer (anabaptistes). Leur fille Anna Frey (1709-1779) épouse Jacob Roth qui est fermier aux Gouttes depuis environ 1727. La ferme aujourd’hui disparue était sise sur le ban de Montbéliard (voir carte ci-contre 1786 et 1812). La présence de Jacob Roth à la ferme est attestée par un extrait du livre de Mathiot & Boigeol (1969)
Les parents d'Anna décèderont dans cette ferme, respectivement en 1776 et en 1779.
Les quatre enfants de Jacob et Anna sont nés dans la ferme :
- Johannes Roth (1743-1802) quitte la ferme pour le Sundgau où il se marie, d'abord avec Verena Kauffmann (1745-1769) à Leymen en 1762 (quatre enfants), puis avec Freni Stuckli en 1788 (8 enfants). Il décède à Dornach (aujourd'hui une banlieue de Mulhouse). On trouve dans les registres de l'église mennonite de Montbéliard, en 1750, une référence à Johannes Roth, le mentionnant d'abord aux Gouttes et ensuite à Exincourt.
Plusieurs de leurs enfants naîtront à la ferme des Gouttes, notamment :
- Jacob Roth (1765-1822) qui se marie à Montbéliard avec Anna Liechty (1766-1824). Leur ainée, Catherine, nait à la ferme des Gouttes et les suivants à Hirsingue, Carspach et enfin à la ferme Saint-Georges près d'Ensisheim.
- Nicolas Roth (1788-1834) ; après sa mort, sa femme Veronica Zimmermann (1789-1878) émigre en 1837 avec les enfants aux USA dans l'Illinois. Et plus...
- Maria Roth (1747-1824) épouse Christian Graber (1746-1808). Ils vivent à la ferme et ont 9 enfants, puis ils émigrent dans la région de Wlodawa (après 1785 - aujourd'hui cette région se partage entre la Pologne, l'Ukraine et le Bélarus) et y décèdent, respectivement à Edwardsdorf (Ukraine) et à Urzulin (Pologne). Les informations données par les sites mennonites américains sont confus par ignorance de l'évolution de l'histoire des pays d'Europe et de la compléxité de la généalogie anabaptiste en Alsace. Il reste à faire !
- Jacob Roth (1750-1802) vit à la ferme, il épouse en 1769 Catherine Kraibuhl (1750-1813) à Montbéliard : leurs 5 enfants naissent aux Gouttes. Les parents y décèdent. Parmi les enfants, un seul, Peter (1782-1845), reste à la ferme. Il se marie en 1809 avec Marie Eicher (1785-1843) et leurs enfants y naissent.
- Christian Roth (né en 1753) se marie à Sevenans (90) vers 1780 avec Maria Kerique/Gerig (=Schürch) (1755-1799) (6 enfants), puis en secondes noces à Sevenans en 1801 avec Elisabeth Chade.
Que s'est-il passé au début des années 1800 ?
Le domaine est repris par Jean GRABER (*), né en 1787 à Couthenans et décédé en 1862 aux Gouttes, marié à Catherine Ritschart [devenu Richard] (1787-1858) en 1807 à Couthenans : il arrive à la ferme des Gouttes entre 1815 (leur fille Catherine est encore née à Couthenans) et 1818 (naissance de leur fille Marie aux Gouttes). Selon les dires de ses descendants, Jean a construit les trois fermes (voir carte 2012 ci-contre), dont seule la ferme B (1838) appartient encore à la famille. La première (A) a été racheté récemment par la ville de Montbéliard pour en faire un centre (voir ci-contre), ce qui a conduit à la démolition de la chapelle mennonite. La troisième (C) a été vendue et est aujourd'hui un gîte proposant des chambres d'hôtes.
Note : au XVIIIe siècle, la famille Graber est rencontrée dans près de la moitié des fermes du Clos du Doubs ayant accueilli des anabaptistes.
Nous nous limitons ici à la lignée directe en relation avec des Roth aux Gouttes (Monbéliard / Exincourt), tant sont nombreux les descendants des deux familles, tant sont multiples les mariages et remariages. L’ancêtre Peter Graber est né vers 1681 à Huttwill (Emmental, canton de Berne, Suisse), d’où il est chassé en tant que Taufer (anabaptiste) et est venu s’installer à Jebsheim (Alsace). Son fils Johann (1707-1779) sera expulsé par l’édit de Louis XIV et est venu à Couthenans.
La troisième ferme (C) construite en 1842
Quelques autres références :
Groupement d'échanges et d'études hommes et terroirs (2004). Fermes et familles anabaptistes au Clos du Doubs. GHETE Au Clos du Doubs, 103 p.
Kalyntschuk M. (2006). Agriculture et religion au 19e siècle. L’exemple des anabaptistes-mennonites du pays de Montbéliard (Doubs). Ruralia, 18/19, 11 p. [en ligne].
Kalyntschuk M. (2008). Entre représentation et réalité : les anabaptistes-mennonites et l’agriculture dans le pays de Montbéliard au XIXe siècle In : Du ciel à la terre : Clergé et agriculture, XVIe-XIXe siècle. Presses universitaires de Rennes, p. 213-224.
Mathiot C. & R. Boigeol (1969). Recherches historiques sur les anabaptistes: de l'ancienne principauté de Montbéliard, d'Alsace et du territoire de Belfort. Essais sur l'histoire du protestantisme français, Collection spéciale: CER, Éd. Le Phare, vol. 5, 479 p.
Séguy J. (1969). Religion et réussite agricole. La vie professionnelle des Anabaptistes français du XVIIe au XIXe siècle. Archives des Sciences sociales des Religions, 8 (28), p. 93-13.
Séguy J. (1977). Les assemblées anabaptistes-mennonites de France. Collection Sociétés, mouvements sociaux et idéologies. Études, Vol. 17, 904 p.
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[Cliquez sur les cartes pour plus]
Localisation de la ferme des Gouttes en 1812 (cadastre napoléonien) - détruite depuis.
Les fermes actuelles des Gouttes avec leur date de construction.
La première ferme (A) construite en 1834
(*) Joseph GRABER (1840-1923) de Couthenans, le neuveu de Jean GRABER et fils du frère de ce dernier, Pierre (1791-1849), est célèbre dans le monde, car c'est lui qui a nommé la fameuse race bovine MONTBÉLIARDE...
À lire sa généalogie et l'origine de la race Montbéliarde  .
Et aussi...
Emig C. C. (2014). Généalogie Graber en Franche-Comté. Nouveaux eCrits scientifiques, NeCs_02-2014, p. 1-10 - ou - 
- 1. Historique des Graber de Huttwil (CH-Emmental) aux Gouttes (F-Montbéliard)
- 2. Joseph Graber (1840-1923) et la race bovine montbéliarde (F-Couthenans)
Emig C. C. (2018). Descendants d'Anna Schürch en Franche-Comté et en Alsace. Nouveaux eCrits Scientifiques,, 01-2018, 48 p. [en ligne] - 2e éd.
Liens cordiaux vers notre site par les "Locavores"
(sur http://ptitevietranquille.jimdo.com/)
Et des informations et liens sur de devenir de la ferme A :
Remerciements : Sans la rencontre fortuite aux Gouttes de Jean Métille (1930-2023) et de sa voisine Lina Hirschy, tous deux descendants des Graber ayant construit ces fermes, cette page n'aurait pu être rédigée. Avec mes plus cordiales pensées aux deux familles pour leur accueil et aide.
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